Monaco-Matin

Noël d’autrefois

Retrouvez chaque mois la chronique du Comité national des traditions monégasque­s

- PAULETTE CHERICI-PORELLO Présidente honoraire du Comité national des traditions monégasque­s

Autrefois, les familles se réunissaie­nt pour les fêtes de Noël. Les préparatif­s commençaie­nt dès les premiers jours de décembre. Les maîtresses de maison faisaient grand nettoyage ; la poussière était pourchassé­e jusque dans les moindres recoins, tout luisait de cire, les rideaux amidonnés (suivant la mode de ce temps) pendaient, raides et blancs, à chaque fenêtre. À la Sainte-Barbe, le 4 décembre, on semait des lentilles dans de minuscules marmites en terre cuite; tous les jours il fallait les arroser soigneusem­ent de quelques gouttes d’eau ; le 25 décembre, elles étaient devenues des plantes vertes et tendres que nous disposions dans la crèche, auprès de l’Enfant Jésus. En effet, vers le 15 décembre, le père de famille commençait à faire la crèche, travail long et minutieux : peindre les montagnes en papier, le ciel bleu, découper les étoiles dans le papier d’emballage du chocolat, préparer les petites maisons

de carton avec des volets qui s’ouvraient et se fermaient, tracer les chemins, disposer les guirlandes, les santons, garnir

l’arbre de Noël de bonbons, de pièces d’or en chocolat, de papillotes, de mandarines… Quelques jours avant Noël,

les femmes de la maison, affairées comme des abeilles dans une ruche, ne sortaient pratiqueme­nt plus de leur cuisine. Elles devaient

préparer le repas maigre de la vigile (morue ou stockfish, chou, raviolis aux herbes, cardons, etc.). Ensuite, pour le grand repas de Noël, chacune mettait tout son coeur et son savoir-faire pour donner, suivant sa bourse, le plus de plaisir possible aux grands et aux petits. Et lorsque tous étaient installés autour de la grande table, que de chansons, que de plaisanter­ies, que de gaieté ! Au moment des treize desserts, nous, les enfants, les poches pleines de bonbons, l’estomac un peu barbouillé, étions impatients de courir vers les jouets qui nous attendaien­t au pied de l’arbre. Beaucoup de Noël se sont passés ainsi… Pendant que les parents étaient à table pour ce fameux repas qui n’en finissait pas, nous inventions tant et tant de jeux avec les modestes présents que nous avions trouvés dans notre soulier, le matin de cette journée où chaque heure qui s’écoulait nous valait un amusement, un plaisir, une caresse, un baiser.

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Un pan de natale et des fougasses pour un Noël monégasque dans la plus pure tradition.

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