Athènes, dingue de basket
Attention, ici, terre de basket ! En Grèce, et à Athènes en particulier, le culte de la balle orange est une affaire des plus sérieuses. Le Panathinaïkos et l’Olympiakos adossés à de puissants hommes d’affaires et armateurs, ont résisté à toutes les crises et autres cures d’austérité. Ils cumulent neuf titres d’Euroligue à eux deux… Si l’AEK Athènes, le 3e club historique, n’a plus été champion depuis 2002, question engouement, il n’a rien à envier au ‘‘Pana’’ et au club du Pirée. Son président, Makis Angelopoulos, 53 ans, préside aussi aux destinées d’une importante société de logiciels (Neurosoft). Les fans de l’AEK sont parmi les plus chauds d’Europe. Et cela ne date pas d’aujourd’hui.
Jean-Claude Bonato : « Immense »
Saison 1970-71 : Antibes, champion de France, affronte l’AEK Athènes au 2e tour de la Coupe d’Europe des clubs champions. À l’aller, l’OAJLP de Bonato et Cachemire s’impose de 12 points à Salusse-Santoni (7058). Le retour à Athènes se dispute en nocturne et en plein air... dans le stade historique du marathon des 1ers J.O. de 1896 ! Dans les gradins, 70.000 spectateurs. Au milieu, posé sous les projecteurs, un terrain de basket. Jean-Claude Bonato, le roi du bras roulé, 172 sélections en équipe de France et 2 fois meilleur marqueur de N1 (la ProA de l’époque) évoque cette soirée dingue. « Je ne me souviens pas de beaucoup de matches, mais celui-là, c’est indélébile », glisse le pivot aux 17 saisons antiboises… « Le parquet paraissait minuscule au milieu de cette foule. On n’avait pas de repères… On savait aussi qu’au moindre incident, une pluie de drachmes (les pièces de monnaie) pouvait tomber sur le terrain. À l’AEK, la star s’appelait Americanos (George Americanos, la première grande vedette du basket grec). Une teigne incroyable ! Il ne faisait que râler. On menait au score, on avait sorti un super match. Et puis à 5 minutes de la fin, le coup de la panne d’éclairage ! On ne savait pas si le match allait reprendre. On s’était refroidis. La lumière était revenue, l’AEK avait mis toutes ses forces.. La foule, le murmure, les chants, c’était énorme. Finalement, on avait perdu que de quelques points (88-94) et on s’était qualifiés, rappelle Jean-Claude Bonato. Je me souviens aussi de l’envoyé d’RMC pour la rencontre : c’était Olivier Mazerolle, alors jeune journaliste. A Antibes, les supporters avaient écouté le match à la radio ». Trois saisons plus tôt, en pleine dictature militaire, l’AEK de George Americanos avait remporté la 1ère Coupe d’Europe de l’histoire du basket grec (la coupe des Coupes) face au Slavia Prague. Une finale du 4 avril 1968 carrément inscrite au Guinness book, avec le record mondial de spectateurs pour un match de basket (80.000, dont 15.000 debouts, au stade panathénaïque !).
Sy en connaisseur
Pour le cinquantenaire, l’AEK a même produit un film, cette année, sorti dans les salles grecques (‘‘1968’’, du réalisateur Tassos Boulmetis). Cette fois, forcément, le Final Four ne se disputera pas en plein air, mais dans la salle olympique de l’AEK et du Pana, qui fera évidemment le plein (19.000 fans). Un cratère en jaune et noir. « L’ambiance sera incandescente, c’est sûr et certain», glisse le capitaine monégasque, Amara Sy, qui a évolué à l’AEK (2007-08) et avait même un chant à sa gloire. « L’AEK, c’est une identité très forte. Les fans du foot seront là aussi pour soutenir le basket. Il va y avoir du sport ! ».