Actes politiques
A Kobe, au Japon, quatre femmes partagent une amitié sans faille. Du moins le croient-elles: quand l’une d’elles annonce à l’occasion d’un atelier théâtre son intention de divorcer, l’équilibre du groupe vacille. Chacune ouvre alors les yeux sur sa propre vie et comprend qu’il est temps d’écouter ses émotions et celles des autres… OEuvre fleuve de plus de cinq heures, récompensée par un prix d’interprétation féminine commun à ses quatre interprètes au festival de Locarno en 2015, Senses aura donc mis près de trois ans avant de connaître les joies d’une sortie en salle sur notre territoire. Désormais découpé en trois films (les suites seront respectivement en salle les deux prochaines semaines), la chronique s’appuie sur le réalisme de ses situations pour dépeindre la vie de trentenaires japonais aujourd’hui. Plus qu’une introduction, ces Senses 1 (Photo Art House)
& 2 séduisent par la capacité de Ryusuke Hamaguchi à dessiner des portraits de manière fluide, sans grand coup d’éclat ni rebondissements. Juste avec vérité. Les fils conducteurs, l’amitié entre le quatuor et les déboires de l’une d’elles pour se séparer de son mari, sont avant tout des prétextes pour parler de la difficulté de nouer le contact (au propre comme au figuré) au Japon. Rapport à l’autre, culture marquée par le respect d’autrui et des règles sont montrés sans fard, avec les bons et mauvais côtés de cette manière de vivre culturellement différente de la nôtre, en occident. Le constat fait avec délicatesse est d’autant plus troublant.