Une année mouvementée
Le GP La Marseillaise lance traditionnellement la saison en France. Mais le contrôle “anormal” de Chris Froome, sur la dernière Vuelta, plombe cette reprise. Tour d’horizon en cinq questions
. Chris Froome va-til être suspendu ?
« Les règles lui permettent de courir, mais s’il gagne des courses ce sera mauvais s’il est sanctionné ensuite » .La phrase est de David Lappartient, le nouveau président de l’UCI. Ce que l’ancien président de la FFC redoute plus que tout, c’est que l’affaire traîne en longueur. « Je ne sais pas combien de temps ça va prendre mais avec les appels, ça peut durer un an ». Une année où l’ombre du dopage accompagnerait toute performance cycliste. L’affaire est trouble et complexe. Chris Froome a fait l’objet d’un résultat d’analyse dit “anormal” sur la dernière Vuelta (le 7 septembre) qu’il a ensuite remportée. Une concentration de salbutamol (le principe actif de la ventoline) deux fois supérieur au plafond autorisé a été détectée dans ses urines. Le quadruple vainqueur du Tour encourt une sanction pouvant aller de l’avertissement à une suspension de l’ordre de deux ans. Mais la présence du salbutamol n’entraîne pas l’imposition d’une suspension provisoire
à l’encontre du coureur. D’où le risque d’enlisement.
. L’année de Romain Bardet ?
Cette question fait aussi référence à la première. En l’absence de Chris Froome sur la ligne de départ du prochain Tour, Romain Bardet partirait avec le costume de favori. Pour plusieurs raisons : il est déjà monté deux
fois sur le podium (2e en 2016, 3e l’an passé), son équipe s’est encore renforcée (Gallopin, Dillier) et son âge - 27 ans - est le croisement parfait entre maturité et forme physique. Son discours est en harmonie avec les attentes populaires : « Quand on joue pendant plusieurs années la deuxième ou la troisième place, on a envie d’aller voir plus haut
comment ça se passe ».
. Un Français champion du monde ?
La France attend un successeur à Laurent Brochard depuis 21 ans. Ces trois dernières saisons, Peter Sagan s’était réservé le maillot arcen-ciel. Vu le parcours attendu fin septembre en Autriche, le Slovaque devra lâcher sa tunique. Et elle fait des envieux. Notamment chez les Tricolores. Barguil, Bardet, Pinot, et même Alaphilippe, n’ont pas caché leur envie de briller sur l’un des circuits les plus sélectifs de l’histoire des Mondiaux. L’occasion ne se représentera pas chaque année.
. Quels records peuvent tomber ?
A condition de pouvoir le disputer, Chris Froome avait, dès son 4e sacre obtenu sur le Tour, fait part de son ambition de rejoindre Anquetil, Merckx, Hinault et Indurain co-recordmen de victoires dans le Tour (depuis la suppression des 7 victoires d’Armstrong). Il pourrait aussi devenir l’unique recordman de victoire dans le Dauphiné s’il le remportait une quatrième fois. Concernant les classiques, Philippe Gilbert a lancé sa saison médiatiquement parlant avec un slogan ambitieux : “Strive for Five” (se battre pour les cinq). En clair, le Belge vise les cinq monuments du cyclisme. Pour rejoindre Merckx, Van Looy et De Vlaeminck, il lui reste à dompter Milan-Sanremo (2 fois 3e) et Paris-Roubaix. Un sacré défi. Enfin, Peter Sagan deviendra certainement le premier coureur à quatre titres mondiaux. Mais il devra patienter au moins jusqu’en 2019.
. Quelles vont être les révélations ?
La FDJ-Groupama possède deux grands talents de demain. David Gaudu n’a que 21 ans, une seule saison chez les pros, mais déjà un beau petit CV (victoire d’étape au Tour de l’Ain, 9e de la Flèche Wallonne). Avant cela, il avait remporté le Tour de l’Avenir (2016), comme Warren Barguil quatre ans plus tôt... L’autre pépite de la formation de Marc Madiot se nomme Benjamin Thomas. C’est une recrue (Armée de Terre) de 22 ans. Dans l’équipe Continental, il a obtenu des résultats bluffants : victoire d’étape aux 4 jours de Dunkerque et au Tour de Wallonie. Double champion du monde sur piste, il pourrait exploser cette année sur la route.