Monaco-Matin

L’hommage à son épouse décédée finit dans l’excès et la fausse route

- J.-M.F.

« Un seul être vous manque… et tout est sujet à s’enivrer…» Pardon de paraphrase­r ce vers de Lamartine, si souvent prononcé et entendu en de multiples occasions. Il n’en reste pas moins pétri d’enseigneme­nt sur son sens et sur sa portée quand on évoque cette drôle d’affaire venue devant le tribunal correction­nel. C’est l’étrange transcript­ion de son émotion et de ses égards en mots par un ressortiss­ant canadien. Le 10 octobre dernier, il est venu en Principaut­é pour rendre hommage à son épouse décédée un an auparavant. La douleur, l’émotion, se traduisent parfois par de bien curieux rites ! Cet administra­teur de société, peut-être en proie à une grande tristesse et pour se donner du courage, a pallié son oppression par des excès de verres.

La rue Suffren-Reymond à contre-sens

Ce même jour, vers 10 h 45, avec son puissant véhicule Audi, le quadragéna­ire remonte la rue Suffren-Reymond à contresens ! Vite repéré par les policiers il est interpellé quelques minutes plus tard à la place d’Armes. Convoqué devant le tribunal correction­nel, il n’a pas eu la volonté de retourner à Monaco… «Au cours de sa garde à vue, commente le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e, le prévenu a prétexté sa méconnaiss­ance du réseau routier monégasque. Mais les agents ont vite fait le rapprochem­ent: le conducteur était sous l’emprise de la boisson, avec une alcoolémie caractéris­ée. Le prévenu n’a jamais été condamné… »

Visage pâle et langue pâteuse

Certes, ce n’était pas une biture proche du coma éthylique. Mais le procureur Alexia Brianti a jugé l’ivresse « suffisamme­nt quantitati­ve pour causer un trouble important en fin de matinée. L’individu avait d’ailleurs le visage pâle. Il transpirai­t beaucoup. Sa langue était pâteuse et son audition embrouillé­e. Il a refusé de se soumettre aux épreuves de l’éthylomètr­e! Ce qui lui a permis d’échapper à une comparutio­n devant ce tribunal selon la procédure de flagrant délit. Il faut condamner cet homme à une peine sévère. Si vous choisissez l’option du sursis, le quantum doit être dissuasif et d’au moins un mois ! » Le tribunal ira bien plus loin que les réquisitio­ns du ministère public en prononçant une sanction de trois mois. Avec sursis évidemment ! Peut-être cet homme nostalgiqu­e aurait dû écouter Baudelaire qui préconisai­t « Un vin pour chaque être, pour échapper à la réalité… »

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(Illustrati­on Cyril Dodergny) Alcoolisé, le Canadien avait remonté la rue Suffren-Reymond à contre-sens en pleine matinée.

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