Bruxelles sauve les abeilles
L’Union européenne (UE) a décidé, hier, d’élargir l’interdiction de trois néonicotinoïdes, des pesticides jugés dangereux pour les abeilles, à toutes les cultures en plein champ, au nom de la défense de la biodiversité et de l’environnement. Bernie l’abeille, insecte gonflable géant déployé par le collectif Avaaz hier matin devant les bâtiments de l’UE à Bruxelles, peut se réjouir. Défendue par la Commission européenne, l’interdiction a été votée par une majorité qualifiée d’Etats membres lors d’un comité technique à huis clos. Seize d’entre eux, le minimum requis, ont donné leur feu vert, selon des sources concordantes. Parmi eux, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne ou l’Italie, mais aussi les Pays-Bas ou le Luxembourg. Au total, les soutiens représentent « trois quarts de la population de l’UE », a souligné de son côté la Commission. « La santé des abeilles a toujours une importance cruciale pour moi, puisque cela concerne la biodiversité, la production alimentaire et l’environnement », s’est félicité le commissaire européen à la Santé et la Sécurité alimentaire Vytenis Andriukaitis.
Avant la fin de l’année ?
L’avenir de la clothianidine, l’imidaclopride et le thiaméthoxame – des substances neurotoxiques qui s’attaquent au système nerveux des insectes largement utilisées – était en suspens depuis 2013, après une première évaluation négative de l’Efsa (Agence européenne pour la sécurité des aliments). L’agence européenne a confirmé son opinion fin février, venant soutenir la volonté de l’exécutif européen d’élargir l’interdiction. Celle-ci s’appliquera désormais à toutes les cultures en plein champ, avec pour seule exception les usages en serres, à condition que graines et plantes ne quittent pas leur abri fermé. Bruxelles espère qu’elle rentrera en vigueur d’ici à la fin de l’année. En 2013, l’UE avait dans un premier temps imposé des restrictions d’usage pour ces trois substances, contestées en justice par deux géants des pesticides dont les produits sont directement concernés, le suisse Syngenta et l’allemand Bayer. Le moratoire partiel s’appliquait aux cultures qui attirent les abeilles (comme le maïs, le colza oléagineux ou le tournesol) sauf quelques exceptions. L’UE n’a donc pas attendu l’issue de cette procédure devant le Tribunal de l’UE, toujours en cours.