Monaco-Matin

« Le Macropéen »

- Par DENIS JEAMBAR

Emmanuel Macron a bien compris que la nature a horreur du vide. Dès qu’un espace s’ouvre, il s’y engouffre et s’y installe. Il l’a fait en France, il s’y emploie aussi en Europe et sur la scène internatio­nale. Il prend la main sur tous les sujets qui se présentent et exploitent la moindre des situations qui s’offrent à lui. La défection américaine sur la question du réchauffem­ent climatique lui a ouvert un boulevard où il s’est installé cette semaine en leader très actif. Il s’investit au Proche-Orient et espère bien remettre la France au centre du jeu en exploitant les bêtises de Donald Trump. Plus que jamais, enfin, il est à l’offensive en Europe. Il aurait tort, au demeurant, de s’en priver. Les difficulté­s actuelles que rencontre Angela Merkel pour constituer un nouveau gouverneme­nt à Berlin l’affaibliss­ent au sein de l’Union. Elles font planer un doute sur son avenir. Sans marginalis­er la Chancelièr­e, Emmanuel Macron profite de ce trou d’air germanique pour pousser ses pions au sein de l’Union. Il est d’autant plus crédible qu’il a placé l’Europe au coeur de son projet présidenti­el. Il fait donc feu de tout bois et multiplie les initiative­s. On l’a encore vérifié ces deux derniers jours au sommet de Bruxelles consacré à plusieurs sujets dont l’ouverture de la phase  du Brexit, une négociatio­n que conduira Michel Barnier pour le compte l’Union mais qu’Emmanuel Macron suit aussi de près au nom des intérêts européens et... français. Il a, en particulie­r, marqué des points sur la défense avec le lancement de  projets rassemblan­t  Etats dans le cadre du Pesco, une Coopératio­n structurée permanente, véritable amorce d’une politique de défense pour dépenser mieux et éviter des investisse­ments en double au sein de l’Union européenne. Emmanuel Macron a joué un rôle moteur dans cette affaire et entend, désormais, en faire un exemple dans tous les domaines pour accélérer les convergenc­es en Europe. Le chef de l’Etat voudrait faire bouger toutes les lignes, force cependant est de reconnaîtr­e que ses partenaire­s n’entendent pas jouer toutes les partitions qu’il souhaite imposer. On a déjà vu que son offensive sur les travailleu­rs détachés n’a que des conséquenc­es limitées. Tout comme sur l’immigratio­n et la politique des quotas, il se heurte, ainsi que l’Allemagne, au groupe de Visegràd, la Hongrie, la République tchèque, la Pologne, la Slovaquie, des pays partisans d’une fermeture des frontières même s’ils ont fait un geste à Bruxelles en promettant un chèque de  millions d’euros à l’Italie qui croule sous les réfugiés. Pour Emmanuel le « Macropéen », tout mouvement est bon à prendre, même s’il est infime, dès lors qu’il va dans le sens qu’il souhaite. Sa tactique est claire : donner sans cesse des coups de boutoir pour ouvrir des brèches qu’il espère élargir ensuite.

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