L’important…
Avez-vous remarqué que le mot important est devenu le plus important vocable du dialogue social, des conversations familiales et surtout du blabla audiovisuel ? Celui qui va prendre la parole annonce à quel point elle va être importante. Celui qu’on interrompt souligne qu’il était en train de dire des choses beaucoup plus importantes que celles qu’on tente de glisser dans le débat. Celui qui termine son exposé conclut en insistant sur son importance. Même celui qui a oublié ce qu’il voulait dire n’omet jamais de rappeler combien il est important de s’exprimer lorsqu’on a quelque chose d’important à communiquer. En , Gilbert Bécaud chantait L’important c’est la rose. Aujourd’hui, l’important ce ne sont plus les consignes de Bruxelles, le Brexit de la Perfide Albion, le statut éternellement flou de Jérusalem, c’est le dernier et dramatique avatar du croisement entre le rail et la route. L’important ce n’est pas le procès d’un ancien ministre obsédé, le dernier épisode de Star Wars ou le sondage établissant que le grand public a déjà retenu l’un des deux prénoms avec lesquels le Premier ministre espère toujours se faire un nom, c’est la disparition brutale d’enfants qui ne reviendront jamais chez eux alors qu’ils étaient sur le chemin de retour de l’école. L’important c’est la peine, c’est le chagrin, c’est l’irrémédiable. L’important ce serait de diminuer le nombre de passages à niveau plutôt que d’augmenter celui des chars d’assaut. Mais
ceci est une autre histoire…