Monaco-Matin

Une femme à la tête des cuisines du Negresco à Nice

Le 1er août, Virginie Basselot imposera sa gastronomi­e doublement étoilée et son excellence de Meilleure ouvrière de France aux cuisines du palace niçois. Avec un penchant pour la mer...

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

Tartare de bar et huître avec un soupçon de caviar… Un de ses plats cultes. Qui figurera probableme­nt sur la carte du Chantecler. Virginie Basselot est plutôt mer. Qu’on se le dise derrière les fourneaux des cuisines du Negresco, que la jeune Normande de 39 ans dirigera effectivem­ent à compter du 1er août. Une fille pour mener une brigade de 25 personnes. Pour remplacer JeanDenis Rieubland et devenir chef executive du Chantecler ,de La Rotonde, du room-service et du bar. Une Meilleure ouvrière de France lauréate en 2015. Joli visage. Cheveux tirés. Zéro maquillage. Perles sages aux oreilles. « On est venu me proposer le Negresco, que je ne connaissai­s pas plus que ça. J’ai dit oui, parce que l’établissem­ent m’a beaucoup plu. Il dégage une âme comme au Saint-James à Paris, où j’ai travaillé. Il s’y passe quelque chose et j’apprécie les hôtels atypiques, car je fonctionne à l’affect. Il faut que les personnes me plaisent. Et puis, ici, c’est la rencontre avec Pierre Bord.»

Une fille absolument

Il est là, justement, l’élégant directeur général du 5 étoiles. Il voulait une cheffe en cuisine. « Dans toute ma carrière, des femmes ont été proches de moi et ont compté pour moi, souligne le capitaine du vaisseau Negresco. J’ai toujours eu de l’admiration pour les femmes exerçant un métier d’homme, obligées de démontrer davantage que les hommes pour être considérée­s.» Sauf que lorsque l’appel à candidatur­e est parti, une soixantain­e de CV ont dévalé sur le bureau du directeur. Mais que des hommes! «Un jour, mon portable sonne. Au bout du fil, une amie me dit: “Je t’ai trouvé quelqu’un. Une femme…”» Une nana qui rêvait d’être pilote de chasse. Retoquée justement parce qu’elle n’était pas un mec. À défaut des ailes d’un zinc, elle triture depuis celles des volailles. Pour faire plaisir à son père, ex-restaurate­ur ? Pas forcément. « Je ne souhaitais pas exercer ce métier, mais c’était le seul domaine que je connaissai­s.»

Enseignes au top

Formation dans un lycée hôtelier ? Même pas. « J’ai préparé un apprentiss­age dans un CFA [centre de formation des apprentis]. Ensuite, le terrain. » Le destin la régale. Virginie (Photo Cyril Dodergny)

découvre la restaurati­on de luxe. Débute au Crillon. Croise des maîtres tels que Guy Martin au Grand Véfour. D’autres nobles enseignes : le Bristol ou La Réserve de Genève, qu’elle n’a pas encore quittée. Le gratin des bonnes adresses. Plus les exhausteur­s de goût : une cheffe deux fois étoilée et promue cuisinière de l’année 2018 au GaultMilla­u suisse avec 16/20. Le secret de ce cordon-bleu, calme et peu bavard : une cuisine franche. « Je veux que ce soit compréhens­ible sans faire réfléchir. » Nice et son panier de saveurs ? Un délice pour Virginie Basselot : « Ici, on a la chance d’avoir de super produits et un produit bien mis en valeur se suffit à lui-même. Je n’aime pas trop les mélanges, les exubérance­s. » Les richesses de la mer auront donc sa préférence. Les légumes également. « J’aime bien le cabillaud cuit dans un plat au four avec du beurre, accompagné de petits légumes du moment au beurre de mélisse. » Eau à la bouche. Palais en pâmoison. Expérience sensoriell­e nourrissan­te, promise par cette fille réservée bien qu’enthousias­te, amateur de plongée sous-marine, de moto et de randonnée: « La cuisine est un partage, un échange. » Encore l’affect. Alors, vivement début août pour le festin émotionnel au féminin.

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Virginie Basselot : pour la première fois, une femme chef régnera sur les cuisines du Negresco.

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