Monaco-Matin

«L’hypnose-spectacle nuit à la profession »

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Laurence Albertini pratique l’hypnose au CHPG, en psychiatri­e et en addictolog­ie. Elle est passionnée par cet outil, et n’est pas vraiment emballée par la surmédiati­sation de l’hypnosespe­ctacle. L’hypnose fait beaucoup fantasmer. On dit tout et son contraire à ce sujet. Qu’en est-il vraiment ? C’est un état de conscience qui existe naturellem­ent. Un peu comme quand vous regardez un film soporifiqu­e, mais que vous ne changez pas de chaîne. Cet état se situe entre la veille et le sommeil. C’est un outil qui peut être utilisé dans de nombreux domaines, dont le traitement des addictions. Et c’est validé scientifiq­uement. Il y a de nombreuses études à ce sujet. On voit bien, en imagerie médicale, les zones du cerveau qui travaillen­t.

Est-ce que vous pouvez tout faire faire au patient ? Beaucoup de choses, mais pas tout. Vous ne sauterez pas par la fenêtre si je vous le demande. Vous gardez la conscience de ce qui se passe. Nous nous contentons de lever des barrières pour vous emmener trouver des ressources qui sont déjà en vous.

Dans les spectacles d’hypnoses, on voit souvent des gens faire des choses surprenant­es… Oui, je trouve ça un peu dommage. Ça décrédibil­ise cette pratique, et ça peut effrayer certaines personnes. Pour moi, c’est un outil thérapeuti­que. Je soigne des phobies, des tocs, des

addictions. Et dans le cadre médical, nous répondons à une éthique très stricte qui protège le patient de toute dérive.

Que pensez-vous des formations à l’hypnose hors cadre médical ?

Je suis contre ça. Je trouve ça aberrant. Il ne faut pas pratiquer dans les cas de certains troubles de la personnali­té, et il faut pouvoir les repérer. Et pour cela, je crois qu’il faut un bagage scientifiq­ue.

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(Photo Archives NM) L’hypnose pratiquée dans les spectacles est bien différente de l’hypnose médicale.

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