« Arrêter la polémique et construire quelque chose »
Jérôme Culioli, président du Crif Sud-Est (Conseil représentatif des institutions juives de France)
Le Conseil représentatif des institutions juives de France SudEst tenait hier soir, au Palais de la Méditerranée, son dîner annuel. Avec en invité d’honneur Christophe Castaner, secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement. Étaient également invités Francis Kalifat, président national du Crif, Georges-François Leclerc le préfet des Alpes-Maritimes, mais aussi Renaud Muselier, président de la région Paca, Christian Estrosi, président de la Métropole, Charles-Ange Ginésy, président du Département, et bien d’autres. L’occasion d’interroger Jérôme Culioli, hôte d’un soir, sur ce qu’il comptait dire à Christophe Castaner entre la poire et le fromage.
Pourquoi recevoir Christophe Castaner à votre dîner annuel ? Ça a du sens de recevoir le secrétaire d’État chargé des relations avec le parlement. Pour nous il est important de savoir la tendance parlementaire, les initiatives à venir. Il est aussi essentiel, à nos yeux, de le remercier pour le courage politique dont il a fait preuve il y a deux ans à l’occasion des élections régionales
Entendez-vous lui parler de la décision de Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et lui demander un alignement de la position française ? Je n’ai pas à dire à l’État français dans quel sens il doit aller. Ce que je veux lui dire, en revanche, c’est qu’il faut se servir de cette situation pour entamer des discussions. Chacun à son niveau, et M. Castaner a de l’influence de ce côté, il faut oeuvrer pour la paix. Cette déclaration de Donald Trump doit être l’occasion de reprendre des discussions apaisées. Je ne souhaite pas une importation de cette polémique en France. Au niveau historique, en se séparant de toute vision biblique ou théologique, personne ne pourra contester le lien indéfectible entre Israël et le peuple juif. Cela veut dire qu’il faut trouver des solutions bilatérales. Arrêter la polémique et construire quelque chose. Si j’ai un message, c’est celui-là.
Au regard du contexte terroriste, comment se sent la communauté juive sur la côte d’Azur ? Elle se sent bien, mais reste très vigilante. La communauté juive est toujours parmi les cibles privilégiées de la menace terroriste. Le travail fait auprès de nous par les forces de l’ordre est très important.
En quoi ce dîner annuel est-il important à vos yeux ? C’est un moment de rassemblement républicain. On réunit l’ensemble des cultes, des responsables d’associations, le monde culturel, éducatif, cultuel politique, avec toutes les tendances.
Le Front national y a son rond de serviette ? Toutes les tendances, à part les extrêmes, bien évidemment.
(1) Christophe Castaner, chef de file du PS aux dernières élections régionales, s’était retiré à l’issue du premier tour, après avoir été crédité de 16,59 %. Un geste « républicain » visant à faire barrage au FN et qui avait permis l’élection de Christian Estrosi à la tête de la région Paca et de faire battre le Front national représenté par Marion Maréchal-Le Pen.