Monaco-Matin

Un nouveau souffle

- JEAN-MARC PONTE

(Photo Sébastien Botella)

On est le 30 octobre dernier. Slavisa Djukanovic, ancien joueur du Cavigal termine son entraîneme­nt avec son club du Pays d’Aix. «Une séance basique», selon le principal intéressé. Trente, quarante minutes de travail dans la cage pour le gardien, des étirements, et puis plus rien. « Micha » est victime d’un malaise cardiaque et ne se réveille que trois jours après, dans l’hôpital de Marseille, où il avait été transféré. Deux mois plus tard, le géant serbe est déjà sur pied, sans séquelle mais toujours avec le grand sourire qui le caractéris­e. Ce qu’il reste de ce lundi ? « Pas grand-chose. » Il essaie de raconter : « Je m’allonge sur le parquet pour commencer à m’étirer puis quand je ferme les yeux... plus rien. Je me suis réveillé à l’hôpital, trois jours après avoir été plongé dans un coma artificiel. J’étais surpris, je me suis demandé ce que je faisais là mais ça allait. Quand j’ai ouvert les yeux, mon fils (ndlr : 7 ans) a demandé si on pouvait enfin manger quelque chose ! (rires).» Si le natif de Belgrade ne perd pas son sens de l’humour, le ton redevient plus sérieux lorsqu’il s’agit d’aborder les deux femmes de sa vie : sa fille de onze ans et sa femme, Jelena. La petite a tout compris et paraissait « vraiment triste » .Son épouse, elle, « est restée forte », bien que naturellem­ent perturbée. « Quand le médecin conseille d’appeler la famille en Serbie pour qu’elle vienne, peut-être, me voir pour la dernière fois, ça fait forcément quelque chose...» Finalement, le paternel est resté sur pied. Presque par miracle, il s’en est sorti, sans véritable répercussi­on, si ce n’est un défibrilla­teur implanté, qu’il gardera à vie. Une situation cocasse sur laquelle Djukanovic plaisante encore : «Quand je rentre dans un magasin, ça sonne. Au début, les vigiles me demandaien­t ce qu’il se passait. Maintenant, ils me disent presque : “Prenez ce que vous voulez !”» Cet appareil pourrait, une nouvelle fois, lui sauver la vie, si un accident similaire devait arriver. Désormais, le gardien de 38 ans attend des nouvelles des médecins qu’il doit rencontrer le 15 février, pour un test-effort. « C’est vraiment long, témoigne-t-il des fourmis dans les jambes. J’aimerais au moins reprendre la course mais peut-être qu’ils me diront que ce n’est pas possible. » Pour l’heure, le vice-champion de France 2016 (avec le Saint-Raphaël VHB) a repris le vélo, à raison de trois fois par semaine. Il est également présent avec ses coéquipier­s, tous les jours, et entraîne même les autres portiers aquisextai­ns. Les probables prémices d’une reconversi­on, puisque le souhait de Slavisa est de « partager son expérience », chez les pros ou avec les jeunes, même s’il n’a pas tiré un trait définitif sur sa carrière de joueur. Une carrière déjà bien remplie, depuis 2002 et son arrivée sur la Côte d’Azur, en provenance de Serbie. Le Cavigal Nice Handball (alors en Nationale 1) était une réelle opportunit­é pour celui qui arrivait de l’Epoksid Priboj, bien installé en première division dans son pays. Depuis son arrivée dans l’Hexagone, seize années se sont écoulées. Seize années à progresser, constammen­t, sans s’arrêter, à force de travail et de déterminat­ion. «Au début, je ne comprenais pas tout, la mentalité était différente et j’ai dû prendre un peu de temps pour comprendre comment ça marchait, se souvient-il. C’est tout doucement que j’ai continué à avancer, année après année.» Avancer pour presque arriver au sommet, puisque, avec Saint-Raphaël, il échoue au pied du titre de champion de France en 2016 et perd trois coupes de la Ligue en 2010, 2012 et 2014. « C’est peutêtre ce qui m’a manqué », acquiesce-til sans ne jamais désespérer. « Je suis passé juste à côté mais je sens qu’un jour, ça va payer. Je ne sais pas si ce sera en tant qu’entraîneur en élite ou en région, si ce sera par l’intermédia­ire de mes enfants... Je ne sais pas où, mais il est là (il regarde autour de lui).» Un titre qu’il glanera en France, à n’en pas douter. Après toutes ces années, l’ancien joueur de Bordeaux se sent plus que jamais Français. Son deuxième enfant y est d’ailleurs né et possède donc la double nationalit­é. «Souvent, il nous dit : “Vous êtes de faux Français, alors que moi, je suis un vrai!”», s’amuse-t-il. Le blagueur prévenait: « Avant de me voir, les gens pensent rencontrer Casper. Finalement, ils se rendent compte que je vais bien. » Effectivem­ent, Micha est requinqué. Il reste désormais à attendre février pour savoir s’il pourra reprendre son activité.

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Slavisa Djukanovic, ici lors du match hommage à Maxime Candau, à Vence le weekend dernier.

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