Consolider l’effort de promotion
Vu de l’étranger avec toutes les valeurs attachées à la France, l’art de vivre, l’élégance, l’arrogance parfois aussi, Air France se positionne à l’international avec pour ambition de faire du groupe une référence dans le haut de gamme et les services. Sur quel levier faut-il appuyer pour décupler les forces de la Côte d’Azur ? Premières pistes avec Bruno Georgelin qui a pris les fonctions de directeur régional d’Air France-KLM Méditerranée Corse (Nice, Marseille, Toulon, Corse) en septembre après avoir été directeur général du groupe pour l’Espagne et le Portugal.
Vous qui avez un parcours international, quel regard portez-vous sur l’attractivité de la Côte d’Azur ? Elle a des arguments solides à l’international. Les Azuréens ont une culture de l’international : c’est dans leur histoire, des gens du monde entier y sont toujours venus. La Côte est bien connectée au reste du monde, avec un aéroport qui joue son rôle stratégique. Et il y a une homogénéité de la vision entre les différents acteurs. Les pouvoirs publics et les entrepreneurs ont à coeur d’accroître l’attractivité internationale de ce territoire. Il y a un goût certain et des initiatives prises.
L’appétence pour l’international est une force azuréenne ? Je ne l’ai pas toujours vue dans mes postes précédents. Ici, la mobilisation repose fortement sur la puissance publique. L’initiative privée vient après. À Barcelone, autre ville du bassin méditerranéen qui travaille aussi Bruno Georgelin : « Sur la Côte d’Azur, l’appétence pour l’international est entretenue et développée avec une cohérence de vision entre le public et le privé. C’est un atout. » (Photo C.L.)
fortement son volet international, c’est l’inverse. C’est le privé qui est à l’initiative. Les entrepreneurs ont créé Barcelona Global, une association à but non lucratif dont l’objectif est de cultiver tous les critères pour rendre Barcelone plus attractive. Chaque année, l’association organise une grande conférence où elle met en scène les initiatives prises. Les entrepreneurs ont à coeur de montrer comment Barcelone est une plateforme internationale dans les grands domaines de la vie, économique, social, culturel. L’impulsion est avant tout privée.
Est-ce un mieux ? Il y a du bon dans les deux systèmes. Le plus important est
qu’il y ait homogénéité dans les actions, que tout le monde travaille dans le même sens.
La sentez-vous ici ? J’ai été frappé par la cohérence des différents acteurs du territoire pour développer cette internationalisation sur tous les plans, le touristique comme l’économique au sens large. C’est vrai des mairies, de la Métropole de Nice Côte d’Azur, du Département, de la Région. Elles ont une homogénéité très forte des visions. Les instances représentatives des entreprises et du tourisme CCI, CRT, sont également très focussées sur le sujet. Pour la Chine par exemple, cette unanimité des pouvoirs publics pèse positivement dans la balance. Ça aide à convaincre nos interlocuteurs. Je trouve aussi qu’il y a convergence de vision entre le privé et le public. Et que
cette homogénéité se traduit dans les actions. La somme des deux, public et privé, fonctionne bien.
Comment développer cette internationalisation du territoire ? On peut continuer à améliorer sa connexion au monde. La prochaine étape de l’internationalisation pour le groupe Air France KLM depuis Nice sera d’établir un vol direct vers l’Asie et donc la Chine. En s’appuyant sur des partenaires, comme pour le vol direct vers New York, opéré avec Delta.
Vous soutenez par ailleurs que le vol direct n’est pas toujours la panacée. Pourquoi ? Parce qu’au niveau aéroportuaire, Nice ne sera pas un hub d’ici à une quinzaine d’années. Il restera un espace de concurrence entre ceux de la Lufthansa, de British Air France-KLM fait venir avec son allié Delta l’équivalent d’un tous les jours des États-Unis vers Nice, été comme hiver, en seulement deux connexions pour LaFayette Alabama. Après, il faut surtout consolider l’effort de promotion de notre destination. C’est une nécessité absolue.
L’attractivité naturelle ne saurait suffire ? C’est une évidence. Et il y a des évidences qu’il est bon de rappeler : pour le reste du monde, la Côte d’Azur est une région parmi d’autres en Europe. On a toujours besoin de travailler la destination pour rester à la pointe des marchés, des anciens comme des nouveaux. De montrer notre richesse touristique et de la montrer de manière ciblée. Le marché chinois ne s’adresse pas de la même manière que celui des États-Unis et c’est sûrement une chance car si on vend une destination mer et montagne aux Chinois qui ne sont culturellement pas friands de bains de soleil, cela peut ouvrir d’autres dates dans le cahier de réservation. D’un point de vue richesse économique, on a aussi besoin de mettre la lumière sur la proximité entre entreprises, recherche et université à Sophia qui est un argument différenciant majeur de la technopole. Tout compte.