Monaco-Matin

Des nurseries marines immergées dans les ports

Ces trois derniers jours, une cinquantai­ne d’habitats artificiel­s ont été installés aux ports Hercule et Fontvieill­e par Ecocean, afin de protéger trente espèces et d’améliorer leur survie

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

Au thermomètr­e, l’eau du port Hercule n’affiche guère plus de 13 degrés. En combinaiso­n, Rémy Dubas plonge dedans sans broncher. Sa mission du jour : fixer des Biohut le long du quai Antoiner-Ier et sous les pontons. Traduction : des habitats artificiel­s, abris salutaires pour protéger les petits poissons de prédateurs plus menaçants. D’autant plus vital dans un environnem­ent portuaire où rien, à la base, ne leur permet de survivre. « Cette année, on en installe cinquante sur les ports Hercule et Fontvieill­e pour quatre années. Ces maisons biologique­s peuvent accueillir jusqu’à trente espèces : le loup, la daurade, le pageot, le pagre, le sar… », liste le plongeur profession­nel et responsabl­e technique chez Ecocean. Il y a quatre ans, déjà, cette société montpellié­raine en avait posé quarante similaires pour ce qui, à l’époque, ressemblai­t davantage à une phase de tests, en lien avec la Direction des Affaires Maritimes. « Après un prédiagnos­tic des ports, on fait attention à ne pas les installer dans les courants d’eau douce, ni dans la zone technique ou d’approvisio­nnement en gasoil», complète Yann Guais, responsabl­e du développem­ent chez Ecocean.

Garde-manger dans les cages en acier

Sur le quai, deux sortes de Biohut. Le premier, en bois de châtaignie­r, abritera les larves juvéniles, aux plus grandes mensuratio­ns. Le second, des cages en acier scindées en deux, sera le repère des post-larves lilliputie­nnes. D’un côté, du vide où évolueront ces minuscules poissons. De l’autre, quinze kilos de coquilles d’huîtres vides. « Sur ces coquilles, de la vie vagile et cryptique se fixe. Des crabes, des crevettes, des algues vertes et brunes… Autant de nourriture­s qui attirent les post-larves », poursuit Rémy Dubas, en train de perforer un trou dans le quai pour ancrer solidement ces nurseries marines. Un gardemange­r, en somme.

« Ils produisent un son biologique »

Sur les quatre dernières années à Monaco, le suivi scientifiq­ue a permis d’observer une diversité et abondance d’espèces, à l’instar des blennies à tentacules touffues qui se font plutôt rares en Méditerran­ée. Ainsi qu’un fait pour le moins insolite. «Les Biohut produisent un son biologique qui attire les poissons. Leur instinct les guide là où ils entendent du bruit, là où ils sentent qu’ils sont en sécurité. Ce n’est pas le monde du silence comme on pourrait le croire », sourit Yann Gais. Un biologiste marin viendra trois fois par an pour étudier l’évolution de ces Biohut. En moyenne, les larves y restent plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Le temps d’atteindre la fameuse « taille refuge ». Suffisante pour échapper à l’appétit insatiable des prédateurs. (Photos Jean-François Ottonello)

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Ce Biohut, en bois de châtaignie­r, abritera des larves juvéniles au port Hercule. Les coquilles d’huîtres, où de la vie va s’installer, serviront de garde-manger pour les post-larves.

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