Nice : deux ans ferme pour avoir foncé sur trois policiers
’était le bon père de famille qui rentrait chez lui retrouver sa femme et son fils. Il a, comme on dit, pété les plombs. Comment at-on pu en arriver là ? » Me Mohamed Kassoul a beau s’interroger, lui-même ne saisit pas. Difficile de comprendre ce qui a amené son client Majdi Baklouti, 31 ans, inconnu de la justice jusqu’ici, à ce furieux dérapage en sous-sol qui a mis en danger la vie de trois policiers. Tout cela pour un défaut de permis. Et pour la conduite un brin excessive qui a amené un équipage de police secours à le contrôler, le 8 avril dernier à Nice, dans le quartier de l’Ariane. « Ça partait de manière tout à fait courtoise. Quand ce monsieur redémarre, on est totalement surpris » , reconnaît l’un de ces policiers, avant-hier, à l’audience correctionnelle. Ce grand gaillard partage un sentiment avec la collègue présente à ses côtés : celui d’avoir frôlé le pire.
« J’ai vu mon collègue sous ses roues »
Au départ, les policiers demandent juste son permis de conduire à Majdi Baklouti. Il ne l’a pas sur lui. Propose de monter le chercher. Impossible, d’après le Code de procédure pénal. Un policier propose que sa femme le lui descende. « Là, il commence à se raidir... » Majdi Baklouti redémarre, et sa Renault Clio s’engouffre en trombe dans la rampe d’accès du parking. Les policiers le suivent à pied. Et s’engagent bien malgré eux dans une scène d’action digne d’un film. Pris au piège, l’automobiliste fait « crisser ses pneus jusqu’à les faire fumer » , dixit la présidente du tribunal, Laurie Duca. La Clio multiplie les manoeuvres dangereuses. Demi-tour. Marches avant, arrière. Les policiers brisent la vitre passager à l’aide d’un tonfa, dégainent leur arme de poing. Et doivent esquiver tour à tour le véhicule qui leur fonce dessus. « Je l’ai vu sous ses roues » , raconte la policière à propos de son collègue. Elle a pointé son arme. « Le souci, c’est qu’on était dans la ligne de mire les uns des autres... J’ai sauté par-dessus un muret d’un mètre de haut avec mon attirail ; je ne sais même pas comment j’ai fait ! » Son collègue l’avoue : « J’ai eu peur. Il est venu dans ma direction volontairement. Il était acteur de ce qu’il faisait, je l’ai lu dans ses yeux. »
« On a joué avec la vie des policiers »
Les explications de Majdi Baklouti ne convainquent guère le tribunal. Son pied aurait malencontreusement glissé sur l’accélérateur ? Il croyait avoir à faire à des individus mal intentionnés ? Pourtant, même Me Kassoul évoque « une profusion de gestes incompréhensibles », tout en regrettant que « sa parole ne pèse pas lourd » face à la partie adverse. « Dans un cul-de-sac, on a voulu jouer avec la vie de policiers ! » , s’indigne Me Valérie Février. « Il n’y a aucune méprise sur le caractère intentionnel de tout ce qui s’ensuit » , assène le procureur Clotilde Ledru-Tinseau. Elle requiert trois ans de prison ferme ; le tribunal en inflige deux à Majdi Baklouti. Laissant ses proches abasourdis dans la salle.