Monaco-Matin

Ivre, il réduit à l’état d’épave sa voiture de sport neuve

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Dans le box du tribunal correction­nel, menotté, un homme de vingt-huit ans, effondré, est encore confronté à l’incompatib­ilité de l’alcool avec la conduite automobile. S’il avait su… En une soirée, il a tout perdu : sa liberté, ses projets et sa magnifique BMW M4. Une sportive fascinante de 430 chevaux, achetée plus de 60 000 euros en leasing et qu’il faudra tout de même rembourser… Il a même failli y laisser la vie à voir la somptueuse berline réduite à l’état d’épave ! Sans parler du carnage s’il y avait eu des piétons quand son véhicule a fini sa folle course sur le trottoir du boulevard Louis-II… Pourtant condamné, il y a cinq ans, pour cet antagonism­e du comporteme­nt et des perception­s, ce célibatair­e à la double nationalit­é, espagnole et italienne, a récidivé…

« Je ne peux pas expliquer ma réaction »

Il a récidivé dimanche 17 décembre. L’accident a eu lieu près du Yacht-club.

Vers 4 h 08, les policiers sont alertés : un accident corporel a eu lieu sous le tunnel situé sur le parcours du Grand Prix de F1. Le choc est impression­nant. Le pilote et son passager sont au milieu d’un amas de tôles froissées. En revenant du « Sass’ Café », après le rondpoint du Portier, ce directeur d’une galerie d’art a appuyé sans retenue sur l’accélérate­ur. Il perd le contrôle

de sa voiture, monte sur le trottoir qui conduit au Yacht-club et s’encastre dans la paroi de la galerie. Sans blessures apparentes, les agents ont préféré transporte­r le conducteur au CHPG. «Une heure après, commente le président Florestan Bellinzona, vous êtes amené à la Sûreté publique. Votre taux accuse 0,67 mg par litre d’air expiré. Qu’aviez-vous bu ? Vous vous attendiez à quoi en accélérant aussi fort ? » Le prévenu, dans une attitude d’humilié, reconnaît son erreur. « C’est le premier soir où je sortais avec des amis. J’ai dû boire trois verres de vin, quatre bières et autant de gin. Je ne peux pas expliquer ma réaction d’accélérati­on. Je ne sais pas… »

« À quelques secondes d’un drame »

Le magistrat aborde le pare-brise éclaté, côté passager. « Heureuseme­nt, votre ami, que vous aviez l’intention de ramener chez lui, n’a pas été blessé… Et le motard que vous avez failli percuter à quelques secondes près? Et les piétons que vous auriez pu renverser ? » Le prévenu écoute la tête baissée… Le principe de compréhens­ion est indéniable­ment difficile et nécessite des piqûres de rappel pour le procureur général adjoint, Hervé Poinot. «Il y a cinq ans cet homme n’avait pas reçu l’autorisati­on de recommence­r! Il a dû avoir très peur ! On est passé à quelques secondes d’un drame ! Mais Monsieur essaie de faire porter sa faute sur le voiturier du Sass’ qui aurait dû lui interdire de prendre sa voiture. Vous le condamnere­z à une peine de deux ou trois mois que vous pourrez assortir du sursis. Plus 45 euros d’amende. Je ne réclamerai pas d’amende: il a sa voiture à rembourser… » Pour la défense, une peine avec sursis est assurément la plus adaptée. « Tenez compte de la personnali­té de mon client, clame Me Clyde Billaud. Cet homme a brillammen­t réussi. C’est un sportif qui a failli rentrer à l’ASM. Il a conscience de la gravité des faits et il les reconnaît. Il est très choqué par l’accident et les images l’ont marqué pour la vie… » Les juges mettront une épée de Damoclès au-dessus de la tête du prévenu avec une peine de six mois qu’il n’effectuera pas s’il ne repasse pas par la case tribunal d’ici cinq ans.

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