Après le décès d’un passager : le conducteur de tram condamné et les rames à l’arrêt
Les traminots niçois ont fait valoir leur droit de retrait hier soir, après la condamnation d’un de leurs collègues pour homicide involontaire. Ils mettent en cause le système de freinage des rames
Il aura fallu près de deux mois à la justice pour trancher. Pourtant lors de l’audience du 19 février dernier, toutes les parties, pour une fois, semblaient s’entendre sur l’issue à donner à un dossier manifestement « sensible ». Ce jour-là un conducteur de tramway niçois de 58 ans comparaissait pour homicide involontaire à la suite du décès d’un passager de 76 ans, victime d’une chute mortelle lors d’un freinage d’urgence en 2015.
Pas de complément d’enquête
Pascal, le traminot, devait répondre seul de cet accident devant le tribunal correctionnel. Au grand dam de son avocat, Me Lammens, mais aussi des parties civiles et même du représentant du ministère public qui avait également requis un renvoi à l’instruction de cette affaire. En cause, le système de freinage des rames de tramway produites par Alstom que plusieurs experts n’hésitent pas à qualifier de dangereux car trop violent. Qu’en est-il? On ne le saura peutêtre jamais. Car dans le délibéré qu’il a rendu ce jeudi, le tribunal correctionnel de Nice a décidé de ne pas entendre les plaidoiries de la défense, ni même les réquisitions du parquet. Il n’y aura pas de renvoi à l’instruction de ce dossier. La justice n’enquêtera donc pas davantage sur l’éventuelle dangerosité des rames de tramway niçoises. En revanche le seul prévenu mis en cause, le conducteur de rame aux commandes le jour de l’accident, a quant à lui été condamné à six mois de prison avec sursis. Son avocat, Me Lammens, dénonce «une parodie de justice ». Pour celui de la CGT, qui s’était constitué partie civile, le conducteur condamné n’est qu’un «bouc émissaire ». Même Me Le Maux, qui intervient pourtant aux intérêts de la famille du passager décédé, qualifie « d’indécent » ce jugement qui tombe «trois ans et un jour après le décès de Jacques Burgède». Pour lui, «manifestement, la justice a estimé qu’elle n’avait pas besoin de connaître la vérité pour trancher».
Tramway à l’arrêt hier soir
De quoi provoquer la colère des traminots niçois qui, hier soir, ont mis à l’arrêt prématurément, à 20 heures, l’ensemble des rames niçoises à l’appel de la CGT de Régie Ligne d’Azur. Les traminots ont ainsi fait valoir leur droit de retrait au nom d’un «péril grave et imminent» Précisément celui que ferait courir le système de freinage de l’équipementier Alstom. Dans un communiqué, la CGT rappelle avoir tiré à maintes reprises le signal d’alerte à ce sujet et assure que «le constructeur, tout comme les organismes de contrôle indépendant tels que le SRTMTG, sont parfaitement “au courant” du problème». Mais, si besoin était de le rappeler, un comité d’hygiène et de sécurité exceptionnel a été convoqué hier soir à 22 h 30. Peut-être, cette fois, que la problématique que semble poser ce système de freinage va être prise en compte.