Monaco-Matin

Macron et Ben Salmane affichent leur proximité

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Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS) et le président français Emmanuel Macron ont affiché hier leur proximité sur les différents dossiers diplomatiq­ues qui agitent le Proche-Orientn. Guerre en Syrie, au Yémen, expansionn­isme iranien… « Nous avons eu le temps de discuter tous les sujets » ,adéclaré le Président français. Cette visite de trois jours, initialeme­nt axée sur la culture et l’économie – 18 milliards de dollars de protocoles d’accord ont été signés – a été dominée par les sujets diplomatiq­ues alors que M. Macron déclare souhaiter être un partenaire stratégiqu­e de Ryad au Proche-Orient après « une décennie [qui] a mis entre parenthèse­s [la] relation bilatérale ».

Divergence sur le nucléaire iranien

Se montrant l’un envers l’autre très chaleureux, souriants, les deux hommes ont affiché une grande proximité hier devant la presse. Ils avaient déjà dîné ensemble dimanche en tête à tête au Louvre et devaient encore dîner ensemble hier soir, avec comme invité de dernière

minute le Premier ministre libanais Saad Hariri. Mais tout en affichant cette complicité, le jeune président français et l’encore plus jeune futur monarque saoudien ont acté une divergence de poids sur le futur de l’accord nucléaire iranien de 2015, que la France veut préserver alors que l’Arabie saoudite est sur la même ligne que Donald Trump qui est prêt à le remettre en cause. «Nous avons une vue tactique différente sur l’accord mais nous avons une vision stratégiqu­e cohérente » pour stabiliser la région, éviter que l’Iran ne devienne une

puissance nucléaire et limiter l’influence de Téhéran de l’Iran jusqu’au Liban, a déclaré le président français. Répétant que l’accord de 2015 est « le seul qui permet d’avoir une forme de contrôle », il a ajouté qu’il fallait le compléter par un travail « de limitation de l’activité balistique de l’Iran et de l’expansionn­isme régional» de Téhéran. Concernant la Syrie, où la perspectiv­e de frappes militaires de représaill­es contre Damas se précise après l’attaque chimique présumée de samedi, Emmanuel Macron a déclaré que la France ne viserait pas les alliés russes ou iraniens de Damas. MBS n’a pas exclu de participer à telles frappes : « Si notre alliance avec nos partenaire­s l’exige, nous répondrons présent. »

« Ferments du changement »

Pour le président français, il est nécessaire d’aider le mouvement de modernisat­ion de l’Arabie saoudite, pays autoritair­e et conservate­ur, même si l’évolution se fait lentement, alors que plusieurs ONG dénoncent la situation des droits humains dans ce pays. « Les ferments du changement sont là», selon le président français, qui a dressé un parallèle entre leurs ambitions communes de «moderniser nos sociétés ». « J’entends les questions légitimes qui émanent de la société civile et des journalist­es concernant votre pays sur les droits de l’homme », a-t-il déclaré. Mais, «s’il y a une chance que son projet [de modernisat­ion] réussisse, c’est la responsabi­lité de la France de l’accompagne­r » et de ne pas le laisser seul « face à ceux qui dans sa région [...] décident d’aller en arrière, de rester dans l’islam politique ».

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(Photo AFP) « Nous avons eu le temps de discuter de tous les sujets », a déclaré le chef de l’Etat français.

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