Peyo, le cheval qui murmure à l’oreille des malades…
Antibes-Juan Deux jours durant les résidents de l’Ehpad Les Jardins de Saint-Paul ont reçu la visite et le réconfort d’un cheval extraordinaire. Par sa seule présence, il apaise les maux
On va vous raconter une histoire que vous aurez du mal à croire. Et pourtant. Aux Jardins de Saint-Paul, pendant 48 heures, les résidents de cet établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), sont tombés sous le charme de Peyo. Peyo? Un étalon de 14 ans. Accompagné par son propriétaire et dresseur, Hassen Bouchakour, le cheval est arrivé – comme tout le monde – par la grande porte de l’établissement. Puis, il a pris l’ascenseur avant de s’en aller rendre visite aux patients. Si, si, tout comme le ferait un visiteur lambda ! Un spectacle exceptionnel, mais qui n’a rien à voir avec un numéro de cirque. Bien au contraire. Peyo a un don. Celui de réconforter les patients qu’il visite. Voilà. Vous continuez à ne pas y croire. Et pourtant. Ce cheval possède ce don d’empathie qui fait, d’ailleurs, l’objet d’une étude scientifique. Et médiatique. Plusieurs reportages télévisés et notamment les caméras de la chaîne Equideo ont capté ces moments extraordinaires lors d’une émission intitulée «Peyo, cheval de coeur». Depuis, l’animal est devenu une vraie star.
« J’ai vu sourire des patients pour la première fois »
L’Ehpad Les Jardins de SaintPaul a donc pu profiter de la venue de ce « cheval-remède ». « Lorsque nous ne sommes pas en spectacle, nous visitons des personnes âgées, mais aussi des enfants malades, explique Hassen Bouchakour. J’étais un artiste accompli avec mon partenaire. Un homme de compétition, avant de me rendre compte que Peyo avait cette force, ce don. Et qu’il fallait absolument le faire partager » .Et le dresseur de conclure : «Cet animal a changé ma vie. » Margaux, jeune psychologue de l’établissement antibois, n’en revient toujours pas : « A l’Ehpad, nous travaillons beaucoup avec les animaux. Nous pensons que cela stimule les personnes dépendantes. Les animaux ont une capacité à s’adapter et à apaiser les gens en souffrance. Mais avec Peyo, vraiment cela va beaucoup plus loin. » La preuve : « J’ai des résidents que je suis depuis maintenant quelques mois. Pour la première fois, j’ai vu sourire l’un d’eux, une dame dépressive. »
Josette, ans : « Il a quelque chose de différent »
Pour les patients, Peyo, ce n’est que du bonheur. Comme le reconnaît Josette, 94 ans: «Quand je l’ai vu arriver dans ma chambre, j’avais l’impression de voir un cheval en bronze, sourit la dame. Il est debout, mais ne bouge pas. Il vous regarde et semble vous comprendre. Je lui ai dit : “Fais que je vois mieux.” Il m’a fait beaucoup de bien, m’a apporté du bien-être. J’ai eu moi-même, dans le passé, beaucoup d’animaux. Mais cet animal a quelque chose de différent des autres. » Après sa visite à Josette, Peyo et son maître ont repris l’ascenseur pour, à différents étages, aller à la rencontre de l’ensemble des résidents de l’établissement. L’homme et la bête ont été longuement applaudis par leur public des deux jours. Que du bonheur. Encore et surtout pour les résidents. Qui, à défaut de soigner leurs maux, ont pansé leur vague à l’âme et leur solitude. Hassen Bouchakour n’est pas un dresseur comme les autres. Spécialiste des spectacles de haute voltige, issu d’une des dernières familles de cavaliers fauconniers d’Algérie, il perpétue son art dans la région strasbourgeoise, où il est installé. C’est aussi un gymnaste de haut niveau et un contorsionniste. Il se produit en spectacle dans le monde entier. Mais,cette fois, c’était sur une scène plus intime et plus humaine avec Peyo, son étalon star : celle de l’Ehpad Les Jardins de Saint-Paul.
Comment avez-vous trouvé ce cheval si extraordinaire ? C’est un animal de dressage avec qui je parcours le monde pour des compétitions et des spectacles. Il est très nerveux et très rigoureux. Mais on s’est aperçu, il y a quatre ou cinq ans, qu’il avait une empathie pour les personnes très âgées et les enfants. Il allait vers eux en voulant les apaiser. J’en ai parlé à des psychologues, des chercheurs, des scientifiques qui se sont intéressés à ce cheval capable d’accompagner des gens en fin de vie, des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou des enfants malades. Aujourd’hui, je suis aidé pour mener ce genre d’expérience dans les Ehpad et dans les hôpitaux. Ce sont toujours des visites très encadrées.
Pourquoi l’avoir appelé Peyo ? En fait, ce cheval vient du Gard. En patois, cela signifie serpillière. C’est un cheval qui s’est beaucoup blessé. Quand c’était un poulain, d’autres chevaux l’ont maltraité. C’est de là que vient ce nom. Malgré ce qu’il a enduré, quelques années plus tard, il est quand même devenu champion de France de dressage. Il s’est produit dans le monde entier, et souvent dans des opéras à Strasbourg, Mulhouse, Berlin, Sydney. (Photos Frantz Bouton )