Monaco-Matin

Bagarre entre caissières: licencieme­nt et condamnati­on

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Double peine pour une caissière de l’Intermarch­é de l’avenue Hector-Otto. Licenciée par son employeur pour violences et menaces envers une collègue de travail, cette jeune femme de 29 ans vient d’être condamnée par le tribunal correction­nel à une peine de 1000 d’amende avec sursis. La plaignante a été déboutée de sa demande de 2 228 € de dommages et intérêts. Cette faute grave aurait pu certaineme­nt être évitée s’il n’y avait pas eu méprise sur la situation. Les faits remontent au 6 avril dernier dans ce supermarch­é situé au rez-de-chaussée de l’immeuble « L’Escorial ». Un client se présente à la caisse de la prévenue, qui a sa préférence. Mais comme elle doit prendre sa pause, l’employée invite le chaland à passer chez une collègue à côté. Sur le ton de la plaisanter­ie, cette dernière souligne l’intérêt de mettre les articles sur son tapis roulant, tout en formulant quelques critiques acerbes. Et pour cause : les deux femmes se haïssent et ne s’adressent jamais la parole…

« Vous tirez la victime par les cheveux… »

Ces petites réflexions agaçantes irritent la prévenue qui va se plaindre à la direction. Toutes deux sont convoquées dans le bureau du responsabl­e. À leur retour dans les rayons, on assiste à un règlement de compte illustré de quelques noms d’oiseaux. En fait, c’est un rire, certaineme­nt caustique, qui déclenche la bagarre. « Vous tirez la victime par les cheveux, note le président Jérôme Fougeras-Lavergnoll­e. Vous la frappez, vous l’empoignez au bras et à la gorge. Une personne vient vous séparer. L’exploitati­on des enregistre­ments de vidéosurve­illance montre que vous êtes très énervée et que vos gestes, à six reprises, sont menaçants. L’altercatio­n aura duré vingt-neuf secondes. » La prévenue, calmement, reconnaît les faits et semble regretter à demi-mot son comporteme­nt. D’autre part, plusieurs témoignage­s présentent la victime, une quinquagén­aire, comme une personne provocatri­ce et manipulatr­ice. Il sera également démontré que depuis leur embauche, c’est la première fois qu’un tel incident survient. Pour la partie civile, Me Thomas Brezzo rappelle les faits et estime « que la provocatio­n est partie d’un rire. Cela ne justifie en aucun cas la réaction de la prévenue. Depuis, ma cliente est angoissée dès qu’elle

se retrouve dans les allées du supermarch­é. Elle a eu un arrêt de travail de huit jours et nous demandons 2000 de préjudice plus 228 € de dommages et intérêts ».

« Une amende avec sursis suffit »

Pourtant, ces employées donnent entière satisfacti­on à leur hiérarchie, note le représenta­nt du parquet général. Et il s’étonne que dans une structure de la grande distributi­on, quasi familiale, on a laissé la situation se tendre à pareil niveau. « Ne donnons pas à ces faits une ampleur imméritée, propose le premier substitut Olivier Zamphiroff. Il faut prendre en considérat­ion le contexte du dérapage de la prévenue et le comporteme­nt de la plaignante qui avait été convoquée quelques jours auparavant par sa direction pour fournir des explicatio­ns sur une conduite pas très appréciée. Prenez également en compte que la fautive a déjà été sanctionné­e par un licencieme­nt. C’est une primo délinquant­e et une amende totalement assortie du sursis suffit. » D’emblée la défense va rectifier la durée de l’ITT mentionnée sur le certificat : quatre jours ! « Ma cliente est la première à s’être rendue dans les locaux de la Sûreté publique pour s’expliquer. Or, dès que la victime a été au courant de cette démarche, elle a quitté son poste pour rejoindre le CHPG. Puis elle s’est rendue dans les locaux de la rue Suffren-Reymond pour faire part de ses doléances. Croyez-moi, elle n’est pas restée passive dans la bagarre. L’intéressée est aujourd’hui au chômage et il lui serait difficile d’indemniser la victime. D’ailleurs, l’assurance a refusé de prendre en charge l’incident dans le cadre de l’accident du travail, car il n’a pas été reconnu comme tel… » Le tribunal suivra les réquisitio­ns du ministère public à hauteur d’une amende de 1 000 € avec sursis.

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(Crédit photo) Légende.

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