Monaco-Matin

« Jamais impression­né »

Ses ambitions, son calme à toute épreuve, sa Martinique : Patrick Burner se confie à Nice-Matin

- VINCENT MENICHINI

Il ne fait pas de bruit, ne déçoit jamais quand Lucien Favre fait appel à lui. A  ans, Patrick Burner prend peu à peu à ses aises au sein du collectif niçois, dont il anime le côté droit avec énergie depuis la blessure d’Arnaud Souquet. Un intérim qu’il vit sans pression. « Je ne sais pas ce que c’est, s’amuse-t-il. Avant les matchs, j’ai du bon stress. » C’est sans doute ce qui lui a permis de se relever d’une première mi-temps ratée contre Monaco, en Coupe de la Ligue. Encore perfectibl­e sur le plan tactique et celui de la concentrat­ion, le Martiniqua­is, arrivé à Nice à l’âge de  ans, voit grand pour son club et pour lui. Discret mais ambitieux, le Pat’ ! Son parcours « J’ai quitté la Martinique à  ans pour Drancy. Je ne suis resté qu’une saison, là-bas, en U. J’étais surclassé. J’ai rejoint ensuite Fréjus/Saint-Raphaël car il y avait plusieurs clubs profession­nels autour, dont l’OGC Nice. J’étais seul, j’avais  ans. Il y a parfois eu un sentiment de manque, des coups de mou, lorsque je pensais à la famille, à la Martinique, mais je savais pourquoi j’étais là. Je n’ai jamais pleuré. »

L’arrivée à Nice « C’est lors d’un match en U avec Fréjus que l’OGC Nice m’a repéré, alors qu’au départ, les recruteurs suivaient un coéquipier. Mais j’avais fait un gros match, avec un but à clé. Je jouais ailier droit. En face, il y avait Albert, Ranieri et le coach Faé. J’avais d’autres clubs dont Sochaux et Toulouse, mais quand Nice m’a proposé de faire une journée de détection, je n’ai pas hésité. Je savais qu’ici, on faisait confiance aux jeunes. Je n’ai jamais eu à le regretter. »

Le contrat profession­nel « Quand j’ai signé à Nice, c’était devenu mon objectif. Avant c’était un rêve. Si le club m’a pris, c’est que j’avais des qualités. J’ai débuté en U avec le coach Malaspina. Il m’a donné beaucoup de confiance. J’ai appris plein de choses au centre de formation avec le coach Pirès également. J’ai fait d’énormes progrès sur le plan mental et dans le domaine tactique. »

Son changement de poste « Je jouais au poste d’ailier. Mes idoles, ce sont Ronaldinho et Zidane, pas des latéraux. Lors d’un match à Cannes en U, l’arrière droit se blesse et le coach Malaspina me fait reculer d’un cran pour dépanner. Il restait vingt minutes de jeu. Je n’ai pas arrêté de prendre le couloir. Ça a donné des idées à mes entraîneur­s, comme ce fut le cas pour Jordan Amavi. Au départ, je n’étais pas trop emballé. Arrière droit, ça ne fait pas rêver quand tu es enfant. Aujourd’hui, je prends beaucoup de plaisir. Je regarde les performanc­es de Marcelo et Alves. Ils jouaient ailiers, eux aussi. Ce sont des sources d’inspiratio­n. Ils sont vifs, techniques. Le style brésilien, ça me plaît bien. J’ai regardé des vidéos de Roberto Carlos, c’était quelque chose lui aussi. » Sa marge de progressio­n « Je dois encore m’améliorer dans le domaine tactique, être plus concentré par moments. Le placement, c’est essentiel à ce poste. »

Claude Puel « C’est avec lui que j’ai effectué mes premières séances en profession­nel. Je m’en souviens très bien. J’avais fait équipe avec Hatem Ben Arfa, on avait gagné. Lui, c’était incroyable ce qu’il faisait balle au pied. Quand il prenait le ballon et commençait à dribbler, personne ne pouvait l’arrêter. Je n’osais pas trop le tacler (rires). Les premiers temps, j’étais très timide, dans mon coin. Mais j’ai pu compter sur Alassane (Plea) ou Papy (Mendy) pour être plus à l’aise. Avec le coach Puel, j’ai progressé dans mon jeu vers l’avant, les prises de balle. »

