Monaco-Matin

Et chargé d’histoire Robert Smith, numéro  pour toujours

- FRANÇOIS PATURLE

Robert Smith : sans doute le meneur le plus performant et le plus élégant ayant jamais fréquenté les parquets de ProA. Et aussi le plus charmant, le plus abordable de tous. Pour ce grand derby, nous avons retrouvé celui qui porta le maillot des deux clubs (Monaco de 85 à 89, Antibes de 89 à 92) et distilla autant de bonheur dans les deux camps. Depuis Las Vegas, Robert Smith a ouvert pour nous la boite à souvenirs. Pour la première fois depuis très longtemps.

Hello Robert ! Où résidezvou­s désormais ? J’habite toujours à Las Vegas. L’année dernière, mon ancien équipier Philip Szanyiel (ex-internatio­nal et intérieur de Monaco) est venu me rendre visite avec sa famille. On est restés enlacés un long moment. À l’époque il était l’un des meilleurs joueurs de ProA. Actuelleme­nt, je travaille toujours pour l’Université de Las Vegas. J’interviens à la radio pour les matches et je voyage avec l’équipe.

La vie de famille ? Avec mon épouse Gloria, nous avons quatre enfants. Robert Jr,  ans, ma fille Anika,  ans, mon fils Jamaal,  ans et le plus jeune, Elijah,  ans. Jamaal est basketteur profession­nel dans la ProA brésilienn­e (à Botafogo). Il était nouveau-né quand je suis arrivé à Monaco. Il a appris à parler français avant de parler l’anglais... Jamaal a joué  ans au Brésil et a gagné trois fois le championna­t. Il a été élu MVP deux saisons. Il voudrait jouer en France.

Vous aviez joué  ans en NBA avant de signer pour la première fois en Europe, à Monaco. Quelle fut la raison de votre choix de franchir l’Atlantique, à l’âge de  ans ? Après mes  années de NBA, j’ai eu du mal à trouver un bon contrat pour prendre soin de ma famille. On a décidé de faire un tour en vacances en Espagne et en Italie... Et puis il s’est trouvé que Monaco s’est intéressé à moi. Je suis donc allé faire Robert Smith et son épouse Gloria. À  ans, l’exmeneur de l’ASM et d’Antibes garde la forme.

un essai à Monaco. Et quand le coach a dit qu’il voulait me signer, j’étais déjà rentré aux États-Unis, je ne me voyais pas repartir... Mais mon beaufrère m’a dit, vas-y ! C’était décidé, on est venu poser nos valises en Principaut­é.

« Il me vient les larmes »

Quelle fut la chose la plus surprenant­e à vos yeux dans votre nouvelle vie à Monaco ? J’ai été estomaqué par la beauté de l’endroit... La mer, les gens en balade, le Rocher... Je me souviens, l’une des premières choses, j’étais monté à pied au château, il y avait la garde princière sur la place. J’avais l’impression d’arriver dans un autre monde ! Je me souviens de ma rencontre avec le président du club, M. Quenin, il était toujours sympa avec moi. Noëlle Matichard, notre kiné, prenait grand soin de moi et ma famille. Je resterai toujours reconnaiss­ant envers eux et la manière dont ils nous ont accueillis. Quand je suis arrivé en France, je voulais m’imprégner de la culture, vivre comme tous les gens ici... Je pense que c’est pour cela que j’ai autant apprécié la France et Monaco. Nous avions inscrit nos enfants dans une école française, en plein centre de Monaco. Jouer au basket en France a

été une période délicieuse de ma vie et pour celle de ma famille. Pour tout vous dire, à chaque fois que je repense à ces souvenirs, il me vient les larmes.

À l’ASM, vous formiez une ligne arrière assez exceptionn­elle avec B.J. Williams et J.A. Toupane... Billy Joe et Jean-Aimé étaient forts et ils pouvaient scorer. À Antibes, j’ai joué avec Hugues Occansey, Georgy Adams, deux gars très bons aussi. Billy-Joe et moi, nous sommes restés très bons amis. On discute encore très souvent, de tout et de rien. Lui aussi a joué dans les deux clubs, Monaco et Antibes. On se rappelle souvent cette époque joyeuse ! J’espère qu’un jour mes deux fils pourront jouer à Monaco ou à Antibes, pour se rendre à quel point ici les fans sont passionnés et merveilleu­x. Si j’ai toujours donné mon coeur sur le parquet, à Monaco et à Antibes, c’était avant tout pour les fans.

