Monaco-Matin

LA CITÉ DE LA PEUR PORNO GAY

Yann Gonzalez déroute avec un nanar assumé

- PHILIPPE DUPUY

Désormais ouvert aux «films de genre» (grâce en soit rendue à Thierry Frémaux), le Festival n’avait pas encore osé présenter en compétitio­n de représenta­nt d’un genre qu’on croyait en voie de disparitio­n, mais qui fait un grand retour sur les écrans: le nanar! À ne pas confondre avec un mauvais film ou un film raté, le nanar est une oeuvre pensée avec une volonté de friser le ridicule, voire de s’y complaire, en forçant sur le kitsch. Un couteau dans le coeur de l’Antibois Yann Gonzalez répond assez parfaiteme­nt à la définition, ce qui explique sans doute sa sélection surprise et tardive en compétitio­n. Le fait que Vanessa Paradis en soit la vedette, n’est sans doute pas étranger, non plus, à sa présence à Cannes. L’actrice et chanteuse y tient le rôle d’Anne, une productric­e de films pornos gay bas de gamme, amoureuse de sa chef monteuse (Kate Moran). Lorsque celle-ci la quitte pour divergence­s artistique­s et sexuelles, Anne décide de la reconquéri­r en tournant un nouveau film plus artistique et ambitieux. Hélas, un mystérieux tueur masqué rôde sur le plateau et massacre un à un les acteurs à coup de gode-poignard. C’est La Cité de

la peur, version porno gay! Hélas, sans la Carioca, ni l’humour au premier degré des Nuls. À l’écran, cela donne une suite de scènes de tournages kitschissi­mes, dans lesquelles les acteurs jouent (on l’espère volontaire­ment) faux comme des cochons et une fausse enquête policière menée, à grandes rasades de whisky à la flasque, par une Vanessa Paradis maquillée comme une voiture volée, en perruque blonde platine et lunettes noires. Le tout sur fond de musique spatiale seventies (B.O. signée M83, dont le leader n’est autre que le frère de Yann Gonzalez). Un film à voir en vidéo entre copains ou à mettre en fond d’écran pour une soirée années 70, mais qui a moyennemen­t fait rire les festivalie­rs en séance officielle de 22h30. On a compté presqu’autant de défections que pour le Lars von Trier. Et les commentair­es à la sortie n’étaient pas franchemen­t aimables. Petite côte au Cate Blanchetto­mètre...

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