Cancer du sein: les bienfaits de l’acupuncture reconnus À la une
La preuve vient d’être apportée que l’acupuncture agit très efficacement contre les effets secondaires de l’hormonothérapie
Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas une ultime thérapie innovante qui occupait le devant de la scène de la grandmesse des spécialistes du cancer du sein – «The San Antonio Breast Cancer Symposium » – mais une pratique enracinée dans la tradition médicale chinoise, l’acupuncture. Le Pr Jean-Marc Ferrero, responsable des essais cliniques au centre anticancer Antoine Lacassagne à Nice, faisait partie du public qui applaudissait la présentation d’une étude d’envergure sur les bénéfices de cette médecine millénaire. Il explique les raisons de son enthousiasme. «C’est la première fois qu’une étude, à la méthodologie irréprochable, apporte la preuve de l’efficacité de l’acupuncture contre l’arthralgie [douleurs articulaires, ndlr]. Les bénéfices à attendre sont très importants, sachant que ces effets secondaires très fréquents et très handicapants de l’hormonothérapie, amènent un grand nombre de patientes traitées pour un cancer du sein, à suspendre ce traitement, parfois sans même en parler à leur oncologue. Avec le risque de récidive quelques années plus tard.» Pour évaluer les effets de l’acupuncture, les chercheurs ont divisé les participantes à cet essai (des femmes ménopausées traitées par hormonothérapie pour un cancer du sein) en trois groupes : «Le premier était traité par acupuncture, pendant que d’autres femmes suivaient de «fausses» séances d’acupuncture avec des aiguilles placées de manière aléatoire. Ces séances se déroulaient au rythme d’une par semaine, pendant six semaines. Un troisième groupe ne bénéficiait d’aucun traitement.» À l’issue de la période de traitement, près de 60 % des patientes appartenant au premier groupe voyaient leurs douleurs articulaires diminuer de façon importante. Des résultats beaucoup plus faibles étaient obtenus pour les deux autres groupes.
« Nous y viendrons »
Le centre Antoine Lacassagne, à l’instar d’autres établissements, avait « devancé l’appel», en intégrant déjà l’acupuncture dans l’arsenal thérapeutique. «Mais cette étude d’envergure nous permet désormais d’envisager le (Photo N. C.) développement, à côté des traitements classiques, de cette thérapie non médicamenteuse et à terme d’autres approches efficaces comme la méditation, la sophrologie, la relaxation…» Évolution réjouissante de la médecine : on s’éloigne chaque jour davantage d’une vision du corps humain comme une machine faite de pièces distinctes, interchangeables et réparables, pour une approche holistique de la santé. « Elle est nécessaire. Concernant le cancer du sein, on a atteint aujourd’hui des taux de guérison extrêmement hauts. À ce stade, on peut envisager la désescalade thérapeutique, mais il faut être prudent pour ne pas perdre les bénéfices des traitements. Grâce aux approches non médicamenteuses, on peut diminuer de façon significative les effets secondaires et éviter ainsi l’abandon des traitements. » Rappelons qu’en France, l’acupuncture ne peut être exercée légalement que par un docteur en médecine. Ce cadre légal explique-t-il, au moins en partie, l’accueil très positif qui lui est accordé? Le Pr Ferrero en convient. « Elle ne sort pas du giron médical… Les autres approches, pratiquées par des non-médecins sont plus difficiles à accepter… Mais nous y viendrons ! »