L’Hôtel des ventes… fait «tourner» les têtes
Plusieurs pièces antiques rares sont proposées à la vente ce dimanche, dans les locaux de l’Hôtel des ventes de Monte-Carlo, quai Antoine-Ier. Elles sont exceptionnelles
Ce dimanche à 18 h, l’Hôtel des ventes de Monte-Carlo organise une série de ventes aux enchères sur l’archéologie et l’art islamique. Parmi les 168 lots proposés, on découvre une large collection de bustes, têtes, et autres visages sculptés. Tirées des armoires du consul Louis-Auguste Dozon ou encore de celles d’un collectionneur privé suisse, certaines pièces sont rarissimes. Les identifier, les analyser et percer leur mystère aura été une longue tâche de six mois pour Bianca Massard, experte en archéologie pour HVMC.
Une tête de cheval sous les projecteurs
« Cheval vaut plus que richesse », disait le proverbe espagnol. Après la vente, le cheval fera aussi la richesse d’un acquéreur. Véritable emblème de ces enchères, une tête de cheval sculptée dans l’ivoire risque d’attirer l’intérêt des collectionneurs. Si cette tête de cheval rappelle vaguement celle en terre cuite du Metropolitan Museum, il en est tout autre… « Jamais une telle oeuvre a été mise en vente sur le marché. C’est une pièce excessivement rare», explique Bianca Massard. Datée de 330 avant JC, cette statuette est estimée entre 80 000 et 120 000 euros. C’est le matériau utilisé par l’artiste qui fait toute la superbe de la pièce, comme l’explique l’experte : « L’ivoire est extrêmement fragile, il se casse facilement. Pour ce qui est de cette tête de cheval, le temps y a fait C’est la première fois qu’une pièce en ivoire aussi importante est mise sur le marché. (Photos HVMC)
ses marques, la rendant unique. »
Buste de prince
Mais c’est une pièce grecque qui a touché le coeur de Bianca Massard. Il s’agit d’une applique représentant le buste d’un jeune homme. «C’est sans doute le buste d’un roi ou d’un prince », imagine l’experte. Remontant à la seconde moitié du IVe siècle avant JC, ce petit ornement décorait probablement l’accoudoir d’un lit. En bronze, c’est la patine bleu-vert de l’objet qui a attiré les yeux de Bianca. Et tous les secrets autour. Qui représente-t-il?
La chevelure tirée en arrière et décorée de feuilles de vignes fait écho au portrait d’Alexandre le Grand en Dionysos. Les mystères autour de cette oeuvre feront sans doute basculer la vente. Estimation de l’objet : entre 5 000 et 8 000 euros.
La tête… sans le corps
Certains lots proposés dimanche sont chargés d’histoire. C’est le cas d’une tête de Kouros, appartenant à la collection du consul LouisAuguste Dozon. La petite anecdote derrière cette sculpture en calcaire blanc nous
fait remonter 61 ans en arrière. En 1957, la fille du consul, Mademoiselle A. Dozon, a soumis une tête au musée du Louvre. Une lettre d’André Parrot, premier directeur du musée, narre un récit des plus surprenants. La tête présentée par Mlle Dozon serait la touche finale d’un corps exposé au Louvre: «Il me semble que la tête que vous possédez appartient bien au corps acéphale que nous exposons», écrit Parrot. Posséder un petit bout de Louvre, un luxe que l’on peut s’offrir en Principauté.