Mystère autour d’un cadavre
Les plongeurs de la gendarmerie ont sondé le fleuve Var à la recherche d’indices, tout au long de ce lundi. Après la découverte du corps d’un homme à Utelle, la piste criminelle est envisagée
Un écrin naturel majestueux, au sein duquel serpentent le fleuve Var et la RM 6202. Un ciel grisâtre, qui fait s’abattre des gouttes neigeuses sur les fourgonnettes de la gendarmerie. Voilà dans quel décor évoluent, depuis dimanche soir, des gendarmes en quête de réponses. Ces investigations s’avèreront, peut-être, déterminantes pour lever le mystère autour du cadavre découvert fortuitement, dimanche en fin de journée, sur la commune d’Utelle (nos éditions d’hier). Le théâtre des recherches cachet-il une scène de crime ? C’est l’une des hypothèses explorées par les enquêteurs, qui n’excluent pour l’heure aucune piste. Le point sur ce que l’on sait à ce stade.
La macabre découverte
C’est un motard qui a fait la macabre découverte, dimanche vers 16 h 30. Un homme inanimé gisait en contrebas de la RM 6202 (sens Nice-Digne), sur les berges du Var à Utelle. Mais les sapeurs-pompiers ont rapidement laissé place aux gendarmes. L’homme, âgé C’était fin novembre. Déborah, ans, et Jean-Claude, ans, voulaient convoler en justes noces. Sauf que la justice, à cause de leur trop grande différence, ne les y a pas autorisés. L’enquête est aujourd’hui terminée mais la jeune femme n’ira pas plus loin dans son désir d’union. Elle a souhaité rompre ses fiançailles avec Jean-Claude et elle annule donc son mariage.
Un doute sur leur intention matrimoniale
d’une quarantaine d’années, était en état de raideur cadavérique.
Enquêteurs en renfort
Dimanche, à la tombée de la nuit, les techniciens en investigation criminelle (TIC) de la gendarmerie ont procédé aux premières constatations autour du corps. Un médecin-légiste est intervenu pour permettre la levée de corps, réalisée sous le contrôle de la brigade de recherches de Puget-Théniers. Hier, l’antenne de Fréjus de la section de recherches de Marseille a pris en main l’enquête, venant prêter main-forte aux camarades azuréens. Objectif : mobiliser d’importants moyens pour ne rien laisser au hasard. La gendarmerie se montre, du reste, particulièrement prudent et discrète sur cette affaire. « Les causes du décès sont relativement difficiles à identifier », explique le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre.
Sondages dans le fleuve
Tout au long de la journée d’hier, ils ont évolué dans une eau oscillant entre 3 et 5°C. Les gendarmes de la brigade nautique d’Antibes, En novembre dernier, à la suite de leur dépôt de dossier en mairie de Cagnes pour la publication des bancs, les fiancés ont d’abord été entendus, dans le cadre d’une audition, par un officier d’état civil de la mairie de Cagnes, puis épaulés par leurs homologues varois des Issambres, ont arpenté une portion de 500 mètres avec des détecteurs de métaux subaquatiques. Sondant les côtés du fleuve, mais aussi des vasques de trois mètres de fond. Arme, douilles, documents d’identité... Les militaires ont recherché tout indice susceptible d’orienter l’enquête ou de « fermer des portes ». Rien n’a filtré quant au résultat de leurs efforts. (Photo Sébastien Botella)
une enquête a été ouverte au parquet de Grasse pour juger de la sincérité de leur union. En effet, suite à l’audition, un doute était apparu sur leur intention matrimoniale. La mairie de Cagnes avait alors fait un rapport au procureur de la République qui avait décidé de surseoir au mariage et de faire une enquête « dans le seul but de protéger l’un ou l’autre des conjoints d’un éventuel abus de faiblesse », expliquait alors le parquet de Grasse. La réponse était attendue ce lundi. Mais le mariage n’aura finalement pas lieu car la jeune femme a souhaité rompre ses fiançailles et donc son mariage « pour des raisons qui lui sont propres ». (Photo Christophe Cirone)
Des traces suspectes
Selon le procureur de Nice, le corps était « habillé, partiellement dévêtu ». Il présenterait des traces suspectes « laissant penser à des violences », mais pouvant aussi être liées à une chute, se révéler « post-mortem ou ante-mortem ». Jean-Michel Prêtre rappelle que le premier examen de la dépouille a été réalisé en pleine nuit, et n’entend tirer aucune hypothèse hâtive. Idem quant à la datation du décès. Si le corps était froid, il a été retrouvé dans une zone qui l’est tout autant.
Tout reste ouvert
Accident, malaise, suicide ou meurtre. Telles sont les quatre grandes hypothèses qui se présentent aux enquêteurs. Si aucune n’est exclue à ce stade, les pistes suicidaire et criminelle sont privilégiées à l’accident, « assez improbable » d’après le procureur. La configuration des lieux ne plaide guère en ce sens. Seule certitude : la gendarmerie a mis en oeuvre des moyens dignes d’une affaire criminelle. Quitte à réduire la voilure par la suite. Le corps a été découvert en contrebas de la RM 6202, dans une zone « peu passante » et d’accès compliqué. Dans un scénario criminel, le corps pourrait aussi bien avoir été laissé sur place que déposé à cet endroit, souligne le procureur. La victime a finalement été identifiée hier. Elle n’habite pas les AlpesMaritimes. Une autopsie sera pratiquée dans les prochains jours.