Monaco-Matin

L’emploi et la réinsertio­n en débat au Départemen­t

- PROPOS RECUEILLIS PAR ANTOINE LOUCHEZ

À l’occasion du colloque «accompagne­r vers l’emploi», la semaine dernière au Palais des rois Sardes, à Nice, le Départemen­t a tiré le bilan de son plan Emploi-Insertion, lancé en 2014. Il sera renouvelé jusqu’à 2020. Focus sur cette problémati­que complexe qu’est la réinsertio­n profession­nelle, avec l’économiste du travail, Nicola Düll, intervenue dans le débat d’idée qui a suivi.

Comment se porte la réinsertio­n, en France? En Europe, je la placerais dans la moitié supérieure. Il est intéressan­t de noter que la crise n’a pas particuliè­rement fait augmenter le chômage de longue durée, en France, contrairem­ent à l’Europe du Sud. Aujourd’hui, sa politique fait partie des plus interventi­onnistes, avec un budget Pôle emploi assez élevé. Elle mise également sur le développem­ent du capital humain, en axant sur la formation. Elle a aussi des programmes comme Garantie jeunes, axés sur les capacités des demandeurs d’emploi, plutôt que sur leurs diplômes. À l’échelle globale, c’est tout simplement le manque d’emploi, contre lequel il n’y a pas de solution miracle. Du point de vue de l’individu, c’est souvent le niveau de qualificat­ion qui pose (Photo A.L.) problème car il ne correspond pas à la demande du marché du travail. Il peut y avoir un manque de flexibilit­é des personnes : il faut être prêt à changer de voie. Il y a aussi des questions de mobilité, de gardes d’enfants, de surendette­ment, ou des soucis d’ordre psychologi­que… Ce sera différent selon les pays et les publics. C’est là tout le travail : bien identifier les freins. Encore une fois, cela va dépendre des endroits. Mais en règle générale, quand le taux de chômage de longue durée est faible, on est sur les problémati­ques individuel­les que j’évoquais. À Munich, par exemple, où il y a du travail, c’est un public très difficile à réinsérer. Je dirais que la France se situe à un deuxième niveau : un problème structurel d’inadéquati­on entre l’offre et la demande. Le troisième échelon, c’est ce que peuvent affronter des pays comme l’Espagne ou la Grèce, où il n’y a tout simplement pas de travail. Il faut une approche individual­isée. Un suivi intensif des personnes, pour voir leurs potentiels et leurs barrières. D’où l’importance du conseiller profession­nel, qui doit avoir une bonne connaissan­ce des mesures possible et du tissu d’emploi local. Cela sous-entend de mettre les moyens des moyens, bien sûr. Le conseiller ne doit pas avoir trop de personnes à suivre. La prospectio­n est importante, aussi. De nombreuses personnes échappent aux services sociaux. Et dans l’ensemble, il faut une vraie coopératio­n entre les services sociaux, Pôle emploi et les employeurs. L’emploi semble reprendre en France, comme en Europe, même s’il y a des divergence­s. Mais il semble bien que nous allons dans le bon sens et que la crise est derrière.

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