La Fédération de pêche en mer à la rescousse du thon rouge
Les membres de l’association prônent « une pêche éthique et durable ». Ils ont lancé un projet pour aider les scientifiques grâce aux techniques de marquage en « catch and release »
Contribuer efficacement à la recherche sur le thon rouge en aidant la communauté scientifique. Voilà le projet phare de la jeune Fédération de pêche en mer de Monaco. Cette association a été lancée – ou plutôt relancée – il y a moins d’un an par deux amis passionnés de pêche et du monde maritime très concernés par la protection et la préservation de la mer et de ses espèces. David Gamba et Guillaume Benoît, respectivement président et viceprésident, ont eu l’idée de reprendre cette Fédération inactive depuis 1991. Six membres, qui adhèrent tous au projet, prennent désormais part à l’aventure. «Notre objectif est de prôner une pêche éthique et durable en permettant aux pêcheurs de la région de se mettre au service de la communauté scientifique », explique Guillaume Benoît, le vice-président. La Fédération de pêche en mer aura pour vocation de sensibiliser les pratiquants de la pêche sportive et les jeunes générations aux techniques de marquage en «catch and release» (pêche qui consiste à relâcher les prises capturées, tout en collectant des donnés scientifiques). Ces données sont nécessaires pour une préservation efficace des espèces.
« Tag satellite » et «tag conventionnel»
En Méditerranée, depuis une dizaine d’années, la mise en place de protections spécifiques du thon rouge a permis à cette espèce de revenir en abondance au large des côtes monégasques. La Fédération – en coopération avec la Fondation Prince Albert II de Monaco, la direction des Affaires maritimes, la direction de l’Environnement monégasque ainsi que le WWF international – a débloqué des fonds pour réaliser en 2018 un projet de marquage du thon rouge qui servira la communauté scientifique. «L’objectif du projet de marquage satellite est de montrer que l’on est sur une zone de reproduction de l’espèce. C’est notre conviction. » Le « tag satellite » est un outil ultra-performant, qui coûte 4 000 euros à l’unité. Il enregistre énormément de données précises : taux de gras du poisson, profondeur atteinte, trajectoire, zones de passage, température de l’eau… Tous les éléments propres à l’espèce sont sauvegardés et un satellite peut les collecter une fois que le « tag » remonte à la surface après s’être «fait naturellement éjecter» du poisson. Cela peut prendre entre 6 mois et un an. Ces données devront ensuite être retransmises à l’ICCAT (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique et les mers adjacentes). Grâce à cela, des scientifiques pourront étudier cette espèce avec précision. « Avec ces mesures, nous espérons aussi pouvoir collaborer avec le Musée océanographique de Monaco. Ce n’est qu’une idée pour l’instant, mais nous pourrions retracer le parcours précis du thon rouge de Monaco», confie Guillaume Benoît. Il existe aussi des marquages plus classiques appelés des «tags conventionnels » : « Ils ont un rôle informatif. Si par exemple un pêcheur attrape un poisson avec ce tag, il doit remonter l’information et relâcher le poisson». Grâce au numéro de chaque tag et une fiche associée, les données de base (taille, poids, date de marquage…) du thon sont connues et peuvent être complétées s’il est à nouveau capturé. * WWF (Fonds mondial pour la nature) est une ONG internationale.