PROA Un derby passionné
Parmi les fortes individualités, Ali Traoré (Sharks) et Paul Lacombe (Monaco) se connaissent bien
Quelques jours avant ce grand derby azuréen, l’Antibois Ali Traoré et le Monégasque Paul Lacombe se sont prêtés au jeu de l’interview croisée. Assez proches depuis leurs années villeurbannaises et strasbourgeoises, les deux joueurs n’ont pas manqué de se chambrer. Histoire de faire monter la température.
Comment décririez-vous l’autre en quelques mots ? Ali Traoré : « Paul, c’est quelqu’un de gentil, d’attachant. C’est mon apprenti, donc on va dire qu’il est docile [il se marre]. Je lui ai tout appris ! » Paul Lacombe : « Ali, c’est quelqu’un d’attachant, de très cultivé, avec qui on peut parler sérieusement quand on a envie… Après, Ali, c’est un grand chambreur, qui aime faire des vannes à tout va… Un très bon ami. »
Quelle est sa plus grande qualité ? A.T. : « Je dirais sa générosité. Dans le jeu ou ailleurs, il partage énormément. Il sait vraiment faire briller ses coéquipiers. » P.L. : «Il est avenant, gentil… J’étais un tout jeune espoir à l’ASVEL, et je trouvais auprès de lui le bon gars avec qui je pouvais parler.. Il a cette grande qualité d’être ouvert sur les autres. »
Son plus gros défaut ? A.T. : « Son trop grand amour pour le « fashion » [sourire]. Ça le rend dédaigneux par rapport aux gens comme moi qui ne s’habillent pas aussi bien ! » P.L. : « C’est un boudeur ! Chez lui, ça ne va pas quand il se lève du pied droit. Le bon, c’est le gauche ! Nous, à Strasbourg, on savait déjà le matin comment ça allait se passer avec lui pour toute la journée... »
Traoré : « Il aime trop le fashion ! »
Qu’est-ce qui vous fait rire chez l’autre ? A.T. : « Qu’est-ce qui me fait rire ? Sa gueule. Elle suffit à me faire rire ! [il rit] » P.L. : « Le fait que chez lui, il n’y a pas de filtre ! Les blagues un peu grasses ou osées, il faut aimer, mais c’est vrai que je suis Top scoreur monégasque (16,8 pts), Gerald Robinson est aussi le meilleur shooteur à 3 pts de la ProA (56%). D.J. Cooper, le petit meneur gaucher, est le meilleur passeur de ProA (8,0 passes/match); Aaron Craft, l’ancienne star d’Ohio State, est un défenseur hors-pair... Sergiy Gladyr a retrouvé sa patte chaude., Lacombe est en pleine ascension. Bref, dur de rivaliser avec l’ASM sur les bases arrières. Les Sharks ont de quoi répondre : à 36 ans, Blassingame reste un maestro. Sanford est la révélation de la saison et Harvey peut prendre feu à tout moment. Mais avantage Monaco plutôt du genre bon public. Il me faisait assez rire. »
Quel surnom vous lui donnez ? A.T. : « Ah ! Ce n’est pas très sympa, mais j’aime bien l’appeler « Paul La Queue », ça ressemble à Paul Lacombe [sourire]. Mais son surnom officiel, c’est « Popox » ! P.L. : « Héros scénic, c’est un truc en rapport avec les Mangas… Un personnage qui lui correspond parfaitement, un maître d’armes qui est aussi un maître pervers ! »
Un mot pour le décrire au niveau basket ? A.T. : « C’est quelqu’un qui peut marquer, passer, prendre des rebonds, défendre... Ça a été un grand plaisir de jouer avec lui à Strasbourg .» sur le papier.
Ailiers : égalité
Pour Antibes, Paul Rigot, sans doute très motivé face P.L. : « Il est ambidextre. Il est l’un des rares joueurs dans ce cas. Avec une capacité aussi forte des deux mains offensivement. Avec l’âge, maintenant, on sait qu’il va plus souvent à gauche… » A.T. : « [Il réfléchit] Je dirais son sens de la passe qui est très bon. C’est quelque chose que j’aime bien. » P.L. : « Sa main gauche ! Face à Utena, j’ai mis un lay-up main gauche, mais c’est l’un des rares dans l’année !! Alors que lui, il a un doigté de fées… Quand il arrête sa carrière, s’il peut me léguer ça, je suis preneur ! »
Lacombe : « Monaco, faut pas déconner ! »
Un souvenir commun en club ? A.T. : « Le titre de champion de France avec l’ASVEL en . Il était encore Espoir, mais c’est toujours un sentiment spécial. » P.L. : « L’année à Strasbourg, où on gagne titres. Une année incroyable sur et en dehors du terrain. Malheureusement, on perd à la fin pour le titre de champion. Mais une telle alchimie entre les joueurs, ça reste une année géniale. »
La meilleure salle, Antibes ou Monaco ? A.T. : « Antibes, forcément ! Il ne faut pas déconner [sourire]. » P.L. : « Monaco, faut pas à son ancien club, possède de belles qualités physiques et d’adresse. Max Kouguère est une valeur sûre. Seul véritable ailier de l’effectif monégasque, déconner !»
Quelle sera la clé du derby ? A.T. : « Ça se jouera à celui qui aura le plus de hargne, qui en voudra le plus pour assurer la suprématie azuréenne [sourire]. Ils sont peut-être au dessus techniquement, mais on peut compenser par la hargne ! » P.L. : « Pour nous, la récupération. On arrive dans un moment assez charnière, certains sont un peu KO. Je n’ai jamais vécu ce derby azuréen mais j’en ai connu d’autres. En général, l’ordre des choses n’est pas toujours respecté. On sait que l’équipe moins bien classée va avoir un regain d’énergie et un supplément d’âme. Il faudra que l’on soit fidèle à nos valeurs et très sérieux tout le match.»
Votre sentiment à propos de l’adversaire ? A.T. : « L’ASM, c’est une très grosse équipe ! Ils jouent un basket très simple mais effectué à la perfection. C’est une machine très difficile à bouger, j’aime bien voir Monaco jouer. » P.L. : « Antibes n’est pas à l’aise à l’extérieur, mais là, on ne peut pas parler d’un vrai déplacement. Ils ont du matos à tous les postes. Leur secteur intérieur est très intéressant, avec Yarou, Blue, Traoré. Il faudra essayer de bloquer Blassingame à la mène. Pour ça, on fait confiance à Aaron (Craft). » La peinture, voilà le talon d’Achille de l’ASM. Blessé, Fofana n’a pas été remplacé. Avant le renfort attendu (en janvier), Kikanovic, formidable attaquant mais pas référencé grand défenseur, est énormément sollicité. L’ASM s’en sort avec un grand capitaine Amara Sy (36 ans) et un solide Georgi Joseph. À Antibes, le quatuor Blue-Yarou (top rebondeur de ProA)Traoré-Diarra impressionne. Avantage aux Sharks !