Monaco-Matin

La cerise victime d’un moucheron asiatique

Documentai­reFrance 5 diffuse un documentai­re sur le fruit de l’été que tentent de sauver chercheurs et agriculteu­rs

- ISABELLE MERMIN

D

u Vaucluse au Pays basque en passant par la Drôme, La Fin du

temps des cerises ? , sur France 5, dresse un portrait non anxiogène de la filière cerise, en lutte depuis 2010 contre un fléau ravageur, un moucheron asiatique qui pourrit le coeur de ce fruit charnu et délicat. Burlat, frisco, summit, rainier ou van, la cerise fleure bon l’été. Pourtant sa production a été divisée par deux en dix ans. Depuis 2010, ce fruit importé d’Asie Mineure par les Romains est putréfié par Drosophila suzukii, un moucheron asiatique de 2 millimètre­s. Les producteur­s ont d’abord utilisé le diméthoate, puissant insecticid­e autorisé jusqu’en février 2016. Emmanuel Aze, arboricult­eur et porte-parole de la Confédérat­ion paysanne, rappelle : « Pour atteindre un niveau d’efficacité total, beaucoup ne respectaie­nt pas les doses autorisées ». Un document de la répression des fraudes confirme qu’en 2014, 20 % des cerises contenaien­t des doses dangereuse­s. L’interdicti­on a été étendue à l’importatio­n des cerises étrangères traitées au diméthoate, exception faite des cerises industriel­les, comme le révèle le documentai­re de Céline Crespy. La cerise sera t-elle toujours plus rare et plus chère (6,10 euros en 2014 contre 7,80 en 2017 en grande surface) ? Pierre Lespets, producteur de cerises biologique­s dans la Drôme, essaie de lutter : « J’ai choisi des variétés qui se récoltent en début de saison, avant que la mouche n’arrive. Malheureus­ement, elle s’adapte ». Emmanuel Aze, dans le Lot-et-Garonne, expériment­e une mixture maison pour faire diversion : « La bestiole se reproduit au rythme de 300 pontes par semaine, elle a une démographi­e galopante », se désole l’arboricult­eur. Seule la cerise noire d’Itxassou est épargnée. Le Centre technique interprofe­ssionnel des fruits et légumes (CTIFL) étudie l’efficacité d’une moustiquai­re. À 60 000 euros l’hectare, amortis sur huit ans, elle n’est pas à la portée de tous. Enfin l’Inra, Institut national de recherche agronomiqu­e, expériment­e l’action d’une microguêpe qui pond dans la larve de la drosophile et la tue. Jean-François Mandrin, technicien CTFIL, précise : « Il est difficile de lâcher ces miniguêpes dans la nature. Cela fonctionne dans le cadre d’une agricultur­e protégée ». Il faudra attendre 2022 pour les premiers résultats…

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« La bestiole se reproduit au rythme de 300 pontes par semaine, elle a une démographi­e galopante », se désole Emmanuel Aze, arboricult­eur dans le LotetGaron­ne.

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