Monaco-Matin

Prothèses PIP: avis défavorabl­e en cassation pour le certificat­eur TÜV

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L’avocat général de la Cour de cassation va préconiser de casser l’arrêt de la cour d’appel d’Aixen-Provence qui avait dédouané de toute responsabi­lité le géant allemand du contrôle TÜV, certificat­eur des prothèses mammaires PIP frauduleus­es, a-t-on appris, hier, de bonne source. Dans son avis avant l’audience, le magistrat estime notamment que la cour d’appel d’Aix-enProvence aurait dû retenir l’ « un des griefs susceptibl­es de caractéris­er une faute » du certificat­eur. Le 2 juillet 2015, la cour d’appel d’Aix-en-Provence avait considéré que TÜV et sa filiale française avaient « respecté les obligation­s leur incombant en qualité d’organismes certificat­eurs » et « n’avaient pas commis de faute engageant leur responsabi­lité civile délictuell­e ». La cour avait infirmé le jugement du tribunal de commerce de Toulon qui, en 2013, avait condamné l’entreprise à verser 3 400 euros de provisions à chacune des 1 700 victimes plaignante­s, soit 5,8 millions d’euros.

 victimes à indemniser

« Si la Cour de cassation suit l’avis de son avocat général, alors TÜV devra indemniser toutes les victimes du monde entier. Ce sera l’ouverture en France de la plus grande action collective au monde avec plus de 400 000 victimes concernées », a expliqué Me Laurent Gaudron, avocat de quelque 7 000 plaignante­s, selon qui les indemnisat­ions pourraient atteindre 6 000 à 13 000

euros par patiente. L’audience se tiendra le 15 mai et la décision sera mise en délibéré. La société varoise Poly Implants Prothèses (PIP) - dont le fondateur Jean-Claude Mas a été condamné en appel à 4 ans de prison en mai 2016 - avait rempli pendant plusieurs années des prothèses mammaires avec un gel frauduleux, au mépris des règles sanitaires. La société TÜV (Technische­r Überwachun­gsverein), partie civile au procès de M. Mas, s’estime elle aussi victime des agissement­s de PIP. « La cour d’appel d’Aix-en-Provence a fait une exacte applicatio­n de la loi », a estimé l’entreprise dans une déclaratio­n. « La fraude commise par PIP n’était pas décelable par TÜV Rheinland et ne pouvait pas être découverte dans le cadre des missions que la réglementa­tion attribue aux organismes notifiés » , selon la société. Dans son avis, l’avocat général souligne que l’organisme de contrôle aurait dû repérer « l’absence de cohérence entre les achats de matière première » par PIP et « la production » des prothèses mammaires. Selon les plaignante­s, aucun achat de gel Nusil, l’un des seuls autorisés pour les prothèses mammaires, n’est intervenu au cours de l’année 2004 alors même que le produit doit être utilisé dans les six mois, relève également le magistrat. En réalité, PIP se servait pour partie d’un autre gel non autorisé, du silicone industriel de la société Brenntag normalemen­t utilisé dans la compositio­n d’équipement­s électroniq­ues.

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(Photo doc. Dominique Leriche) Près de   femmes sont, ou ont été porteuses d’implants mammaires PIP dans le monde.
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(Photo AFP) Jean- Claude Mas a été condamné en appel à  ans de prison en mai .

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