Splendide Orchestre Philharmonique de Vienne!
Il s’est produit sous la baguette du chef d’orchestre Gustavo Dudamel, hier soir, dans un Grimaldi Forum archi-comble, faisant triompher la Symphonie Fantastique de Berlioz
Quoi, nous avions hier soir, devant nous, «en vrai», en chair et en os, l’Orchestre Philharmonique de Vienne – l’orchestre que chaque année nous entendons à la télévision pour le Concert du Nouvel An ? Cela tenait du rêve. Il était là, oui, dans toute sa splendeur, dans la Salle des Princes du Grimaldi Fo um. La salle était archi-comble. Depuis des mois, des listes d’attente avaient été constituées, tant la demande avait été forte. Dès son entrée, l’orchestre a été puissamment applaudi. On accueillit comme un souverain ce mythique Philharmonique. Il s’installa à sa façon curieuse, les seconds violons à droite, les contrebasses à gauche. Puis, comme un bonheur ne vient jamais seul, on a vu arriver en scène celui qu’on peut considérer comme le chef d’orchestre star de notre époque, Gustavo Dudamel – ce génie qui n’est pas sorti d’une lampe comme Aladin mais des quartiers pauvres de Caracas au Venezuela.
Comme « possédé» par sa musique
En un seul geste, il imposa son autorité. Il avait, comme on dit, « son orchestre en mains ». On comprit qu’il lui obéirait au doigt et à l’oeil. On ne fut pas déçu ! Il déroula le tapis sombre de l’adagio de la 10ème. Symphonie de Mahler, puis se déchaîna dans les débordements de la Symphonie Fantastique de Berlioz. On le sentait vibrant, comme « possédé » par sa musique. Et cette vibration, il la communiquait à tout son orchestre, jusqu’au dernier pupitre, là où les percussionnistes font rouler des orages. L’orchestre était superbe, déployant un camaïeu de couleurs veloutées, un luxe de contrastes, une rare puissance sonore, faisant preuve d’une cohésion exemplaire, nous offrant au milieu de la symphonie de Berlioz une valse d’un chic fou. On n’en attendait pas moins de l’orchestre viennois ! Cette Symphonie Fantastique, nous l’avions entendue magnifique en décembre par notre Philharmonique de Monte-Carlo. Nous avions alors écrit que c’était l’une des plus belles versions que nous ayons entendues de cette symphonie. Nous ne retirons rien de cette appréciation. Simplement, hier, nous en avons entendue une autre. On était à nouveau dans l’exceptionnel. Chanceux que nous sommes ! On ne l’oubliera pas… (Photos Jean-François Ottonello)