Vérove : « Fred était hors du commun »
Jimmy Vérove, l’entraîneur des filles du Cavigal, et Fred Forte se connaissaient depuis l’âge de 5 ans : ils évoluaient ensemble en poussins, à Caen, où sévissait le père de Jimmy, Yves-Marie. Quelques années plus tard, Forte et Jimmy Vérove furent de l’épopée légendaire du CSP, champion d’Europe des clubs champions à Athènes en 93. Vérove - fort défenseur, arrière-ailier incisif - était revenu en 1992 à Limoges, son club formateur. Nous l’avons appelé pour évoquer la triste actualité du CSP.
Jimmy, vous étiez à la cérémonie en hommage à Fred Forte à Beaublanc.. Ce qu’a fait Limoges pour Fred, c’est extraordinaire, c’est Beaublanc, c’est Limoges… Dans ce grand malheur, c’est là où on voit la qualité des gens et l’amour des Limougeauds pour ce club.
Si vous deviez résumer la présidence de Fred Forte au CSP ? Tout a commencé par un coup de fil d’André Sardin (ancien dirigeant du CSP), qui cherchait l’homme providentiel quand le CSP était au plus bas (tombé en N). Fred Forte était jeune, dynamique, il s’est imposé en tant que chef d’entreprise. Il était omniprésent et exceptionnel. Au départ, il a essayé d’être coach, c’est quelque chose qui lui tenait à coeur. Il était président et entraîneur à la fois. Il faut oser, ça montre la personnalité qu’il était. Il s’est licencié par lui-même ! Fred était un personnage hors du commun, passionné, intelligent, malin. Il laisse un grand héritage. Il y a eu des montées, des descentes, de grandes équipes, des frasques, il avait même écrit une lettre à lui-même sur les réseaux sociaux, dans laquelle il mettait en porte-à-faux la fédé. Aujourd’hui, il laisse aussi un grand vide pour ses meilleurs ennemis, comme Béral (le président de la Ligue).
« L’amour du maillot »
L’interception sur Toni Kukoc en finale de la Coupe d’Europe des clubs champions , ça résume qui était Fred Forte... Oui, il prend un risque énorme et au final c’est un triomphe. Le risque de donner lancers-francs, car c’est une erreur défensive au départ. On ne l’a pas vu du match, et il sort son bras; ça résume plein de choses : Fred, il a mis des bombes un peu partout, ça passait ou ça cassait.
Limoges pourra-t-il se relever de sa disparition ? Fred laisse un très grand vide, mais personne n’est irremplaçable. Limoges a gagné sa première coupe d’Europe en . Le CSP a eu pas mal de grands présidents, Biojout, Popelier... Le jour où il n’y a plus de public à Limoges, il n’y a plus de basket. Il faut retrouver quelqu’un de passionné, qui a envie d’avancer. Pau a résisté à la retraite de Pierre Seillant. Antibes est toujours là. Il ne faut pas oublier que Limoges est l’endroit le plus extraordinaire en France pour parler basket. Fred est parti alors qu’il venait de déléguer un peu, avec son ami Olivier Bourgain (directeur sportif). Le CSP Limoges / ? L’équipe a été bien construite. Ils sont repartis sur une équipe plus franchouillarde et des joueurs de combat, des jeunes, ou artistes, un coach en devenir (Kyle Milling). Avec ce genre d’équipe, tu sais que tu ne feras pas moins bien que l’année d’avant. Ce n’est pas possible… À un moment donné, il fallait redonner un esprit de combat, l’amour du maillot, car malgré deux années catastrophiques, le public était toujours là. Le petit puzzle est sympa. Cette équipe peut-elle jouer le titre ? Pourquoi pas. Au printemps, ça se jouera beaucoup sur la fraîcheur (...).
« Fabuleux Robinson »
L’AS Monaco, à vos yeux ? Un grand coach, des moyens, une structure. Un petit public maintenant qui s’est installé, c’est vraiment bien. Ils ont fait revenir Cooper… On le disait forte tête à Gravelines, à Monaco c’est un joueur complémentaire. Ils ont Robinson, qui est fabuleux de chez fabuleux… Amara Sy est toujours là pour gérer, Gladyr peut monter en puissance à n’importe quel moment. Evans c’est la trouvaille, Joseph c’est le joueur de l’ombre très utile, Paul Lacombe aujourd’hui c’est le niveau équipe de France, très talentueux et complémentaire des autres. L’équipe a été très bien pensée. Ali Traoré, qui rentre, il fera comme les autres, il va se mettre au diapason. Il rejoint ses copains. Cela veut dire aussi qu’il y a une équipe de potes.
Peut-on comparer Mitrovic au Boja Maljkovic de , au niveau de l’exigence... Ouf, non... Maljkovic, c’est une époque révolue, une philosophie qu’il serait impossible de mettre en place aujourd’hui. L’éducation et les mentalités ne permettent plus ça aujourd’hui. Le sacrifice ultime de soi-même... Mitrovic est un coach d’exception, c’est la même école, mais je pense que Mitrovic est souple à côté de Boja !
Le fils de Jimmy Vérove, Jammy, évolue dans les rangs des Espoirs du CSP Limoges. Lever de rideau Monaco - Limoges Espoirs à 15 heures à Gaston-Médecin.