Bagarre entre caissières: licenciement et condamnation
Double peine pour une caissière de l’Intermarché de l’avenue Hector-Otto. Licenciée par son employeur pour violences et menaces envers une collègue de travail, cette jeune femme de 29 ans vient d’être condamnée par le tribunal correctionnel à une peine de 1000 d’amende avec sursis. La plaignante a été déboutée de sa demande de 2 228 € de dommages et intérêts. Cette faute grave aurait pu certainement être évitée s’il n’y avait pas eu méprise sur la situation. Les faits remontent au 6 avril dernier dans ce supermarché situé au rez-de-chaussée de l’immeuble « L’Escorial ». Un client se présente à la caisse de la prévenue, qui a sa préférence. Mais comme elle doit prendre sa pause, l’employée invite le chaland à passer chez une collègue à côté. Sur le ton de la plaisanterie, cette dernière souligne l’intérêt de mettre les articles sur son tapis roulant, tout en formulant quelques critiques acerbes. Et pour cause : les deux femmes se haïssent et ne s’adressent jamais la parole…
« Vous tirez la victime par les cheveux… »
Ces petites réflexions agaçantes irritent la prévenue qui va se plaindre à la direction. Toutes deux sont convoquées dans le bureau du responsable. À leur retour dans les rayons, on assiste à un règlement de compte illustré de quelques noms d’oiseaux. En fait, c’est un rire, certainement caustique, qui déclenche la bagarre. « Vous tirez la victime par les cheveux, note le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle. Vous la frappez, vous l’empoignez au bras et à la gorge. Une personne vient vous séparer. L’exploitation des enregistrements de vidéosurveillance montre que vous êtes très énervée et que vos gestes, à six reprises, sont menaçants. L’altercation aura duré vingt-neuf secondes. » La prévenue, calmement, reconnaît les faits et semble regretter à demi-mot son comportement. D’autre part, plusieurs témoignages présentent la victime, une quinquagénaire, comme une personne provocatrice et manipulatrice. Il sera également démontré que depuis leur embauche, c’est la première fois qu’un tel incident survient. Pour la partie civile, Me Thomas Brezzo rappelle les faits et estime « que la provocation est partie d’un rire. Cela ne justifie en aucun cas la réaction de la prévenue. Depuis, ma cliente est angoissée dès qu’elle
se retrouve dans les allées du supermarché. Elle a eu un arrêt de travail de huit jours et nous demandons 2000 de préjudice plus 228 € de dommages et intérêts ».
« Une amende avec sursis suffit »
Pourtant, ces employées donnent entière satisfaction à leur hiérarchie, note le représentant du parquet général. Et il s’étonne que dans une structure de la grande distribution, quasi familiale, on a laissé la situation se tendre à pareil niveau. « Ne donnons pas à ces faits une ampleur imméritée, propose le premier substitut Olivier Zamphiroff. Il faut prendre en considération le contexte du dérapage de la prévenue et le comportement de la plaignante qui avait été convoquée quelques jours auparavant par sa direction pour fournir des explications sur une conduite pas très appréciée. Prenez également en compte que la fautive a déjà été sanctionnée par un licenciement. C’est une primo délinquante et une amende totalement assortie du sursis suffit. » D’emblée la défense va rectifier la durée de l’ITT mentionnée sur le certificat : quatre jours ! « Ma cliente est la première à s’être rendue dans les locaux de la Sûreté publique pour s’expliquer. Or, dès que la victime a été au courant de cette démarche, elle a quitté son poste pour rejoindre le CHPG. Puis elle s’est rendue dans les locaux de la rue Suffren-Reymond pour faire part de ses doléances. Croyez-moi, elle n’est pas restée passive dans la bagarre. L’intéressée est aujourd’hui au chômage et il lui serait difficile d’indemniser la victime. D’ailleurs, l’assurance a refusé de prendre en charge l’incident dans le cadre de l’accident du travail, car il n’a pas été reconnu comme tel… » Le tribunal suivra les réquisitions du ministère public à hauteur d’une amende de 1 000 € avec sursis.