En Italie, le programme de gouvernement quasi prêt
Les populistes italiens assuraient hier être dans la dernière ligne droite avant la formation de ce qui devrait être le premier gouvernement antisystème dans un pays fondateur de l’Union européenne. Les chefs de file du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) et la Ligue (extrême droite), Luigi Di Maio et Matteo Salvini, se sont à nouveau réunis pour tenter de s’accorder sur les derniers arbitrages de leur programme commun, ainsi que sur le profil et le nom du futur chef du gouvernement. «Le contrat sera formellement conclu ce soir [lire : hier soir, Ndlr] », a assuré Luigi Di Maio. Une nouvelle réunion «technique» entre des représentants des deux partis devait encore se tenir dans l’aprèsmidi. Cette énième rencontre entre les deux leaders a permis « de dénouer les noeuds politiques du contrat» et d’ajouter «quelques passages sur la sécurité et l’immigration», a-t-il ajouté, en précisant que le nom du chef du gouvernement serait déterminé «dans les prochains jours». Deux mois et demi après les législatives du 4 mars, qui n’ont pas débouché sur une majorité claire, les deux partis ont
annoncé mercredi soir avoir rédigé un «contrat pour le gouvernement du changement» en 22 points et 40 pages, sur lequel il restait cependant des points de désaccord.
Soumis au vote des militants
Plusieurs ébauches de ce document ont fuité ces derniers jours dans la presse mais les responsables des deux formations protestataires ont systématiquement assuré que celles publiées étaient «dépassées». La version la plus ancienne, qui datait de lundi matin et évoquait une sortie de l’euro, a déclenché une vague d’inquiétude qui n’est pas retombée. L’éventualité d’un «Italexit» n’apparaît néanmoins plus noir sur blanc dans les dernières versions du programme de gouvernement publiées jeudi par les médias italiens. Exit, aussi, la demande d’effacer quelque 250 milliards d’euros de dette publique italienne détenus par la Banque centrale européenne. En revanche, une «flat tax», un impôt sur le revenu ramené à 15 et 20 %, un revenu de citoyenneté (promesse du M5S qui a contribué à son succès dans le sud du pays), et une réforme des retraites (assouplissant les conditions actuelles), sont toujours à l’ordre du jour. L’ensemble de ces mesures pourrait coûter plusieurs dizaines de milliards d’euros, sans que l’on sache encore avec précision comment leur financement pourra être assuré. MM. Di Maio et Salvini ont promis que le programme commun serait soumis au vote des militants des deux formations, sur Internet pour le M5S – dès aujourd’hui, selon certains médias – et sur des stands à travers le pays demain et dimanche pour la Ligue.