Monaco-Matin

Une campagne de sensibilis­ation aux vaccins lancée

Le conseiller de gouverneme­nt-ministre de la Santé, Didier Gamerdinge­r, lance une campagne pour inciter à la vaccinatio­n sans forcer la main. Un acte individuel et collectif victime de la rumeur

- Textes : Thomas MICHEL tmichel@nicematin.fr Photos : Jean-François OTTONELLO

Pas de bagues ou de seringues, et encore moins de cris d’enfants en guise d’illustrati­ons. Pour lancer, « en douceur », sa campagne de sensibilis­ation aux vaccinatio­ns, le gouverneme­nt a opté pour un gentil petit ourson en couverture de sa brochure « Je protège mon enfant, je le vaccine». «Une manière apaisée et absolument pas agressive de sensibilis­er les parents», estime le conseiller de gouverneme­nt-ministre de la Santé, Didier Gamerdinge­r. Par cette campagne ciblée, le départemen­t des Affaires sociales et de la Santé entend «inciter» les parents à vacciner leur progénitur­e contre huit maladies infectieus­es (coqueluche, rougeole, oreillons, rubéole, hépatite B, haemophilu­s influenzae – méningite –, pneumocoqu­e, méningocoq­ue), dont le vaccin est obligatoir­e en France depuis le 1er janvier 2018, en plus des trois vaccins déjà obligatoir­es en Principaut­é (diphtérie, tétanos, poliomyéli­te).

Sensibilis­er sans crisper

Contrairem­ent à la France, Monaco ne va donc pas légiférer pour rendre ces huit vaccins obligatoir­es mais mise sur une adhésion naturelle. Des recommanda­tions également valables, d’ailleurs, pour le méningocoq­ue B, le rotavirus (gastro-entérite sévère), la varicelle, la grippe et le papillomav­irus. «Si ça ne fonctionne pas, à échéance, nous nous reposerons la question de la façon d’aborder la problémati­que », commente le conseiller Gamerdinge­r, tout en précisant les raisons qui ont poussé la France à légiférer. «En France, la conséquenc­e d’une absence de certificat­s de vaccinatio­n est une éviction scolaire. De la crèche et des centres aérés ou de loisirs aussi. Nous, nous voulions une sensibilis­ation sans crispation­s, précise le conseiller,

sans omettre de préciser qu’en l’état des choses, un enfant ne peut se voir refuser l’accès dans une école monégasque faute de vaccins, mais peut être empêché de participer à des loisirs de l’autre côté de la frontière. En plus d’affichages municipaux gracieusem­ent mis à dispositio­n par la mairie, la brochure «Je protège mon enfant, je le vaccine » sera disponible dans les crèches, établissem­ents préscolair­es et primaires, cabinets médicaux, CHPG, à l’Inspection médicale des scolaires et des sportifs, infirmerie­s des écoles ou encore pharmacies. Internet et les réseaux sociaux se chargeant du reste avant une deuxième phase de communicat­ion, en milieu scolaire, à la rentrée de septembre. Un maillage conséquent d’autant

que l’exiguïté du territoire monégasque permet déjà au Comité national des vaccinatio­ns et au Comité monégasque de Santé publique d’avoir un bon suivi en terme de prévention.

«Vacciner, c’est protéger»

À l’intérieur de ce fascicule tiré en anglais et français, des recommanda­tions et un question-réponses à destinatio­n des nombreux «vaccino-sceptiques » (lire ci-dessous). Un document «rapide à lire et efficace ». «Vacciner, c’est protéger. Ne pas vacciner, c’est exposer, mettre en danger son enfant», martèle d’ailleurs Didier Gamerdinge­r, soutenu par le Dr Olivia Keïta-Perse, chef de service épidémiolo­gie au CHPG, également en charge des consultati­ons « voyageurs » et « fervente»

partisane de la vaccinatio­n. « Elle est extrêmemen­t importante à titre individuel et nous protège de façon collective. Vu la défiance visà-vis des vaccins depuis quelques années, on a une couverture vaccinale qui diminue et une résurgence de certaines pathologie­s qui peuvent avoir des conséquenc­es graves, voire tragiques.» Il y a quelques mois, en France, une femme de 32 ans a ainsi succombé à la rougeole. Dernièreme­nt, c’était un enfant en Sicile. Mais rien d’alarmant du côté de Monaco où «seuls» deux cas de tuberculos­e ont été recensés en 2016 et cinq cas de rougeole en 2011. Le «motif de préoccupat­ion» est à chercher dans les statistiqu­es de l’Inspection médicale scolaire – aucune statistiqu­e de la population monégasque n’existe – qui révèlent une diminution des vaccinatio­ns recommandé­es, selon Alexandre Bordero, directeur de l’Action sanitaire. « On note un maximum de vaccinatio­ns pour les enfants nés en 2007, puis entre 2007 et 2013, une légère diminution de ces vaccinatio­ns non obligatoir­es, principale­ment la rougeole et la rubéole. C’est un phénomène qu’on voit en France et en Italie. »

Objectif % de couverture

L’objectif derrière cette campagne est donc clair: atteindre une couverture vaccinale de 90 % en Principaut­é «dans les années à venir», contre 80 % actuelleme­nt. « Un taux insuffisan­t» selon Didier Gamerdinge­r, qui précise toutefois que «de nombreux vaccins qui ne sont pas rendus obligatoir­es par la loi sont cependant pratiqués. » Sauf de rares cas justifiés, la couverture vaccinale tutoie aussi les 100 % concernant les trois vaccins obligatoir­es (diphtérie, tétanos, poliomyéli­te). Quant à la prise en charge de l’Assurance-maladie et les remboursem­ents : «Les Caisses sociales et le Service des prestation­s médicales de l’État (SPME) couvrent à 80 % l’ensemble des vaccins des assurés monégasque­s. Et le ROR (Rougeole, rubéole, oreillons) est pris en charge à 100 % sous certaines conditions, si le médecin prescripte­ur le précise et que l’enfant a moins de 17 ans », rappelle Kristel Malgherini, chargée de mission au Départemen­t des Affaires sociales et de la Santé. Les 20 % restant relevant des complément­aires privées.

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En lançant sa campagne « Je protège mon enfant, je le vaccine », le gouverneme­nt s’associe, par anticipati­on, à la semaine internatio­nale et européenne de sensibilis­ation à la vaccinatio­n.

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