Jean-Marie Le Pen publie ses mémoires de combats
De son enfance bretonne à la fondation du Front national en 1972, le Menhir livre le premier tome de ses souvenirs. Il y défend ses engagements, tout en prenant soin d’adoucir son image
Qu’on l’apprécie ou qu’on le vomisse, il faut rendre cette justice à Jean-Marie Le Pen : il manie bien la plume et sa vie se lit comme un roman. Ce qu’elle est. Depuis quarante ans, notre démocratie s’est trouvée, nolens volens, profondément modifiée par son irruption. Le Front national, malgré sa relative marginalité électorale, s’est imposé au coeur du débat politique, contribuant à faire bouger les lignes par rapport à ses positions. Les années qui virent notamment son accession en finale présidentielle, face à Jacques Chirac en avril 2002, Jean-Marie Le Pen les racontera dans le second tome de ses mémoires. Le premier, Fils de la Nation (1), s’intéresse à la partie initiale de son existence, de sa naissance en 1928 à La Trinité-sur-Mer à la fondation du Front national, le 5 octobre 1972. « L’histoire d’un petit Breton poussé dans la grande France. Or, ces aventures picaresques s’inscrivent dans une tragédie : à mesure que je grandissais puis que je prenais une certaine importance, mon pays se rapetissait, jusqu’à changer du tout au tout, comme jamais il ne l’avait fait en deux mille ans d’histoire. Cet étrange phénomène fut le ressort de ma vie politique et le chagrin de ma vie tout court. » Côté pile, son enfance rugueuse dans une maison où il n’y avait pas l’eau courante mais où « on aimait sa famille, son pays et Dieu», son amour pour la chanson et la poésie. Côté face, ses multiples engagements, à la tête de la Corpo des étudiants en droit, en Indochine, pour l’Algérie française, contre de Gaulle et le communisme, avec Pierre Poujade… « Ma mauvaise réputation, je m’en moque, conclut-il. Je sais comment sonnent les trompettes de la renommée, et je m’en sur-contrefiche.» Malgré tout, dans ce livre sans provocation nouvelle, il s’emploie bel et bien à se justifier sur diverses attaques dont il a fait l’objet et à convaincre qu’il n’est pas le raciste qu’on a décrit. Sans renier son parcours ni ses convictions, Jean-Marie Le Pen tient, visiblement, à laisser à la postérité une image moins caricaturale.