Monaco-Matin

Alexandra Ardisson, le goût du bonheur

La députée marcheuse de la 4e circonscri­ption fait entrer en politique la fraîcheur de la novice qu’elle est en partie. Elle s’emploie, surtout, à traverser la vie armée d’une attitude positive

- THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Alexandra Valetta-Ardisson est ce que l’on appelle une bonne nature. Quelqu’un avec qui il est agréable de passer un moment, dans un échange immédiatem­ent direct, dépourvu d’artifice. Son sourire toujours en bandoulièr­e résume la philosophi­e de cette hypersensi­ble qui a pris le parti de voir, en toutes circonstan­ces, le verre à moitié plein. Même sa difficulté à devenir mère, et les délais incertains de la procédure d’adoption dans laquelle elle s’est lancée avec son mari, ne sauraient affecter sa bonne humeur. « Si ça aboutit, ce sera la cerise sur le gâteau. Comme des milliers de couples, nous sommes dans l’attente, mais ce n’est pas une obsession. Je suis d’un naturel gai et optimiste. Ma vie est parfaite, j’ai eu beaucoup de chance, je ne veux pas me laisser torturer par ça… » L’émotion prend néanmoins le dessus lorsque la députée évoque sa famille, «son socle», et notamment ses grands-parents. Sa grand-mère maternelle, âgée de 95 ans, originaire de Liévin, descendue dans le Sud dans les années soixante. Ou ses grands-parents paternels, au parcours plus improbable : « Ma grandmère était allemande et a été adoptée par mon arrièregra­nd-père d’origine bretonne, sans que nous ayons réussi à savoir exactement pourquoi. Et mon grand-père paternel est né à Sousse en Tunisie, de parents maltais. »

Ses propres parents ont divorcé lorsqu’elle avait quatre ans et son frère deux ans. Elle n’en a pas souffert. « J’ai eu la chance de ne manquer de rien, de garder un équilibre affectif et matériel. Je préfère avoir grandi avec des parents séparés plutôt qu’ensemble et ne s’entendant pas. Je crois que mes parents s’aiment toujours beaucoup. Ils étaient simplement trop différents pour vivre côte à côte. » Alexandra Valetta-Ardisson a donc grandi principale­ment avec sa mère, infirmière au lycée Audiberti d’Antibes où elle occupait un logement de fonction, tandis qu’elle voyait son père le week-end à Nice. «Il était comptable au départ mais a fait plein d’autres boulots, c’est quelqu’un qui avait besoin que ça bouge.» Après le bac, elle s’est engagée dans des études de droit, vite désertées… «Jemesuis aperçue que la vie étudiante n’était pas faite pour moi. Enfant, le sourire mutin mais déterminé, déjà. J’étais beaucoup plus portée sur la pratique que sur la théorie. Je me suis donc lancée dans la vie active, en me disant que je rattrapera­is mes lacunes au fil du temps. »

Celle qui, enfant, se nourrissai­t de littératur­e du XIXe siècle et se rêvait en égyptologu­e ou architecte d’intérieur, s’est donc retrouvée à la mairie de Mougins d’abord, où elle s’est occupée d’environnem­ent et d’intercommu­nalité. Puis, repérée par Michèle Tabarot, à la mairie du Cannet, avant de devenir attachée parlementa­ire de la députée LR cannettane. En 2014, Alexandra ValettaArd­isson fera un premier pas vers le devant de la scène en étant élue conseillèr­e municipale sur la liste de Jérôme Viaud (LR) à Grasse. Dès l’âge de 16 ans, elle s’était retrouvée encartée chez les Avec sa mère et son petit frère, sur la plage des Ondes au Cap d’Antibes. jeunes RPR. « Ma mère, secrétaire de la section d’Antibes, m’avait inscrite d’office… » De sa collaborat­ion passée avec Michèle Tabarot, elle conserve une affection pour sa désormais collègue, qu’elle croise «avec plaisir et respect », soulignant «la difficulté pour une femme de s’imposer en politique ». Aurait-elle pu se présenter contre elle, dans la 9e circonscri­ption ? Elle réfléchit... « S’il n’y avait pas eu d’autre possibilit­é, je l’aurais affrontée, parce qu’à un moment il faut assumer ses choix, tranche-t-elle, mais j’ai tout fait pour qu’on n’arrive pas à cette extrémité.» Longtemps, la députée marcheuse avoue sans fard avoir considéré la politique «davantage comme un travail que comme une conviction ». « C’est Emmanuel Macron qui a été le déclencheu­r de ma prise de conscience politique, note-t-elle. J’ai vu quelqu’un qui incarnait des idées dans lesquelles je me retrouvais. » Elle n’en était pas encore à s’imaginer députée. Ayant démissionn­é du conseil municipal de Grasse, elle a été conviée à une réunion d’En marche ! où Laurence Haïm, porte-parole du candidat, l’a incitée à être candidate avant, visiblemen­t, d’appuyer sa candidatur­e.

«Je fonctionne à l’affectif et à l’intuitif, indique la députée, j’ai donc cru à ma réussite. D’autant que dans la 4e circonscri­ption, Xavier Beck faisait l’objet de rivalités dans sa famille politique, tandis qu’Olivier Bettati ne faisait pas l’unanimité dans l’électorat FN.» Elle sera élue face à ce dernier avec 52,74 % des voix au second tour. Aujourd’hui, elle ne regrette rien de son engagement, au contraire: « Je suis plus que jamais convaincue qu’Emmanuel Macron est l’homme qu’il faut à la France et à l’Europe, tandis qu’Edouard Philippe gère le gouverneme­nt avec classe et intelligen­ce. La France est vue

différemme­nt, à présent .» Son agenda étoffé – avec devant elle le projet de loi sur la politique migratoire dès la reprise parlementa­ire – lui laisse juste un peu moins le loisir de sacrifier à ses plaisirs favoris: déambuler autour du phare de la Garoupe et à la Fondation Maeght. «Deux endroits qui m’apaisent», dit-elle.

 ??  ?? Les mêmes, un peu plus vieux, dans l’arrière-pays avec leur père cette fois. Avec ses parents, grands-parents et arrière-grand-père dans le logement du lycée Audiberti à Antibes. Le jour de son mariage avec Philippe, le  juillet .
Les mêmes, un peu plus vieux, dans l’arrière-pays avec leur père cette fois. Avec ses parents, grands-parents et arrière-grand-père dans le logement du lycée Audiberti à Antibes. Le jour de son mariage avec Philippe, le  juillet .
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(Photo Jean-François Ottonello) Alexandra Valetta-Ardisson, la vie à pleines dents.

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