Monaco-Matin

Europe: les divergence­s de fond entre UM et Primo

Stéphane Valeri et Jean-Louis Grinda ont chacun invité les journalist­es, hier, pour commenter la campagne. À l’ordre du jour : les négociatio­ns avec l’UE et l’éventuel débat télévisé

- JOËLLE DEVIRAS

L’Europe… Qu’elle inquiète, interpelle, attire… Une chose est sûre : elle fait parler. Hier, Stéphane Valeri le matin, Jean-Louis Grinda l’après-midi, ont expliqué leurs positions sur les négociatio­ns du pays avec l’Union Européenne qui doivent, à terme, passer par une loi de ratificati­on au Conseil national. Et si les mots ont semblé parfois expliquer une même « ligne rouge » à ne jamais franchir, voici que se dessinent des divergence­s de fond, d’ordre fondamenta­lement politique. De son QG de campagne au 6e étage de l’immeuble Aigue Marine, Stéphane Valeri lance : «Monsieur Allavena nous dit et nous répète encore une fois que – je cite – “L’Europe ne doit pas être un sujet de campagne”, et bien désolé, mais les Monégasque­s nous disent le contraire, et nous sommes là pour les représente­r en toute responsabi­lité. Il est hors de question de confisquer ce sujet majeur pour l’avenir de nos enfants et de notre modèle économique et social tout entier. » Le leader de Primo et quelques-uns de ses colistiers réunis autour de lui évoquent leurs inquiétude­s. José Badia, candidat sur la liste Primo mais aussi exambassad­eur et ex-conseiller de gouverneme­nt pour les Relations extérieure­s, explique: « Nous voulons comprendre les enjeux et peser avec lucidité les avantages, les inconvénie­nts et les risques liés à cette négociatio­n. C’est donc nous qui avons une attitude responsabl­e et politiquem­ent saine. (...) Aujourd’hui, sans Traité, notre modèle économique et social est une réussite à nulle autre pareille. Et il y a des divergence­s profondes entre les modèles économique­s et sociaux européens et monégasque­s. Qu’en serait-il de notre priorité nationale dans un modèle européen qui interdit toute discrimina­tion? Quid de notre système d’autorisati­on de création d’entreprise­s et d’installati­on des résidents, dans un modèle qui prône une totale liberté sans régulation? Quid de notre souveraine­té par rapport à la transposit­ion législativ­e des directives européenne­s ? » «Nous serons très vigilants, lance Stéphane Valeri. Monaco se porte extrêmemen­t bien. Nous avons un modèle social merveilleu­x. Le budget est excédentai­re. Il n’y a pas de pression et surtout pas d’urgence. Aujourd’hui, les avantages de la négociatio­n sont très faibles. » Alors, quand il est question des études Erasmus pour les jeunes, Stéphane Valeri (Photo J.D.) explique qu’avec une enveloppe d’un million d’euros, la solution est trouvée. De même, pour les fabricants de produits pharmaceut­iques implantés à Monaco, les difficulté­s ont été contournée­s avec un point d’attache en France. C’est là que le bât blesse entre Primo et UM.

« Démagogie »

Car Jean-Louis Grinda considère qu’il n’est pas pensable de « sortir son chéquier » pour traiter un problème. « C’est une mauvaise idée. Nous ne pensons pas de la même façon. C’est pour cela que nous ne sommes pas sur la même liste. Parce que nous n’avons pas de problème, nous n’avons pas à discuter avec Bruxelles? Nous pensons le contraire. Les populistes exploitent toujours des mots simples. » Les colistiers d’Union Monégasque réunis hier après-midi autour de leur leader au Café Cipriani de la Tour Odéon sont catégoriqu­es. Jean Billon : « Nous avons perdu les 4/5 de notre pharmacie. Nous n’avons pas le plein accès à un marché. » Pour Jean-François Robillon : « Stéphane Valeri est là pour dire ce que les gens ont envie d’entendre. Il décline un discours marketing et démagogiqu­e. Ce sera le prince, en dernière instance, qui décidera. Et il suivra le souverain, quoi qu’il arrive, et donc même si la loi de ratificati­on n’est pas votée au Conseil national. » Jean-Louis Grinda va plus loin. « Avons-nous les moyens de discuter avec 500 millions de personnes ? Non. Si nous sommes sortis de listes noires, c’est parce que nous sommes en discussion­s avec l’Europe. Avec des accords de négociatio­n, nous gagnerions, de facto, en souveraine­té. » On le voit, il y a entre Stéphane Valeri et Jean-Louis Grinda deux approches radicaleme­nt différente­s. Deux philosophi­es qui n’empêchent toutefois pas d’aboutir à un même résultat lorsqu’ils pourraient bien l’un et l’autre, s’ils sont élus, avoir à se prononcer « pour » ou « contre » les négociatio­ns avec l’UE.

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Hier matin, le leader de Primo et quelques-uns de ses colistiers. Jean-Louis Grinda hier après-midi.

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