Le diesel cale
La part du gazole parmi les voitures neuves est passée sous la barre des 50 % en 2017. Une première depuis l’an 2000. Signe d’une profonde mutation du secteur automobile
Le diesel n’est plus majoritaire parmi les voitures neuves. La fiscalité, les scandales, les progrès des moteurs essence ont plombé le « diesel roi ». De leur côté, l’hybride et les transports individuels doux gagnent du terrain.
La fin d’une époque, peut-être. Le signe d’une mutation profonde, sans doute. Non, le diesel n’est plus le roi des routes françaises. Du moins, pas parmi les voitures particulières neuves. En 2017, la part des modèles diesel dans cette catégorie est passée sous la barre symbolique des 50 %. Une première depuis l’an 2000. Ce, alors que, en 2012 encore, trois voitures neuves sur quatre carburaient au gazole ! En 2017, ce dernier a représenté 47,3 % des ventes en France, doublé sur la ligne d’arrivée par l’essence (47,6 %). Certes, le marché a nettement progressé dans sa globalité (+4,74 %), avec 2,11 millions de voitures immatriculées. Mais la chute du diesel reste vertigineuse. Quoique guère surprenante. « Nous avions anticipé ce dépassement du diesel par l’essence en 2020. Cela est arrivé plus tôt que prévu, mais la vague de fond était là, analyse François Roudier, porte-parole du Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA). On va vers une décarbonisation de notre monde, avec moins de consommation de pétrole. Dans le futur, il va falloir s’habituer à un élargissement de la catégorie électrique et hybride. »
« Le marché s’est retourné »
Cette tendance nationale se traduit sur la Côte d’Azur. En particulier chez les petits véhicules, qui ont vu la proportion diesel/essence « s’inverser totalement. Le marché s’est retourné en deux ans. Le diesel représentait près de 90 % des citadines ; désormais, il est quasi inexistant sur ce créneau », constate Pierre Cornillon, responsable marketing du groupe Mozart Autos, distributeur automobile qui couvre Alpes-Maritimes et Var. Autres temps, autres moeurs. Désormais, « le constructeur oriente d’emblée le consommateur vers l’essence, l’électrique, l’hybride, explique Pierre Cornillon. Sur le reste de la gamme, on a senti un changement total de mentalité l’an dernier. à force d’entendre les médias rabâcher : “Le diesel, c’est nocif, ça va augmenter...”, les gens sont venus aux ventes de fin d’année en disant d’emblée : “Je veux de l’essence” ou “Je veux de l’hybride” ». Conditionnement marketing, peut-être. « Acte citoyen » envers la planète, aussi. Mais «le facteur déclenchant reste la fiscalité ». L’augmentation de +7,6 % à la pompe en début d’année (deux fois plus que pour l’essence) a porté une nouvelle estocade au gazole roi. Le souverain déchu n’avait pas vraiment besoin de ça, entre le « dieselgate » et la fin, annoncée par Nicolas Hulot, de sa commercialisation en 2040.
Révolution(s)
Hormis chez les gros rouleurs, le diesel a du plomb dans l’aile. Et ses malheurs font le bonheur de l’hybride, même si cet appétit pour le « bio de l’auto » doit être rationalisé, selon Pierre Cornillon. «Ilya de tout dans l’hybride. Y compris des modèles où le moteur électrique sert surtout d’argument commercial. Alors certes, c’est l’avenir. Mais la révolution, ce sera la voiture sans chauffeur... » Pour François Roudier, « ces deux résolutions vont de pair ». Des révolutions aux enjeux colossaux : « La filière auto investit 5 milliards d’euros par an en recherche et développement ». D’où les rapprochements entre géants du secteur. En attendant, le consommateur trace sa route. De moins en moins diesel, mais de plus en plus électrique.