Monaco-Matin

Nice : deux ans ferme pour avoir foncé sur trois policiers

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

’était le bon père de famille qui rentrait chez lui retrouver sa femme et son fils. Il a, comme on dit, pété les plombs. Comment at-on pu en arriver là ? » Me Mohamed Kassoul a beau s’interroger, lui-même ne saisit pas. Difficile de comprendre ce qui a amené son client Majdi Baklouti, 31 ans, inconnu de la justice jusqu’ici, à ce furieux dérapage en sous-sol qui a mis en danger la vie de trois policiers. Tout cela pour un défaut de permis. Et pour la conduite un brin excessive qui a amené un équipage de police secours à le contrôler, le 8 avril dernier à Nice, dans le quartier de l’Ariane. « Ça partait de manière tout à fait courtoise. Quand ce monsieur redémarre, on est totalement surpris » , reconnaît l’un de ces policiers, avant-hier, à l’audience correction­nelle. Ce grand gaillard partage un sentiment avec la collègue présente à ses côtés : celui d’avoir frôlé le pire.

« J’ai vu mon collègue sous ses roues »

Au départ, les policiers demandent juste son permis de conduire à Majdi Baklouti. Il ne l’a pas sur lui. Propose de monter le chercher. Impossible, d’après le Code de procédure pénal. Un policier propose que sa femme le lui descende. « Là, il commence à se raidir... » Majdi Baklouti redémarre, et sa Renault Clio s’engouffre en trombe dans la rampe d’accès du parking. Les policiers le suivent à pied. Et s’engagent bien malgré eux dans une scène d’action digne d’un film. Pris au piège, l’automobili­ste fait « crisser ses pneus jusqu’à les faire fumer » , dixit la présidente du tribunal, Laurie Duca. La Clio multiplie les manoeuvres dangereuse­s. Demi-tour. Marches avant, arrière. Les policiers brisent la vitre passager à l’aide d’un tonfa, dégainent leur arme de poing. Et doivent esquiver tour à tour le véhicule qui leur fonce dessus. « Je l’ai vu sous ses roues » , raconte la policière à propos de son collègue. Elle a pointé son arme. « Le souci, c’est qu’on était dans la ligne de mire les uns des autres... J’ai sauté par-dessus un muret d’un mètre de haut avec mon attirail ; je ne sais même pas comment j’ai fait ! » Son collègue l’avoue : « J’ai eu peur. Il est venu dans ma direction volontaire­ment. Il était acteur de ce qu’il faisait, je l’ai lu dans ses yeux. »

« On a joué avec la vie des policiers »

Les explicatio­ns de Majdi Baklouti ne convainque­nt guère le tribunal. Son pied aurait malencontr­eusement glissé sur l’accélérate­ur ? Il croyait avoir à faire à des individus mal intentionn­és ? Pourtant, même Me Kassoul évoque « une profusion de gestes incompréhe­nsibles », tout en regrettant que « sa parole ne pèse pas lourd » face à la partie adverse. « Dans un cul-de-sac, on a voulu jouer avec la vie de policiers ! » , s’indigne Me Valérie Février. « Il n’y a aucune méprise sur le caractère intentionn­el de tout ce qui s’ensuit » , assène le procureur Clotilde Ledru-Tinseau. Elle requiert trois ans de prison ferme ; le tribunal en inflige deux à Majdi Baklouti. Laissant ses proches abasourdis dans la salle.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco