Le gouvernement a tranché
Le Ministre d’État, Serge Telle, révèle ici le choix acté par le gouvernement vendredi de réunir les sociétés Engeco, Satri et JB Pastor & fils pour réaliser le chantier de rénovation dès février
La décision a été prise vendredi en réunion interministérielle. Une décision «de bon sens » pour le Ministre d’État, qui à l’aune de la célébration de Noël, hier matin en sa résidence, a tenu à s’exprimer sur le dossier. Celui de la situation épineuse des Jardins d’Apolline. Un dossier qui a pesé lourd dans les débats et dans l’opinion publique au cours de cette année. Pour le gouvernement, 2017 s’achève avec une solution «appropriée ». Serge Telle en explique les contours dans cet entretien accordé à Monaco-Matin.
En cette fin d’année, le gouvernement a finalement acté la méthodologie des travaux de rénovation pour les Jardins d’Apolline ? En effet, à la situation exceptionnelle de ce sinistre qui touche personnes, nous avons mis en place une réponse exceptionnelle. L’État va s’associer à un groupement d’entreprises constitué de Engeco, Satri et JB Pastor & fils pour rénover et rendre les appartements irréprochables. Ce qui permettra aux Monégasques, comme nous nous étions engagés, de rentrer chez eux sans aucune crainte. Pour la première fois, ces entreprises vont collaborer, ce qui garantit une bien plus grande efficacité en terme de travail.
Pourquoi cette volonté de réunir trois entreprises, dont deux (Engeco et Satri) sont à l’origine de la construction ? Cela paraissait plus judicieux que ceux qui ont construit soient associés et que tout cela se fasse dans la plus grande garantie, pour les résidents, d’obtenir des appartements impeccables. Et pour l’État de garantir son patrimoine. C’est un immeuble domanial de très grande valeur et il est essentiel que dans trois ans, cinq ans, dix ans, ça ne recommence pas. Ce qui a convaincu ces trois entreprises, c’est l’intérêt du pays. Leur expertise croisée est garante d’efficacité sur le plan
technique et sur le plan économique. Elles vont se mettre d’accord pour être le plus économe pour les finances publiques. Tout cela sera fait quasiment à prix coûtant par les entreprises concernées. Il n’y aura aucune spéculation financière sur ce chantier.
La décision a été difficile à prendre ? Je rends hommage à tous les services de l’administration concernés, qui, depuis des mois et des mois, suivent l’évolution de ce dossier dans tous ses aspects. L’État a maintenant une connaissance particulièrement fine de ce dossier et de la façon dont il fallait répondre à cette urgence. Et je salue le travail d’écoute formidable d’Albert Croési. Enfin je suis satisfait que nous puissions y répondre sans perturber les commissions d’attribution de l’immeuble l’Engelin, prévues en janvier. C’était un engagement du gouvernement : Apolline ne devait pas avoir d’incidence sur
l’Engelin. L’engagement a été tenu. Je remercie aussi le vote responsable des quatorze conseillers nationaux en faveur du budget primitif de l’État. Avec cet argent, les travaux vont pouvoir commencer.
Techniquement, dans chaque immeuble, va-t-il falloir revenir au béton brut ? On va refaire tout le second oeuvre chaque fois que ce sera nécessaire, c’est-à-dire pratiquement partout. On ne prend aucun risque, les entreprises vont faire le nécessaire pour que les appartements soient remis intégralement à neuf.
Entendez-vous les critiques selon lesquelles le gouvernement a tardé à réagir après les premiers sinistres dans la résidence ? Quasiment un an après la livraison du premier appartement, il y a eu des sinistres enregistrés. Le gouvernement a, petit à petit, répondu aux urgences jusqu’au moment où nous sommes arrivés à cette ampleur
inquiétante. C’est le côté évolutif qui nous a conduits à prendre ces décisions. Est-ce que le gouvernement aurait pu prendre cette décision en ou ? Je ne crois pas. On a géré, on a fait face. La décision est tellement lourde de déplacer personnes, surtout sur un territoire où on ne peut pas claquer des doigts et trouver logements. J’ai entendu ces critiques, mais la décision de remise à neuf ne pouvait être prise qu’à l’issue d’une expertise fine et d’une appréciation totale de toutes les conséquences de cette décision. Cela prend un peu de temps car c’est une décision lourde sur le plan humain, judiciaire et financier.
Avez-vous déjà des retours sur C’est un dossier très compliqué. Un expert a été nommé, qui, devant l’ampleur du sinistre, a demandé six mois supplémentaires avant de rendre son rapport. Cependant, le tribunal avait pris acte de notre volonté de commencer les travaux à nos frais avancés. Le temps judiciaire dans cette affaire n’est pas le nôtre. Il y a une urgence humaine. L’affaire va durer plusieurs années. C’est un ensemble de responsabilités, un concours de circonstances malheureux. La procédure suit son cours, mais, vous voyez qu’Engeco et Satri ont accepté de participer au groupement pour la rénovation. Au nom de la solidarité nationale et de l’intérêt des Monégasques.
Que vous inspire la proposition du groupe Union Monégasque, qui demande une enquête indépendante pour déterminer les responsabilités politiques dans ce dossier ? Nous allons faire ce travail, en interne, au sein de l’administration, pour savoir ce qui s’est réellement passé. Il est important de comprendre pour éviter que cela ne recommence. Sans faire acte de contrition, nous avons engagé un travail sur les leçons à tirer sur ce qui s’est passé en terme de fonctionnement de l’administration.
Quand doit démarrer le chantier ? Fin février, comme nous l’avions annoncé. Avec une durée d’une dizaine de mois de travaux par bloc. Ce qui laisse présager d’un chantier sur à mois. La situation est détendue car les gens déplacés sont bien relogés et gratuitement. Notre intérêt à tous est que ça dure le moins longtemps possible, mais surtout que les travaux soient le mieux réalisés. Aujourd’hui, nous avons trouvé les bonnes réponses pour ne pas être dans une situation de tension sur le temps. Et les locataires pourront envisager l’avenir avec sérénité.
Il n’y aura aucune spéculation financière sur ce chantier” C’est une décision lourde sur le plan humain, judiciaire et financier ”