Une fourrière de bolides
Après le débordement de bolides de samedi soir, en marge de Top Marques, la Police dément avoir été dépassée, mais signale que le phénomène a une ampleur exponentielle
supercars ont été confisquées à leurs propriétaires en marge du salon Top Marques. Coupables de nuisances sonores ou de conduites dangereuses, ces derniers ont fait les frais de mesures drastiques. Toujours plus nombreuses, grosses cylindrées sont venues spécialement pour parader en Principauté.
McLaren ? Présente. Ferrari? Présente. Mercedes ? Présente. Volkswagen et Lamborghini ? Idem. Sur la digue de Fontvieille, barrée par un fourgon de police, gamins et seniors se baladent au milieu des bolides mis à l’arrêt. Ce sont les prises de guerre de la Sûreté publique en marge de Top Marques, le salon des supercars, et le résultat de l’application de nouvelles mesures législatives drastiques. Les débordements ont été nombreux, et parfois spectaculaires (lire nos éditions d’hier). « La police est débordée », disait un youtubeur. Des propos démentis par le directeur de la Sûreté publique, Richard Marangoni : « Je veux le dire avec force, la situation a toujours été maîtrisée et sous contrôle. Malgré la forte concentration de spectateurs et de véhicules, il n’y a eu aucun accident. Ça a été difficile, mais toujours maîtrisé. »
The place to be
La preuve : l’année dernière entre 30 et 40 véhicules avaient été immobilisés, comme le rappelait récemment Patrice Cellario, le conseiller de gouvernement-ministre de l’Intérieur. Les forces de l’ordre étaient convaincues d’avoir prévu suffisamment large. Pourtant, dès le vendredi soir, de source policière, les fourrières étaient complètes. Qu’à cela ne tienne : des parkings ont alors été réquisitionnés. Bilan : 95 immobilisations, dont 4 motos. Et plus de 30 000 euros d’amende. « La concentration de supercars est chaque année de plus en plus importante. Cette année, on estime que ce sont 500 supercars qui sont venues en Principauté. Leurs conducteurs viennent à l’occasion de Top Marques, mais pas pour participer à Top Marques. On constate que tout le monde se donne rendez-vous en principauté. C’est presque un fait sociétal : il faut venir à Monaco pour parader. Chaque année, ça prend une ampleur supplémentaire», poursuit Richard Marangoni.
Invasion de chauffards suisses
Ils viennent de plus en plus nombreux donc, et de partout: Allemagne, Italie, France, mais surtout… Suisse. 43 véhicules immobilisés étaient immatriculés chez nos voisins helvètes ! Et puisqu’ils ont fait la route, pas question de rester pépère à l’hôtel sous prétexte qu’il est interdit de faire crisser les pneus sur l’enrobé du Grand Prix : « Le phénomène dépasse les limites de Monaco, puisque lorsqu’ils sont refoulés ils restent aux alentours. Ils montent vers La Turbie, jusqu’à Peille. » Selon nos informations, des courses ont alors lieu sur des routes à double sens, à des vitesses qui ne laisseraient aucune chance à un véhicule qui arriverait en sens inverse. Pour autant, pas question de jeter le bolide avec l’eau du lavage : «Nos rapports avec Top Marques sont très bons. Ils ont conscience des impératifs de sécurité à appliquer pour leur gestion et pour leurs tests drives. Le problème n’est pas l’événement, c’est la marque. » Un positionnement renforcé par Médéric Del Monaco, actionnaire et membre de l’organisation de Top Marques : «Le véhicule qui a provoqué l’émeute de vendredi soir appartient à un blogger qui s’appelle Pog, et qui n’avait pas demandé d’accréditation, et il ne s’est pas rendu sur le salon. C’est bien la preuve que ce ne sont pas forcément les visiteurs qui sont à l’origine de ces débordements. » Un débordement que la Sûreté tient à relativiser : « Sur les Spélugues, il n’y avait que trois cents personnes, mais véritablement concentrées. Il y avait des gens qui prenaient des photos, et tout un public de curieux… »
Un public non agressif
«C’était le spectacle du moment. Nous avons subi quelques quolibets et quelques sifflets, mais le public n’était pas agressif. C’est plutôt une euphorie collective interrompue par l’arrivée de la police avec des gyrophares. On gâche un peu le spectacle », explique le commissaire Laurent Braulio, chef de la division de police urbaine. Un phénomène dont l’ampleur est renforcée par le déroulement simultané du Rolex Monte-Carlo Masters, qui, lui aussi, draine de nombreux visiteurs, et nécessite une présence policière. Terre battue ou bitumes? La question ne se pose pas, tous les publics ont droit à leur Sûreté.