Monaco-Matin

Polémique toujours aussi vive autour du téléphériq­ue

Inquiétude­s au Conseil national, colère au Conseil communal, le projet de constructi­on d’une télécabine reliant le Jardin exotique au Rocher questionne dans les assemblées du pays

- CEDRIC VERANY cverany@monacomati­n.mc

Relier le Jardin exotique au Rocher, en passant par Fontvieill­e en télécabine et en quelques minutes. L’idée peut paraître folle mais le projet bien réel. Oui mais voilà, l’opération de création d’un téléphériq­ue pour servir de transport en commun à l’entrée Ouest de la Principaut­é, mise sur les rails et annoncée à plusieurs reprises par le gouverneme­nt, provoque des frictions. Sur la forme d’abord. Après une première salve le 29 novembre, la mairie a remis le couvert hier. En conseil communal, les élus ont tancé une fois encore le gouverneme­nt, reprochant n’avoir aucune informatio­n officielle sur le dossier. « Le gouverneme­nt applique la loi à la lettre certes, mais ne veut pas organiser une présentati­on détaillée de ce projet au conseil communal alors qu’il aurait un impact sur le Jardin exotique, qui est notre domaine. Je ne comprends pas leur position », souffle le maire.

«Ondiranon»

Une attitude « scandaleus­e » dixit Nicolas Croési. « On ne peut pas être tenu à l’écart du montage de ce projet. Le Jardin exotique est un établissem­ent communal, la logique voudrait que l’on puisse exprimer nos besoins. Surtout lorsqu’on entend que le futur bâtiment recouvrira­it quasiment la première partie du Jardin exotique ». Colère aussi d’André J.Campana. « Le Jardin a une valeur patrimonia­le. Le gouverneme­nt veut agir dans une propriété qui ne lui appartient pas. Si le projet ne nous convient pas, on dira non ». Des propos qui sonnent en écho aux débats la veille – jeudi soir – au Conseil national, où des élus ont aussi porté le dossier des télécabine­s dans la discussion publique. Partageant des avis divers sur le fond de cette opération. Si Jacques Rit plaide pour « attendre les résultats d’une étude globale d’impact », Philippe Clerissi parle d’un «élément novateur» . Et Jean-Louis Grinda y voit un projet important. « J’apporte mon entier soutien au téléphériq­ue, pas sur l’aspect esthétique mais sur le principe de mobilité douce. C’est un projet qui va déranger car il est nouveau, mais nous ne sommes pas contraints de le faire aller jusqu’au Rocher ». Pour Marie-Pierre Gramaglia, conseiller de gouverneme­nt-ministre pour l’Équipement, l’Urbanisme et l’Environnem­ent, cette télécabine se veut cruciale pour le réaménagem­ent de l’Ouest de la Principaut­é. « Nous avons un accord de principe sur le projet luimême pour avancer dans les études, notamment pour permettre, à la livraison du parking de dissuasion du Jardin exotique, en 2022, de descendre les usagers avec cette télécabine. Ce parking aura des tarifs très attractifs pour inciter les gens à se garer. Le but étant d’empêcher les véhicules d’entrer en Principaut­é », explique-t-elle.

Aucune décision avant  ?

Et pourquoi pas développer plutôt un téléphériq­ue qui partirait de La Turbie questionne Caroline Rougaignon-Vernin ? «Ilyaune volonté, un alignement des planètes. Je suis sûre que la région et le départemen­t voisin seraient prêts à nous aider. Il faut poursuivre les discussion­s intensémen­t », plaide l’élue qui imagine un parking de dissuasion à La Turbie et les usagers transporté­s dans les airs. Une solution sur laquelle Marie-Pierre Gramaglia s’est montrée plus réservée, avançant « des problèmes de survol de terrains privés. Mais une étude d’une télécabine entre La Brasca et l’îlot Charles-III est à la réflexion ». Sur le sujet, le ministre d’État, premier a avoir annoncé le projet, avait déjà tempéré, mardi soir, les esprits échauffés sur la question, repassant ce projet au conditionn­el. «Ce projet n’est pour l’instant qu’à l’état d’étude et les crédits inscrits au budget primitif 2018 sont uniquement des crédits d’étude. Le gouverneme­nt n’a pas encore finalisé son analyse, tant en termes économique­s que de mobilité. Une fois cette analyse achevée, il veillera à communique­r les éléments nécessaire­s au Conseil national et à la mairie. Celle-ci sera bien évidemment partie prenante dans ce projet, puisqu’une partie du terrain envisagé relève du domaine public communal. Aucune décision définitive ne devrait intervenir avant l’examen du budget primitif 2019 ». Mais l’opinion publique est lancée…

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(Photo Cyril Dodergny) Des téléphériq­ues décolleron­t-ils un jour du Jardin exotique pour rejoindre, par les airs, le Rocher ? En mairie, pour l’heure, le projet contrarie.

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