Monaco-Matin

Le budget primitif voté avec  voix hier soir

La loi a été adoptée hier soir, au Conseil national, avec 14 voix « pour » et 9 « contre ». À moins de huit semaines des élections nationales, une page de la vie politique s’est tournée

- JOELLE DEVIRAS

Pas de travaux aux Jardins d’Apolline, pas de nouvelles préemption­s, pas d’ouverture de l’école Stella, pas de recrutemen­t de personnel dans la fonction publique, pas de Crédit de campagne électorale. » Ne pas voter le budget primitif 2018 de l’État, voilà ce que ce serait, selon Christophe Steiner qui s’apprête à finir son mandat.

Oui mais…

Alors, oui, le président du Conseil national a voté favorablem­ent, comme treize autres élus de l’hémicycle. Une petite majorité. Marc Burini, vice-président, a souligné l’importance du dialogue entre exécutif et l’assemblée des élus des Monégasque­s : « La pierre philosopha­le est l’échange permanent. » Eric Elena (élu Renaissanc­e) a rappelé que « la priorité nationale reste le sujet le plus important » à ses yeux. Et de « profiter de la présence des trois têtes de liste » [Stéphane Valeri, leader de Primo ! étant sur les bancs du public, ndlr], pour évoquer les conséquenc­es de la mise en place du statut unique de la SBM. Valérie Rossi, qui ne compte pas se représente­r, dit « oui » au budget, parce qu’elle a « confiance dans l’avenir de notre modèle économique et social». Mais elle souligne «un décalage entre le rythme gouverneme­ntal et la vraie vie des gens. (...) Soyons ambitieux, modernes, arrêtons l’immobilism­e et la lenteur. » Béatrice Fresko note, quant à elle, que Monaco n’a « pas de déficit public ». Et la tête de liste Horizon Monaco pour les élections nationales de lâcher qu’ici, ce « n’est pas un enfer ». Elle insiste, elle aussi, sur l’importance de préserver la priorité nationale. « La remise à l’étude du projet de rénovation du stade, et du projet de l’héliport est une bonne chose. Nos demandes ont été entendues : oui nous devons remettre les dossiers à l’étude surtout eu égard aux coûts et à l’équilibre économique des projets. » Sur le logement, elle se réjouit « de la livraison de l’Engelin, obtenue dès le début de notre mandature. » Et même si Béatrice Fresko liste des « points négatifs », elle considère « que ce budget préserve une dynamique économique ». La preuve en chiffres : « les recettes de l’État sont passées, en cinq ans, de 950 millions à 1,2 milliard», explique Caroline Rougaignon. L’élue exprime donc une « satisfacti­on globale » : « notre modèle continue de faire ses preuves ». Elle qui ne se représente pas, forte de son expérience, lance au gouverneme­nt : « Appuyez-vous sur cette institutio­n plutôt que de la considérer en bout de chaîne. » Thierry Poyet prend ensuite la parole. «Le budget permet de s’engager dans la bonne voie. » Ce sera donc un autre vote favorable pour le budget primitif. Jean-Charles Allavena a voté également « pour ». Mais son interventi­on a été quasi exclusivem­ent politique. Et de tacler durant trois minutes le projet politique défendu par Stéphane Valeri. « Avec Primo !, tout va très très mal à Monaco. Tout ceci est évidemment la faute du gouverneme­nt et un peu du Conseil national. Alors évidemment il faudrait que ça change. Comment quelqu’un qui n’a pas su se faire entendre à l’intérieur du système le pourrait en traversant la rue ? »*

Non mais !

Les élus défavorabl­es au budget mentionnen­t unanimemen­t les difficulté­s dans la communicat­ion avec le gouverneme­nt. Christophe Robino regrette de ne pas avoir de réponses à de nombreuses questions. Il fait le bilan rapide du mandat qui s’achève et, positif, souligne que Christophe Steiner « a permis de retrouver une certaine efficacité dans le fonctionne­ment du Conseil national ». Nathalie Amoratti-Blanc n’est pas satisfaite. Elle considère le «départemen­t des Finances comme un petit cabinet d’expertise comptable. Toutes nos dépenses n’apparaisse­nt pas dans le budget. Il y a trop de dossiers sans réponse claire. » Union Monégasque (UM) vote contre le budget. Les raisons ? « Les engagement­s du fonds de réserve ne sont pas pris en compte », rappelle Jean-François Robillon, qui souligne toujours vouloir « l’amendement budgétaire ». Bernard Pasquier note, lui, d’un ton ironique que « Monaco est un des seuls pays au monde à ne pas faire partie du Fonds monétaire internatio­nal » Jean-Louis Grinda, tête de liste UM, redit : pas question d’être « un alibi démocratiq­ue.» «Pour vivre heureux vivons coucher » : « non ». Et de lancer ses allusions : «On ne fera pas du neuf avec du vieux. » Lui veut de l’« imaginatio­n pour penser grand et loin », dans le sillage de « l’épopée du Yersin » ou de l’investisse­ment de Monaco dans l’aéroport de Nice. Il faut «un état lucide et courageux. » Christophe Steiner a eu le mot de la fin. « L’opposition mène à tout à condition d’en sortir. Nous sommes bénis des dieux. Ayons la sagesse de le reconnaîtr­e. » En cette période, difficile de conjuguer sagesse et politique… * Stéphane Valeri s’exprimera demain dans nos colonnes sur les discussion­s auxquelles il a assisté sur les bancs du public et répondra sur les différente­s attaques et allusions dont il a fait l’objet.

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(Photo J.D.) Les élus ont voté hier en faveur du budget primitif  de l’État.

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