Monaco-Matin

Le Château de Crémat à Nice vient de changer de main

Au terme d’une liquidatio­n judiciaire, ce domaine de 7 hectares de vigne à Bellet a été racheté par Daniel Derichebou­rg, P.-D.G. du groupe éponyme, spécialisé dans le recyclage

- VÉRONIQUE MARS vmars@nicematin.fr

Ancré sur la colline de Bellet, le Château de Crémat et son vignoble, l’un des fleurons de l’AOC, propriété depuis l’an 2000 du Néerlandai­s Cornelis Karmerbeek, vient de changer de main au terme d’une procédure de liquidatio­n judiciaire avec poursuite d’activité (Lire notre édition du 9 septembre). L’affaire s’est jouée, début décembre, à la barre du TGI de Grasse. Parmi les cinq solliciteu­rs, candidats à la reprise de la société civile d’exploitati­on agricole (SCEA) Château de Crémat, le tribunal a choisi Daniel Derichebou­rg, P.-D.G. du groupe éponyme, l’un des leaders mondiaux dans le recyclage des métaux et la collecte de déchets.

 milliards d’euros de chiffre d’affaires

Créée en 1956 en région parisienne, cette affaire familiale spécialisé­e dans la collecte des ferrailles est devenue en un demi-siècle une société cotée en bourse, brassant plus de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel. C’est en son nom propre, que Daniel Derichebou­rg, actuel P.-D.G. du groupe, s’est porté acquéreur. Et le « Continuer à produire des vins de qualité alors que notre grande maison était placée sous liquidatio­n judiciaire a été une épreuve difficile. Sans aucun coup de fil de soutien des vignerons de Bellet », toujours judicieux » «mal conseillé», Parmi les cinq candidats à la reprise du Château de Crémat, le TGI de Grasse a tranché en faveur de Daniel Derichebou­rg, homme d’affaires français pesant plus de  milliards d’euros...

tribunal a tranché en sa faveur. « Pour le château et le domaine de 7 hectares de vigne plantés, il a mis 9 M€ sur la table, quand d’autres en ont proposé 7,3 M€ », souffle une source proche du dossier. « La candidatur­e de M. Derichebou­rg «pas « Non, la valeur ce sont les  hectares de terre en AOC, dont 

a été retenue par le tribunal parce qu’elle présentait les meilleures garanties pour assurer une pérennité du domaine et le maintien de l’emploi » contre Me Xavier Huertas, administra­teur judiciaire, chargé du dossier du Château de Crémat. Lui, s’est occupé de la

procédure de sauvegarde, puis a mis en place et suivi la liquidatio­n judiciaire du domaine, avec poursuite d’activité. Jusqu’au jugement.

« Apurer le passif et moderniser… »

Dans le vignoble de Bellet, Les   m de caves, avec ici la salle dédiée à l’élevage du vin en fûts de chêne, constituen­t l’une des valeurs sûres du château.

sont plantés de cépages niçois : du braquet, folle noire, grenache aux rolle et chardonner­et. Un terroir dont s’est épris M. Derichebou­rg, passionné de vin qui possède un domaine dans le Bordelais. Ayant des sociétés dans le secteur de Carros, il est venu plus d’une fois au Château de Crémat pour visiter ses caves. »

l’annonce du nouveau propriétai­re du Château de Crémat a été bien accueillie, même si des questions se bousculent sur le repreneur. Sur sa passion pour la viticultur­e, ses intentions pour redresser le domaine qui boit l’eau avec des comptes dans le rouge.

« Parce que le Château de Crémat n’est pas une usine à vin ! s’exclame Bruno Lutz. Avec ses  à   bouteilles par an, il est, en volume, le

producteur derrière le Château de Bellet et le clos Saint-Vincent. » « très régulièrem­ent au téléphone »

« Faire du grand vin. Pour cela, il faut varier les techniques, faire un mix de tout pour ne pas uniformise­r le goût,

Cela passe par des modificati­ons par petites touches de la cave et du vignoble. »

« Il nous faut d’abord renouveler une partie du matériel. Car la terre, ici, c’est du poudingue, mélange de galets et de sable, dur à travailler. Tout cela sera mené à temps, pas à pas, en gardant les pieds sur terre. » « Cela fait partie des garanties exigées par le tribunal, explique Me Xavier Huertas. Des investisse­ments seront effectués par le propriétai­re pour apurer le passif, moderniser le vignoble, tout en maintenant les sept emplois salariés. Tout cela a été prévu avec une enveloppe financière suffisante. » Daniel Derichebou­rg ne serait pas un nouveau venu dans la viticultur­e, puisqu’il possède, entre autres, un domaine dans le Bordelais. Président du syndicat des vignerons de l’AOC de Bellet, Gio Sergi se félicite de l’arrivée de sang neuf sur la colline de Bellet, plus petit vignoble urbain de France, l’un des plus anciens aussi. « Nous sommes neuf vignerons à faire vivre notre appellatio­n. Or, depuis plusieurs années, elle a baissé un peu en terme de réputation, pointe-t-il. Pour booster notre AOC, il faut être plusieurs leaders, afin de la faire connaître davantage des grandes tables françaises et internatio­nales. » C’est seulement l’un des nombreux défis qui attend le repreneur du Château de Crémat.

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(Photos Cyril Dodergny)

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