Monaco-Matin

OGC NICE Un divorce à l’amiable

Lucien Favre a décidé de quitter la Côte d’Azur à un an de la fin de son contrat. Mais les dirigeants niçois n’avaient aucune volonté de le retenir, contrairem­ent à l’été dernier

- WILLIAM HUMBERSET

Lucien Favre a fait ses adieux à l’OGC Nice samedi, quelques minutes après l’ultime défaite à Lyon (3-2). Touchant, le coach helvète a averti la presse après avoir fait le tour des bureaux du centre d’entraîneme­nt la veille. Fidèle à lui-même, il est resté prudent au sujet de sa destinatio­n, tant que rien n’est signé. « Je vais quitter l’OGC Nice et la France. Ça fait partie du foot, c’est un choix. » Un choix réciproque pourrait-on écrire. Car si les dirigeants niçois avaient poliment coupé court aux avances du Borussia Dortmund l’été dernier, ils n’ont pas franchemen­t retenu le technicien suisse cette fois. Avec l’idée qu’à un an de la fin du contrat qui liait les deux parties, la fin d’un cycle avait sonné. Un divorce à l’amiable, dans lequel le Gym pourrait récupérer une indemnité compensato­ire, et qui démontre que le coach ne faisait plus foncièreme­nt l’unanimité au club.

Plus à l’aise en tant que technicien que formateur

“Lulu” pouvait changer d’avis d’un jour à l’autre, ou d’un interlocut­eur à un autre, « une attitude lunaire » qui le poussait parfois dans un catastroph­isme exagéré selon certains de ses collaborat­eurs. Pour d’autres, son incapacité à faire front aux vents contraires, à l’inverse d’un Claude Puel imperméabl­e à l’adversité, pouvait dénigrer le travail de différente­s composante­s Lucien Favre devrait se rendre à Dortmund cette semaine.

du club aux yeux du grand public. Comme la cellule recrutemen­t ou la formation Le cas de Racine Coly est, entre autres, un épisode qui témoigne de crispation­s suscitées en interne. Lucien Favre avait favorisé le prêt à Nîmes d’Olivier Boscagli, jugé trop tendre, et réclamé dans l’urgence le recrutemen­t du latéral de Brescia après avoir été séduit sur vidéos. Au final, Coly n’aura même pas disputé dix matchs (9) pendant que le gamin du club réalisait une saison pleine avec le deuxième de Ligue 2 (29 m, 3 assists). L’absence perpétuell­e de l’entraîneur suisse au bord des terrains des équipes de jeunes ou de la réserve

cristallis­ait aussi les critiques au sujet de ses capacités réelles de formateur. A 60 ans, Lucien Favre semblait plus à l’aise pour distiller, avec un brio certain, des axes de progrès technico-tactiques à des joueurs confirmés plutôt qu’à des espoirs en devenir. Le manque de temps de jeu donné à la jeune garde et le faible turn-over opéré malgré la présence sur quatre tableaux (L1, Europe et coupes nationales) et la méforme chronique de quelques titulaires ont fait grincer des dents dans une deuxième saison plutôt moyenne.

Un homme charmant

Mais “Lulu” restera aussi le coach (Photo Jean-François Ottonello)

qui a ramené l’OGC Nice sur le podium de l’élite française. Une performanc­e à ne surtout pas occulter tant l’exercice 2016-2017 restera dans les mémoires. Pour la qualité de jeu fournie, les sublimes victoires contre Monaco (4-0) et Paris (3-1), le caractère d’une escouade emmenée par Baysse, Ricardo, Dalbert, Belhanda, Eysseric... C’est le mérite de Lucien Favre, un homme gentil, charmant avec tout le monde, et toujours bienveilla­nt avec ses joueurs, même lorsqu’ils partent sous d’autres cieux. D’ailleurs, le Vaudois n’a jamais caché combien il avait été difficile pour lui de composer sans autant d’éléments importants.

Il restera le coach qui a relancé Balotelli

« A Gladbach, j’avais perdu trois joueurs importants aussi, la colonne vertébrale de l’équipe, a rembobiné le coach suisse lors de sa dernière conférence de presse. On avait fini huitième la saison suivante. Sixième l’année d’après, et enfin on avait réussi à finir troisième au bout de trois ans. Mais je le conçois, quand vous perdez des joueurs, c’est difficile de trouver les remplaçant­s idéaux. » Lucien avait besoin de plus de temps. A Dortmund, où il devrait se rendre cette semaine pour s’y engager, il aura surtout plus de moyens pour le recrutemen­t. Le Borussia a d’ailleurs besoin d’un attaquant. Difficile de croire que ce sera Balotelli tant l’entraîneur a regretté le manque d’investisse­ment dans le travail de Super Mario. Favre restera pourtant le coach qui a permis à Super Mario de retrouver l’équipe d’Italie, même s’il a hésité à l’avouer. «Ille doit à Nice, qui l’a pris il y a deux ans. Il s’est refait une belle santé parce qu’il revenait de loin. Il le doit à ses coéquipier­s... Et au staff aussi bien sûr. » Et si c’était Plea son futur attaquant dans la Ruhr ? « Il est plus à l’aise en centre-avant qu’en position d’ailier. On ne sait jamais... » a répondu “Lulu” dans un large sourire. Qui vivra “Vieira” comme on dit depuis quelques jours à Nice.

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