Rentrer chez soi juste après l’opération pour mieux récupérer Actu
La RAAC, récupération améliorée après chirurgie, est un concept selon lequel le patient regagne rapidement son domicile. Une belle idée, mais une mise en oeuvre complexe
Remettre sur pied le patient le plus rapidement possible pour lui permettre de regagner son domicile. C’est là tout le défi de la RAAC. Comprendre la Réhabilitation améliorée après chirurgie. Dans la même veine que le virage ambulatoire, ce concept fait figure d’atout, tant pour le malade que pour l’établissement hospitalier. Le premier sera plus vite rétabli (et mieux puisqu’il sera plus à l’aise dans le confort de son domicile). Le second pourra, quant à lui, disposer plus rapidement d’un lit et les soignants pourront se consacrer à d’autres patients. Sur le papier, la RAAC semble donc aussi logique que pratique. Pourtant sa mise en oeuvre demande de (gros) ajustements. « La RAAC a été lancée dans les années 1990 au Danemark par le Pr Kehlet en chirurgie digestive. Il a constaté qu’elle permettait de réduire la durée du séjour post-opératoire mais aussi les éventuelles complications. Elle est arrivée en France récemment, d’abord dans les cliniques qui ont impulsé le mouvement », indique le Dr Henry Boret, anesthésiste et président de la commission de la RAAC à l’hôpital Sainte-Musse de Toulon. Ce dernier, comme sa fonction l’indique, s’est lancé dans le projet de l’implanter au sein de l’établissement varois.
Réorganiser les procédures
« Adopter ce concept n’est pas chose facile, tant les ajustements préalables sont nombreux. Il y a trois phases dans le processus. La première, avant l’opération, consiste notamment à informer le patient. Toutes les interventions chirurgicales ne se prêtent pas à la récupération améliorée après chirurgie.
Ce dernier doit être d’accord et volontaire. La deuxième, pendant l’intervention, demande des aménagements, surtout en termes d’anesthésie. La troisième, en post-opératoire, consiste à garantir le retour à domicile du patient dans les meilleures conditions, en prenant en compte la gestion de la douleur, résume le Dr Boret . La plus grande difficulté réside dans le fait d’articuler le travail de l’ensemble des acteurs au sein de l’hôpital. » Car chacun a son propre domaine d’action ; il s’agit
donc de mettre de l’huile dans ces rouages et de réorganiser un peu les choses. « L’idéal serait d’avoir une infirmière référente RAAC qui serait l’interlocutrice principale des patients ; elle pourrait leur répondre ou les diriger vers le médecin idoine. » Le Dr Boret planche sur le programme
depuis juin 2016 aux côtés, entre autres, du Dr Davide Mazza, chirurgien digestif et vice-président de la commission RAAC de SaintMusse. Ce dernier relève que «les patients ont l’impression que tout doit être fait à l’hôpital. L’un des enjeux consiste donc à bien leur faire comprendre que l’on ne cherche pas à les renvoyer vite chez eux mais que le retour à domicile leur sera bénéfique. Seulement, cela demande de prendre le temps de bien leur expliquer le mécanisme.» «D’autant, complète le Dr Boret, que dans quelques années, on ne parlera plus de RAAC car elle sera devenue la norme partout. »
La communication, un enjeu
L’hôpital toulonnais a commencé avec la chirurgie bariatrique parce que «le chemin clinique du patient est bien organisé et la chirurgie est standardisée», résume le Dr Mazza. « Nous l’avons ensuite étendu aux césariennes, ajoute le Dr Boret. En salle de réveil, on laisse juste une voie veineuse à la jeune maman et l’anesthésie est adaptée afin de lui permettre de se mobiliser rapidement. C’est mieux pour elle et pour son bébé dont elle peut s’occuper plus tôt. La RAAC trouve aussi à s’appliquer en chirurgie colorectale. Globalement elle est bénéfique pour le patient âgé et fragile pour qui le séjour à l’hôpital peut être éprouvant. Seulement, cela demande encore une fois beaucoup d’organisation puisqu’il faut anticiper la sortie et trouver par exemple une maison de convalescence.» Ce projet est plus que jamais d’actualité, parfaitement en lien avec l’état des connaissances scientifiques et des besoins économiques. Seulement, sa mise en oeuvre demande un long travail de préparation, de réorganisation... et de changement des habitudes et des mentalités chez les professionnels comme chez les patients.