Monaco-Matin

« Un plaisir fou ! »

Capitaine, meneur de jeu, Jean Petit n’a rien oublié de cette saison (77-78) folle, dorée, inattendue et sublime. Il raconte les faits, les hommes, le bonheur

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L’équipe

« Dans le but, Jean-Luc Ettori remplace Yves Chauveau, blessé. Lors du premier match à Bastia, après  minutes très délicates, il est devenu imbattable. Cette saison-là, il explose. La défense, c’était du solide. Vanucci ou Correa à droite, Vitalis à gauche : bref avec eux, les joueurs de couloir n’étaient pas à la fête. Courbis et Gardon dans l’axe étaient presque impassable­s. Courbis, c’était la sécurité. Le libéro sur lequel on pouvait compter. Il était dur, malin. Il jouait avec l’adversaire, avec l’arbitre. C’était aussi un taulier. Un leader. Comme Gardon qui, lui, savait comme personne créer le décalage. Quand il sortait balle au pied, il déstabilis­ait le bloc d’en face. Et puis, les deux savaient mettre le pied... Au milieu, il y avait Chaussin, un travailleu­r, Moizan, un joueur fin, intelligen­t, Noguès, qui savait tout faire, parfois Rouquette, très offensif, et moi. On dit que j’étais le patron ? Je ne le pense pas, j’étais une pièce du puzzle. Mais j’étais au coeur du jeu. Ça aide... Devant, Dalger, le Jean Petit face à Marius Trésor lors de Marseille-Monaco : un drôle de duel.

surdoué. Le meilleur de nous tous. Capable d’éliminer deux gars en un éclair avant de servir Delio (Onnis). Christian (Dalger) avait tout : le dribble, la frappe, la vision, le sens du but. Pour moi, il était presque aussi fort que Platini. Onnis, lui, c’était un phénomène. Le roi de la fausse piste avec un coup de rein dévastateu­r. A l’époque l’un des meilleurs attaquants du monde. Buteur né, il ne doutait jamais. Il y avait une ambiance folle entre nous. Cette équipe prenait et donnait un plaisir fou. Elle dégageait beaucoup de sympathie et d’amour. »

Le Prince, le président, l’entraîneur

« La famille princière était très proche de nous. Je me souviens qu’après chaque tour de Coupe de France, on était invité dans la propriété d’été du Mont Agel pour un méchoui. Il y avait le Prince Rainier, la Princesse Grace et les enfants. Le Prince Albert était à fond derrière nous. Un passionné. Le Prince Rainier nous demandait deux choses : un beau football et la victoire. Ne jamais oublier de gagner ! Le président Jean-Louis Campora, lui, savait anticiper et recruter. En , il n’y avait pas d’observateu­rs, pas de cellule de recrutemen­t, pas d’agents. Pas besoin : il avait le flair. Et il était très fort dans les discussion­s. Enfin, Lucien Leduc, respirait le football. C’était un peu le papa de l’équipe. Son épouse était là, elle aussi, pour trouver des solutions. Il lui arrivait même de garder nos enfants. Lui savait nous mettre en confiance. Il avait l’art de créer une atmosphère. Il nous écoutait, puis il tranchait. On le respectait. On se battait aussi pour lui. Pour rien au monde on ne l’aurait trahi. »

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Delio Onnis, Lucien Leduc e

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