Enquête sur le stade Allianz Riviera de Nice : Christian Estrosi entendu hier
Depuis juin 2015, le parquet national financier et la police judiciaire enquêtent sur d’éventuels délits de favoritisme et de détournements de fonds liés à la construction de l’Allianz Riviera. L’enquête touche à sa fin après des dizaines d’auditions et de vérifications de documents tous azimuts. Christian Estrosi, le maire de Nice (LR), a été entendu hier matin par un enquêteur à Paris. « L’audition a duré quatre heures, ce qui est peu pour ce type de dossier précise son conseil, Me JeanYves Le Borgne. « Mon sentiment, mais ce n’est que mon sentiment, est qu’il n’y a pas matière à retenir une quelconque infraction pénale», poursuit l’avocat parisien. Le stade de football Allianz Riviera, inauguré en septembre 2013, retenu pour accueillir des rencontres de l’Euro 2016, avait été très critiquée par la Chambre régionale des comptes qui le trouvait trop chère (400 millions d’€) et surdimensionnée. Le choix d’un partenariat public-privé (Photo Cyril Dodergny) (PPP) était contraire aux intérêts des contribuables, selon la Chambre.
Partenariat public-privé controversé
« Des critiques abstraites qui ne tiennent pas une seconde, observe Me Le Borgne, qui rappelle que le coût s’étale sur trente ans. Dans le sillage de ce rapport, le Parquet national financier avait saisi l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) ainsi que la section financière de la P.J de Nice. Christian Estrosi a toujours défendu bec et ongles, y compris sur les plateaux de télévision, son choix d’un PPP malgré les attaques répétées de l’opposition municipale. Aux yeux de ses détracteurs, l’accord était trop risqué pour les finances publiques et trop avantageux pour les investisseurs privés. À l’époque des perquisitions, en 2015, le maire de Nice avait également saisi le Parquet national financier :« Afin de faciliter la tâche des enquêteurs, j’ai demandé à mes services de se mettre totalement à leur disposition afin de garantir toute la transparence dans ce dossier. Si une infraction était relevée de la part d’une des entreprises soumissionnaires ou d’un agent de nos collectivités, ce qui n’est pas le cas à ce jour, la Ville se constituerait partie civile», avait prévenu le maire. Dans le précédent projet de stade, abandonné sous Jacques Peyrat, le directeur général des services avait été condamné en mars 2003 à trois ans de prison pour corruption. Le 11 février dernier, un retraité de 79 ans était abordé devant un distributeur du Crédit Agricole, avenue Borriglione à Nice, par un individu qui disait avoir oublié 10 euros à l’intérieur de l’appareil lors de son retrait. Sur sollicitation de l’escroc, la victime introduisait à nouveau sa carte dans le distributeur et l’individu malveillant en profitait pour relever le code confidentiel. Il lui subtilisait ensuite la carte lui faisant croire qu’elle avait été avalée par l’appareil. Plusieurs usages frauduleux de la carte de la victime étaient constatés le jour même.
Dans le Sud et en région parisienne
Très mobile et sans réel domicile fixe, le suspect était localisé à Salon-de-Provence et finalement interpellé au début du mois. Il aurait sévi non seulement dans le sud de la France mais également en région parisienne. Grâce à cette fructueuse coopération, le suspect a été mis hors d’état de nuire. Il a reconnu les faits en garde à vue. Les policiers de la brigade des enquêtes des vols avec violences (BEVV) de la Sûreté départementale des Alpes-Maritimes ont déféré l’individu au parquet. Placé en détention provisoire, il sera jugé dans les semaines à venir.