Sclérose en plaques, traiter avant les signes ? À la une
Le CHU de Nice coordonne un programme mondial destiné à évaluer l’efficacité d’un traitement très précoce. Permettra-t-il d’éviter la maladie?
Aucun symptôme, un examen clinique normal, mais des plaques dans le cerveau, spécifiques de la sclérose en plaques (SEP). Il y a plusieurs années déjà, le Pr Christine Lebrun-Frenay, responsable du Centre de ressources et de compétences SEP (CRCSEP) de Nice se voyait adresser par des confrères radiologues un, puis deux, puis plusieurs patients présentant ce tableau clinique plutôt surprenant. « Ces situations avaient été découvertes de façon totalement hasardeuse, à l’occasion d’examens IRM cérébraux réalisés chez des personnes victimes d’accidents de la route notamment. Pour la première fois, on mettait en évidence la présence de plaques chez des personnes ne présentant aucun symptôme de la maladie. » Que faire face à ce type de situation ? Rien ? Difficile à envisager, faute d’outils permettant de prévoir si la maladie resterait silencieuse ou pas. «D’un point de vue théorique, on admet qu’au-delà d’un certain seuil d’inflammation (que la présence des plaques confirme), les symptômes apparaissent. Aussi, a-ton émis l’hypothèse qu’en traitant ces personnes très tôt, on pourrait Examen IRM montrant la présence de plaques chez des patients ne présentant par ailleurs aucun symptôme de sclérose en plaques. En médaillon, le Pr Lebrun-Frenay. (DR)
réprimer la maladie en amont des signes cliniques et retarder considérablement voire empêcher sa survenue. » Une hypothèse qui a séduit au niveau international. Le Pr LebrunFrenay coordonne ainsi un programme clinique de très grande envergure, impliquant notamment les États-Unis « Des patients chez lesquels des plaques ont été mises en évidence par hasard nous sont envoyés.
Un certain nombre de critères nous permettent de sélectionner les patients qui peuvent être inclus dans l’essai, et bénéficier d’un traitement immunomodulateur. Le but est de réduire la réponse inflammatoire, en espérant que le seuil au-delà duquel les symptômes apparaissent ne sera jamais atteint. » Si au niveau mondial, les résultats sont attendus avec beaucoup d’impatience, il n’est pas, à ce jour, envisagé de développer des actions de dépistage, notamment auprès des familles dites à risque (présentant plusieurs cas). « Ce dépistage n’a pas d’intérêt: la SEP n’est pas une maladie génétique. Par ailleurs on a d’ores et déjà montré que dans les familles dites à risque, les apparentés « sains » ont 30 % de risque accru de présenter des plaques, mais sans maladie ! » Une énigme supplémentaire, mais qui devrait être résolue rapidement. Deux ans après les États-Unis, puis la France, c’est la Turquie qui vient de s’engager dans ce programme. Une mobilisation facile à comprendre : même si des progrès thérapeutiques majeurs ont été réalisés, la SEP reste la première cause de handicap non traumatique chez les jeunes adultes. 1. Elle vient d’être nommée directrice du consortium international de recherche sur le syndrome radiologique isolé .