En -, Monaco termine de la phase régulière derrière le grand Limoges et pratique un basket séduisant. Mais c’est alors que vous devez subir une opération de l’appendicit­e juste avant le début des play-offs.. Oui, ce fut un moment très triste pour moi, j’avais l’impression de laisser tomber mes équipiers (l’ASM fut alors éliminée au

tour des play-offs). J’aurais tellement voulu gagner un titre avec Monaco. On avait une super équipe, avec une ambiance chaleureus­e. On faisait même des barbecues tous ensemble pendant les vacances dans le jardin du coach, Bill Sweek... Oui, quand j’y repense, c’est un truc de fou. Et durant cette saison, je n’ai rien calculé, ce n’est qu’à la fin qu’on m’a annoncé le chiffre (ndlr : il tourna à ,% la saison suivante et ,% la saison d’après avec un  sur , des chiffres inouïs jamais revus depuis).

« On m’a dit que j’étais trop petit »

Votre plus beau souvenir àl’ASM? La fois où j’ai joué pour les couleurs de Monaco, pour les Jeux Olympiques des petits Etats en Europe. La compétitio­n se déroulait à Chypre. Je me souviens avoir passé du temps en compagnie du Prince Albert. Je pense aussi à tous les moments joyeux passés avec mes équipiers, Patrick Scudo, «Sza-Sza», Frédéric Monetti, Frédéric Choquard, tous les gars... J’ai aussi été heureux de pouvoir aider les entraîneur­s pour les équipes de jeunes de l’ASM.

Votre plus mauvais souvenir monégasque ? Le jour où l’on m’a dit que je devais quitter Monaco. Le coach, Bill Sweek, me dit : ‘’le comité directeur veut te voir, avec le président M. Quenin’’. En me rendant au bureau, je pensais qu’on allait discuter de la prolongati­on de mon contrat. Mais le président m’a dit que l’équipe et le coach ressentaie­nt le besoin de recruter un joueur américain de plus grande taille. Et que je ne serai pas reconduit. Il m’a dit qu’il n’appréciait pas cette idée mais que le coach et une partie du comité voulaient un changement. Il m’a remercié, nous nous sommes étreints. Le ciel me tombait sur la tête. J’ai compris que c’était la fin à Monaco. En rentrant en voiture à la maison j’ai éclaté en sanglots. Durant deux semaines, je me demandais si cela signifiait la fin de ma carrière. Oui. Je suis sorti de mon silence et j’ai appelé mon agent de l’époque, Didier Rose. Il m’a demandé si je voulais continuer à jouer. J’ai dit oui. C’est alors qu’il m’a annoncé qu’Antibes était intéressé. Le sourire est revenu sur mon visage. Je ne devais pas quitter la Côte d’Azur, je pouvais continuer ma route. En arrivant à Antibes, je suis allé trouver les supporters. Connaissan­t la rivalité entre les deux clubs, je craignais qu’ils ne veuillent pas de moi... Finalement, j’ai terminé avec autant d’amis dans les deux camps. Je les aime. Je pense au président Alain Trichot, au kiné Thierry Tricou, qui ont tout fait pour que je me sente désiré à Antibes. Mais aussi au manager Bernard Gaume, à la secrétaire Michelle Landrivon, des personnes très attachante­s. Je considérer­ai toujours Monaco et Antibes comme mes deux maisons. Je suis heureux d’avoir porté le même numéro dans les deux clubs, le  !

Lors de la finale de , Limoges (qui gagnera l’Euroligue deux ans plus tard) vient gagner la

manche à SalusseSan­toni et tout semble perdu. Comment avez-vous fait pour redresser la barre et remporter le titre ? En arrivant à Limoges, pour le retour, on voyait les gens préparer la parade du titre pour les caméras de TV. J’avais dit à mon pivot, Lee Johnson, qui gardait la raquette avec Jim Deines, on va leur gâcher la fête. On a battu Limoges dans sa salle historique et on a fini le travail trois jours plus tard à Antibes. Ce fut une nuit magique, la fête avec tout le club, les supporters, comme dans un rêve. Robert, à  ans, vous jouez toujours au basket ? Oui, je joue encore avec l’équipe des seniors olympiques US ! J’aimerais emmener mon équipe en Europe. Je travaille aussi à organiser un camp internatio­nal à Las Vegas pour des enfants de toutes nationalit­és. Et j’espère bientôt revenir à Monaco et Antibes. Peut-être l’année prochaine. ‘’Bisous à tous’’ (en français dans le texte)

 ?? (Ph. DR) ?? C’est durant cette saison / que vous signez un record qui restera sans doute imbattable à jamais, un / aux lancers sur la saison.. C’est le moment où Antibes est arrivé ?
(Ph. DR) C’est durant cette saison / que vous signez un record qui restera sans doute imbattable à jamais, un / aux lancers sur la saison.. C’est le moment où Antibes est arrivé ?

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