La Martinique « C’est là-bas que je me sens le mieux. C’est chez moi, il y a toute ma famille, mes amis. Ça me manque parfois. A  ans, j’ai commencé le foot, dans la rue, pour m’amuser. On ne pensait qu’à dribbler, à marquer des buts. Je pensais déjà à devenir pro, mais ça paraissait très loin. Il y a trois clubs qu’on suit là-bas : Marseille, Lyon et Paris. Je préférais le PSG car il y avait Ronaldinho. Lors des vacances d’été, je rentre un mois en Martinique. Je profite de la plage, celle de Sainte-Anne est ma préférée. Je suis très fier de mon parcours. Ç aaétéun combat de tous les jours. Dans ma chambre, j’avais écrit une phrase d’Aimé Césaire que m’avait soufflé un formateur : “A force de regarder les arbres, je suis devenu un arbre.”»

Son tempéramen­t « Je ne sais pas ce que c’est la pression. Lors de ma première contre Krasnodar, il y avait de l’excitation, du bon stress. Depuis petit, je suis comme ça. Rien ne m’effraie. J’attends ça depuis des années de jouer en pro, alors pourquoi être inquiet ? Je vis ça sereinemen­t. C’est du plaisir. Il peut y avoir n’importe qui en face de moi, je ne suis jamais impression­né. L’adversaire est fait comme vous et moi, non (sourires) ? Même au Parc des Princes, je n’ai pas ressenti de la pression. C’est une force. Sur le terrain, je ne me pose pas de questions. Il faut prendre des risques, tenter des choses. Dans la vie, je suis posé, tranquille. J’ai juste deux facettes. »

Ses rêves « J’en ai plein. Le premier, c’était d’être pro. Je veux désormais enchaîner les matchs avec Nice, devenir titulaire et aller au plus haut niveau avec mon club formateur. Porter le maillot de l’équipe de France, j’ai ça en tête aussi. C’est normal, non ? A Nice, j’ai la chance de progresser avec Arnaud (Souquet) et Christophe (Jallet). Quand je vois bosser des joueurs comme Dante ou Alassane (Plea), c’est très formateur également. Ce sont des exemples. Plus jeune, je pensais que les soins ne servaient à rien par exemple (sourires). Je fais attention à tous les détails. Le foot, c’est du travail. »

L’OGC Nice « Je tiens beaucoup à ce club qui m’a aussi accompagné dans ma vie d’homme. Je lui en serai reconnaiss­ant à vie. J’ai  ans, je joue en L, il y a un centre d’entraîneme­nt magnifique, des grands joueurs, un président fort sympathiqu­e. Le climat me rappelle celui de la Martinique, parfois. C’est top d’évoluer avec autant de jeunes. Il y a vraiment tout à Nice pour être épanoui. » Les ambitions « On ne sait jamais dit que ça allait être une saison compliquée, même avant ce match à Toulouse. Là-bas, Walter (Benitez) nous fait beaucoup de bien en sortant le penalty. Balotelli ? Un bon gars. Je le prenais à la PlayStatio­n, moi aussi. Là, on rigole ensemble. Il faut que je lui fasse une passe décisive. Contre Saint-Etienne, j’ai cru marquer. Après le match, les gars m’ont dit que j’avais fait une “Hatem”. En Coupe d’Europe, j’y crois aussi. On a les joueurs pour aller en finale. Il ne faut rien lâcher. En Ligue , l’objectif était le top . Là, on est dans les six premiers, alors autant croire au top , voire à mieux. »

Le “clan” des Antillais « On a un bon groupe avec Wylan (Cyprien), Yannis (Clementia), Vincent (Marcel) .IlyaArnaud (Lusamba) qu’on a intégré. C’est moi le boss (rires) !»

Lucien Favre « Il me parle beaucoup. Il donne beaucoup de conseils techniques et tactiques. Il ne m’a jamais lâché. Il est très gentil et attachant. Il ne s’énerve jamais, ça donne envie d’écouter. »

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