Monaco-Matin

L’adieu déchirant à Amandine,  ans, policière au grand coeur

Famille, amis, collègues de la police et de la protection civile ont fait corps, hier à Nice, autour de la jeune Niçoise emportée par la Seine. Des obsèques bouleversa­ntes en l’église Sainte-Réparate

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Amandine, tu es enfin revenue vers nous pour que l’on puisse te dire au revoir... » La voix étranglée par l’émotion, face à la foule qui se presse en la basilique Sainte-Réparate, Élisabeth finit de lire son hommage à sa fille. Une jeune femme « pleine de vie », « joyeuse », « curieuse », « appliquée dans tout ce qu’elle faisait ». Une policière au grand coeur, «tenace et persévéran­te », emportée brutalemen­t à l’âge de 27 ans, le 5 janvier dernier, par la Seine déchaînée. Le 29 avril, le corps d’Amandine Giraud a refait surface. Enfin. Lundi, la préfecture de police de Paris a rendu hommage à la prometteus­e recrue de la fluviale de Paris, élevée au rang de capitaine à titre posthume. Hier, place aux obsèques dans la ville natale de cette Niçoise, enfant du quartier Saint-Roch. Cérémonie bouleversa­nte, célébrée dans un contexte crispé.

« De graves erreurs »

« C’est terrible. Perdre un enfant, surtout dans ces conditions… Il n’y a rien de plus horrible», soupire Dominique Pouchard, 62 ans. Elle est amie de longue date avec “Babeth”, tout comme Joëlle Dolin, 70 ans, qui murmure : « Heureuseme­nt pour sa famille qu’on l’a retrouvée... » Derrière la détresse, les interrogat­ions. Voire la révolte. Dominique en est convaincue : « Il y a certaineme­nt eu des erreurs. J’espère que la maman va s’accrocher jusqu’au bout pour qu’on lui rende justice. » Aux portes de l’église, Lucile Rey, 66 ans, belle-mère d’Amandine, acquiesce : « Il y a eu tellement d’erreurs... De graves erreurs. C’est une honte. Et il y a eu énormément de mensonges. » Les récentes révélation­s du Canard enchaîné sur les manquement­s pointés du doigt par l’IGPN (inspection générale de la police nationale), sont passées par là. Les constituti­ons de partie civile d’Élisabeth, de son ex-mari Albert et de leur fille Marjolaine aussi. «Vouloir savoir, vouloir comprendre. » C’était le leïtmotiv d’Amandine, témoigne sa mère. C’est désormais celui de tout une famille, dans cette enquête pour homicide involontai­re. Le juge d’instructio­n devrait entendre les parents et la soeur d’Amandine ce mois-ci. Mais hier, l’heure est au recueillem­ent. À la communion. À ce symbole magnifique, généreux, qui raconte Amandine : la brigade fluviale groupée d’un côté de l’église, la Protection civile de l’autre. Deux corps réunis autour de la collègue, l’amie qu’ils emportent, les yeux rougis, dans son cercueil drapé de bleu-blanc-rouge.

« Aussi tristes que nous »

«Pourquoi? Pourquoi, Seigneur? On a le droit de ne pas comprendre. Il n’y a pas d’autre réponse que la compassion », résume le père Laurent Giallo dans son homélie. Le beau visage d’Amandine, dans un grand portrait, contemple affectueus­ement l’assistance. Au premier rang ont pris place élus - Christian Estrosi, Éric Ciotti, Charles-Ange Ginésy, Philippe Soussi... - et le sous-préfet Franck Vinesse, représenta­nt d’un État dont les services sont ici pointés du doigt. Pas de discours. Pas de polémiques. Juste l’émotion des proches, et ce Happy days final si réconforta­nt. Un dernier cortège conduira ensuite Amandine vers le crématoriu­m de la plaine du Var. Sur le parvis de l’église, Babeth, si forte, si digne, est prise d’un malaise passager, au milieu de cette foule compatissa­nte. Gaëlle, la cousine, et Gérard, le voisin d’enfance, s’étreignent dans un sanglot. «De la colère ? Non. De la tristesse, surtout. Elle connaissai­t les risques de son métier.» Et d’ajouter, les yeux tournés vers les policiers et secouriste­s: « Ils sont aussi tristes que nous ».

 ?? (Photo Clément Rodier) ?? Symbolique­ment, policiers de la brigade fluviale et secouriste­s de la Protection civile ont porté ensemble le cercueil drapé de bleu-blanc-rouge.
(Photo Clément Rodier) Symbolique­ment, policiers de la brigade fluviale et secouriste­s de la Protection civile ont porté ensemble le cercueil drapé de bleu-blanc-rouge.

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